Articles par balises :Etranger

Laurent Gbagbo fut-il un démocrate ? 2ème partie

Laurent Gbagbo n’a pas combattu pour ouvrir la Côte d’Ivoire au multipartisme afin d’instaurer, pour de bon, la démocratie en faisant des trois principes cardinaux de ce régime les maximes suprêmes du pouvoir d’Etat et les lois de la politique en Afrique. Affilié idéologiquement au socialisme révolutionnaire nationaliste de type léniniste-stalinien, sa conversion à l’élection démocratique fut de nature opportuniste et tactique autant que stratégique. A défaut de la voie révolutionnaire qui n’est plus dans l’air du temps, l’élection démocratique fut pour Laurent Gbagbo  un moyen d’accéder légalement  au pouvoir pour installer une dictature de classe. Les massacres de masses perpétrées par ses milices et ses escadrons de la mort contre les catégories sociales désignées comme ennemis, accomplirent l’œuvre d’élimination des ennemis de classe  qui est inhérent au projet révolutionnaire du socialisme de type léniniste stalinien. Ce fut en même temps un travail d’éradication  qui satisfaisait le projet de purification ethnique contenu dans le nationalisme ethnique,  second visage sombre du national-socialisme du FPI. Fidèle à sa conception du peuple comme peuple ethnique, le combat « démocratique » révolutionnaire de Laurent Gbagbo a nécessairement accouché d’une dictature communautaire  désireuse de libérer la Côte d’Ivoire en la purifiant des concitoyens désignés comme étrangers.

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Laurent Gbagbo fut-il un démocrate ? 1ère partie

Au terme de l’audience du 28 Février 2013, à la Haye, devant les juges de la Cour Pénale Internationale Laurent Gbagbo avait répété sa profession de foi de démocrate pour contester son inculpation : "Toute ma vie, j’ai lutté pour la démocratie." avait-il déclaré.

Faut-il croire Laurent Gbagbo? Laurent Gbagbo est-il le père de la démocratie ivoirienne comme il le soutient ? Est-il l’un des premiers démocrates africains dont l’incarcération à la CPI constitue à ce titre un scandale absolu comme se plaisent à le soutenir ses supporteurs qui en font même une icône du panafricanisme et de l’anticolonialisme.

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Le front républicain comme impératif politique en situation de crise.

L’exemple de la France et de la Côte d’Ivoire

Le succès du front républicain contre le Front National (FN), en France, aux élections régionales le  dimanche 13 Décembre dernier, nous interpelle en Côte d’Ivoire. Sous la forme du RHDP, le modèle du front républicain  fut, en effet, utilisé en Côte d'Ivoire en Décembre 2010 et récemment en octobre 2015. Comme en France, il a permis de sauvegarder la République et le vivre ensemble contre le nationalisme identitaire qui en menaçait les valeurs fondamentales. Réfléchir sur la spécificité de ce modèle politique s’avère donc indispensable pour continuer à préserver la République et la Démocratie en Côte d’Ivoire en affermissant leurs valeurs cardinales dans la conscience nationale.

Qu’est-ce en effet qu’un front républicain ?

Un front républicain est une union circonstancielle, ou une coalition durable, de partis politiques d’obédiences idéologiques différentes se revendiquant toutefois des valeurs de la République qui sont aussi celles de la Démocratie : Liberté, Egalité, Fraternité. Cette union, ou cette coalition, est construite occasionnellement pour battre électoralement un parti qui se définit contre ces valeurs et menace la République.

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La pauvreté de masse en Afrique Noire, effet d’un système endogène de domination politique.

Les causes endogènes de la pauvreté en Afrique Noire. N°3.

En quoi consiste le dispositif fonctionnel des sociétés lignagères précoloniales ? Selon nous la pauvreté de masse, résulterait  de la transposition de ce dispositif dans les nouveaux modèles économiques postcoloniaux. Cette transposition obéit à un objectif politique spécifique qui explique sa résilience. La pauvreté de masse permet de maintenir la société sous la tutelle du pouvoir politique en Afrique Noire. Elle garantit la reproduction de l’ordre établi.  

Démontrons notre hypothèse par des données historiques concrètes. L’historien Olivier Pétré Grenouilleau (cf « Les traites négrières ») montre, en effet, que le dispositif socio-économique fonctionnel des sociétés africaines du passé se caractérisait par une séparation radicale politiquement déterminée entre une sphère d’autoconsommation villageoise et une sphère du grand commerce. Ce cloisonnement quasi étanche garantissait la survie de l’ordre lignager dans le contexte d’une économie de marché. La libre circulation du numéraire, risquant de provoquer dans la société des enrichissements personnels non contrôlés, les élites lignagères s’attachaient à restreindre la diffusion de l’économie marchande dans le reste de la société. Une accumulation personnelle incontrôlée du capital financier était en effet susceptible d’ouvrir la porte à une appropriation privée des sols et de conférer à leur détenteur un pouvoir politique à même de déstabiliser l’ordre établi.

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La contestation de l’éligibilité du candidat Alassane Dramane Ouattara par une faction de l’échiquier politique ivoirien est illégale et illégitime. 1ère partie.

L’appel au boycott de l’élection présidentielle par une frange dissidente du FPI, pour cause d’inéligibilité du candidat Alassane Dramane Ouattara, est illégitime et antidémocratique. C’est de la pyromanie politique. Cette incitation à la destruction des acquis politiques et économiques de la Côte d’Ivoire se situe en effet dans la continuité de la  politique  de la terre brûlée engagée par des entrepreneurs politiques ivoiriens en lutte depuis une quinzaine d’années pour installer, contre la volonté des populations, un Etat communautaire en Côte d’Ivoire.

A un mois de l’élection présidentielle de 2015, le masque est donc tombé. L’argument du boycott de la présidentielle pour vice de procédures portant sur la composition de la CEI et la nomination du Président de la Cour constitutionnelle, qui n’était à la vérité que le camouflage d’un combat partisan douteux, a cédé la place à l’argument de l’inéligibilité d’un candidat dit d’origine étrangère, argument central du nationalisme communautaire anti-démocratique.

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La démocratie libérale à l’épreuve en Afrique Noire.3ème partie. Les enseignements du modèle japonais.

Les enseignements du modèle japonais.

 Dans les pays de tradition holiste,  où la dynamique de l’histoire a imposé la démocratie libérale en qualité de régime politique   à un moment donné, un certain volontarisme progressiste patriotique  des élites est nécessaire pour s’en approprier l’esprit. Ce choix pragmatique ne signifiant guère capitulation politique et acceptation passive d’une acculturation étrangère, cette indispensable appropriation de la dimension substantielle de la démocratie libérale permet de mettre les potentialités émancipatrices de ce régime au service des besoins spécifiques de la nation. Le volontarisme démocratique modernisateur de l’élite japonaise de l’ère Meiji et bien plus tard, de la période d’occupation américaine qui a vu la modernisation du Japon,  constitue un exemple historique de cette réappropriation culturelle féconde d’un apport étranger. Cette modernisation s’opéra par le haut et fut le fait des élites qui, tout en en préservant l’identité culturelle du peuple japonais, adoptèrent la démocratie libérale et les techniques occidentales et procédèrent à une refonte globale des structures du pays pour le mettre au niveau des impératifs des temps nouveaux.

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Les sources endogènes du paupérisme des populations en Afrique Noire. 1ère partie

Les « étrangers » boucs émissaires d’un système endogène de domination.

Dans la plupart des Etats d’Afrique Noire, l’une des anomalies qui sautent aux yeux de l’observateur étranger est le paupérisme du plus grand nombre et la concentration scandaleuse de la richesse financière et du pouvoir économique dans les mains de la classe politique et des familles dirigeantes. A l’ère du triomphe de l’économie libérale et de la démocratie censées se conjuguer pour promouvoir l’intégration socio-économique et politique sans discrimination de la population, la désintégration sociale et les inégalités s’accentuent paradoxalement en Afrique noire. Malgré les forts taux de croissance économiques constatés en plusieurs Etats, ces maux semblent s’approfondir sur fond de séparatisme et de désintégration des Etats postcoloniaux. On est frappé par la contradiction constituée par la coexistence du paupérisme du plus grand nombre avec une inventivité créatrice populaire qui semble donc étouffée ou à tout le moins gaspillée.

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Réflexion critique citoyenne sur les dangereux propos d’Abdoudramane Sangaré

Le lundi 16 mars 2015, Abdou Drahamane Sangaré, le bras droit de Laurent Gbagbo, a tenu les propos suivants au cours d’une réunion avec l’organisation des femmes du parti : « Je suis un Gbagbo ou rien ». Laurent Gbagbo « n’est pas un nom, c’est un comportement, un idéal, des valeurs ». Il avait récemment justifié son combat pour la présidence par intérim du FPI contre Affi N’guessan par cette phrase : « Reprenons le FPI authentique et originel. Un FPI qui n’est pas dans la compromission et le compromis de toute sorte ».

Les propos de ce personnage important du FPI, et donc de la coalition de l’opposition qui compte présenter une ou plusieurs candidatures à la présidentielle d’Octobre 2015, ne sont pas anodins. En cette période pré-électorale, où la coalition de l’opposition s’illustre par la vacance et le flou de son programme politique, il importe de décrypter les phrases énigmatiques prononcées par celui qui a été surnommé « le gardien du temple » du FPI. Il faut, en cette analyse des propos de Abdou Drahamane Sangaré, faire ressortir les prises de positions politiques personnelles et partisanes implicites qui se dissimulent derrières les emphases. Il faut dévoiler et déconstruire les représentations du politique qui cachent un programme de gouvernement inavoué parce que dangereux et mortifère.

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Goodluck Jonathan, l’anti- Laurent Gbagbo

La leçon décisive délivrée à l’Afrique Noire par l’élection nigériane est le fair- play démocratique exemplaire de Goodluck Jonathan qui a reconnu humblement sa défaite dans les urnes et en a assumé l’entière responsabilité sans recourir à des faux-fuyants, sans désigner des boucs émissaires et sans mettre le feu au Nigeria pour tenter de conserver le pouvoir. L’opposition ivoirienne qui semble ne retenir de l’élection présidentielle nigériane que l’efficacité stratégique de la coalition à candidature unique dévoile, en cette polarisation sur l’instrumentalité, son manque de vision politique et son incapacité à assurer la direction d’un pays! Dénonçant une prétendue « dictature » du RHDP elle brocardait en effet, il y a peu de temps, le principe même de la coalition politique à candidature unique en démocratie. Réduisant la démocratie multipartisane au pluralisme sauvage des candidatures partisanes et individuelles, elle semblait en effet réduire la finalité de la démocratie à la lutte pour la prise du pouvoir et sa conservation

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Quel modèle démocratique choisir pour unir à nouveau les ivoiriens ?

Après avoir été unis  sous le modèle de la République dans  l’Etat mobilisateur à parti unique, les Ivoiriens se sont divisés dans  la démocratie multipartisane et se sont affrontés dans une guerre civile où la revendication identitaire a pris le dessus  sur la citoyenneté. A l’approche de la Présidentielle, la violence des discours et la démission symbolique du président de la CDVR qui s’est déclaré candidat à la magistrature suprême sous thème de la défense identitaire tendent à prouver que la réconciliation des ivoiriens   est prise en otage parce que certains acteurs politiques récusent le modèle démocratique actuellement appliqué en Côte d’Ivoire.

Il faut donc explorer les divers modèles démocratiques pour identifier celui qui pourrait permettre de  réaliser  cet objectif ultime : Faire revivre ensemble les ivoiriens dans la fraternité et l’hospitalité comme le proclame l’Hymne National ; refaire coexister les ivoiriens dans le sentiment d’appartenance commune qui les a toujours unis. Il s’agit donc d’évaluer, dans cette enquête, le modèle démocratique correspondant le mieux à la réalité sociale de la Côte d’Ivoire, société multiethnique et pluriconfessionnelle cosmopolite.

Trois modèles historiques s’offrent à notre investigation, la démocratie du communautarisme ethnique, la démocratie populaire du communisme révolutionnaire, la démocratie électorale représentative du libéralisme.

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Le PDCI-RDA n’est pas un héritage familial (suite).Le populisme identitaire est antidémocratique et contre le développement économique et social.

Le populisme identitaire est antidémocratique et contre le développement économique et social.

Dans la conception patrimoniale du pouvoir défendue par Charles Konan Banny, il est aisé de remarquer que la souveraineté n’appartient pas aux citoyens unis dans les valeurs de la République. Propriétaires du Pouvoir, les héritiers, représentants lignagers des coutumes particulières d’une communauté ethnique, prennent la place du  peuple souverain. Dans cette acception, la cité est une société hiérarchisée et inégalitaire  dominée par les élites lignagères, membres des grandes familles, et de ce fait héritières du Pouvoir politique et économique. La cité ne peut pas donc pas être structurée par les valeurs républicaines d’Egalité, de Liberté et de Fraternité; valeurs couramment jugées comme coloniales et étrangères. Le pouvoir d’Etat est, d’après cette représentation, une propriété familiale, un héritage réservé à un héritier. Les partis politiques ne sont pas des institutions ayant pour fonction  de médiatiser politiquement les intérêts et les demandes politiques du peuple des citoyens égaux. L’institution partisane est une machine électorale dévolue aux héritiers d’une grande famille ou aux élites lignagères d’une communauté ethnique particulière. Sa fonction est de transformer les populations des différentes communautés en clientèles enrôlées pour acclamer l’héritier et lui attribuer le Pouvoir par acclamation. Le vote est de nature ethnique confessionnelle ou régionaliste. L’acclamation de l’héritier d’une collectivité ethnique se substitue donc à l’élection démocratique. Or, celle-ci est un processus impartial de sélection du citoyen le plus compétent mandaté, en tant que tel, par un peuple de citoyens pour servir le bien commun d’une société d’égaux. Dans la conception patrimoniale du Pouvoir et de l’Etat qui se lit dans le discours de Charles Konan Banny, le Président de la république incarne un groupe ethnique dans un Etat communautaire excluant  l’altérité.  

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L’appel de Daoukro ou la République contre l’Etat communautaire

Dans la continuité du front républicain, qui  avait permis de remporter la victoire électorale contre l’ethno-nationalisme lors de la Présidentielle de 2010, l’objet ultime de l’appel de Daoukro était de préserver la coalition républicaine et de l’inscrire dans la durée sous la forme d’une alternance de candidatures aux Présidentielles entre les deux parties prenantes du RHDP.

La coalition se voulait une alliance partisane républicaine contre la dérive de la Côte d’Ivoire vers un Etat communautaire antirépublicain et antidémocratique.  Elle est maintenant vécue par ses opposants comme une entrave au pluralisme démocratique. Ils accusent le RDR de vouloir absorber le PDCI, de l’instrumentaliser pour conserver le pouvoir. La coalition est alors perçue comme l’instrument de la mainmise d’une communauté ethnique et d’une région sur le Pouvoir d’Etat. Elle est aussi considérée comme un dispositif qui permet à des personnes et des factions de monopoliser le pouvoir au détriment de l’autonomie et de l’indépendance des partis.

Ainsi, l’esprit du RHDP qui était de sauvegarder la République, de la protéger contre le danger de dérive communautaire et ethno-nationaliste, est calomnié.

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