La contestation de l’éligibilité du candidat Alassane Dramane Ouattara par une faction de l’échiquier politique ivoirien est illégale et illégitime. 1ère partie.

L’appel au boycott de l’élection présidentielle par une frange dissidente du FPI, pour cause d’inéligibilité du candidat Alassane Dramane Ouattara, est illégitime et antidémocratique. C’est de la pyromanie politique. Cette incitation à la destruction des acquis politiques et économiques de la Côte d’Ivoire se situe en effet dans la continuité de la  politique  de la terre brûlée engagée par des entrepreneurs politiques ivoiriens en lutte depuis une quinzaine d’années pour installer, contre la volonté des populations, un Etat communautaire en Côte d’Ivoire.

A un mois de l’élection présidentielle de 2015, le masque est donc tombé. L’argument du boycott de la présidentielle pour vice de procédures portant sur la composition de la CEI et la nomination du Président de la Cour constitutionnelle, qui n’était à la vérité que le camouflage d’un combat partisan douteux, a cédé la place à l’argument de l’inéligibilité d’un candidat dit d’origine étrangère, argument central du nationalisme communautaire anti-démocratique.

La tenue de la présidentielle ivoirienne d’Octobre 2015 n’est pas contestée parce qu’il y aurait eu, aux  yeux d’un groupe partisan républicain, une entorse aux règles procédurales de la démocratie qui commandent la constitution de la CEI et de la cour constitutionnelle. Elle est contestée par une faction partisane antirépublicaine qui a décidé d’imposer à la société ivoirienne  sa représentation idéologique du corps social. Après avoir refusé de se plier à la déclaration de la volonté générale du peuple ivoirien à l’issue de l’élection présidentielle de Décembre 2010, elle veut donc à nouveau, dans une implacable logique, empêcher la déclaration de la volonté générale de ce peuple à  l’élection présidentielle de 2015.  

La contestation purement factionnelle de l’éligibilité du candidat Alassane Dramane Ouattara, un ivoirien originaire du nord de la Côte d’Ivoire, mais né à Dimbokro dans le centre du pays, attaque le principe démocratique de citoyenneté et vise à détruire la République pour y substituer un Etat communautaire. Elle veut reconstruire la Côte d’Ivoire pluriethnique et multiconfessionnelle sur le modèle politique de l’homogénéité ethnique et confessionnelle. Ce modèle appelle à exclure les communautés considérées comme  « étrangères » et à installer à la tête de l’Etat communautaire ainsi constitué un pouvoir politique et un chef incarnant une communauté particulière.

Cette représentation idéologique du corps social devait être, dans cette logique communautariste antirépublicaine, légitimée par un code juridique réécrit sur la base des valeurs coutumières et selon le principe de la nationalité ethnique. Pour s’octroyer une base juridique, ce projet factionnel motivé par des intérêts personnels requérait une manipulation arbitraire de la Loi fondamentale. Or cette manipulation arbitraire de la Loi fondamentale qui visait à détruire la République pour y substituer un Etat communautaire était, d’un point de vue juridique et politique, illégale autant qu’illégitime.

Ce n’est donc pas la candidature du Président Alassane Dramane Ouattara  à l’élection présidentielle d’Octobre 2015 dans la République et dans l’Etat démocratique libéral de Côte d’Ivoire rétablis en Décembre 2010 qui est illégale. Est au contraire illégale, la contestation de son éligibilité sur la base d’une Loi Fondamentale arbitrairement manipulée dans les années 1998-2000 qui aurait donc dû être abrogée et rétablie dans sa forme républicaine précédente.

La valeur juridique de l’argument constitutionnel, invoqué par les tenants du nationalisme communautaire pour récuser l’éligibilité du candidat Alassane Dramane Ouattara, doit être, en effet, appréciée  à l’aune de la légalité de l’acte politique qui procéda arbitrairement, sans référendum, à la transformation de la loi fondamentale de la République de Côte d’Ivoire qui vit le jour en Août 1960. Ce légalisme douteux s’est auto légitimé à partir d’un habitus politique, hérité des dictatures et des autocraties post-coloniales, lequel consiste à subordonner la société au pouvoir politique, à en faire une simple courroie de transmission de l’arbitraire des dirigeants politiques. (A suivre)

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