Articles par balises :Hiérarchie

« Exhibition d’infrastructures » « on ne mange pas les ponts et les routes» : des éléments de langage du national-populisme en Côte d’Ivoire.

La campagne électorale de la présidentielle ivoirienne 2020, ouverte avant terme, est caractérisée par l’absence de débat programmatique. Il importe alors d’interroger les éléments de langage utilisés et les actes posés par les divers candidats, déclarés ou potentiels, afin de débusquer le projet sociétal qu’ils véhiculent. Les éléments de langage utilisés par les divers candidats sont en cela une mine d’or et devraient être passés au crible de la critique.

Quel programme politique et quel projet sociétal véhiculent les propos lourds de sens que proférèrent des acteurs politiques ivoiriens, considérant que les Travaux d’Établissements publics, mis en œuvre par le gouvernement, seraient une exhibition d’infrastructures et que les routes et les ponts seraient inutiles parce que l’on ne s’en nourrirait pas ?

Quel modèle politique remettent-ils en cause et quel modèle politique alternatif proposent-ils ?

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Côte d’Ivoire : La paix sociale, concorde ordonnée entre les parties de la cité.

Comment définir la paix des hommes? Qu’est-ce que la paix sociale ? « La paix des hommes, c’est la concorde ordonnée » dit St-Augustin dans le Livre XIX de son ouvrage  « La Cité de Dieu ». Il souligne que « la paix sociale, c’est entre les citoyens, la concorde et l’ordre de l’autorité et de la soumission ». Dans ce propos augustinien, la soumission ne signifie guère sujétion servile d’une personne à la force contraignante d’un tiers. L’autorité, comme le montrera Hannah Arendt, est un attribut personnel ou institutionnel immatériel qui renvoie à des valeurs et à des principes spirituels inconditionnellement reconnus autant par ceux qui commandent que par ceux dont la soumission est requise.

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Le détournement de la fonction des partis politiques en Afrique.

D’Est en Ouest, du Nord au Sud, dans les nouvelles démocraties africaines comme en témoignent les épisodes électoraux récents et à venir, les majorités électorales au pouvoir, à quelques exceptions près, cèdent à la tentation de confisquer le pouvoir. Aux dernières nouvelles Uhuru Kényatta au Kenya, tel Yayha Jammey récemment en Gambie, semble faire volte-face après avoir consenti, dans un premier temps, à la décision des juges de la Cour suprême kényane invalidant sa réélection pour cause d’irrégularité et d’illégalité. L’alternance démocratique du pouvoir n’est donc pas acceptée en son principe et quand elle se réalise, de gré ou de force, elle ne transforme pas qualitativement la gouvernance. Dans l’exercice du pouvoir, les oppositions reproduisent invariablement les défauts qu’ils reprochaient au gouvernement précédent. Un consensus semble lier les partis au pouvoir et les partis d’opposition dans la volonté commune de subordonner le pouvoir social au pouvoir politique. Opposants et gouvernants africains se retrouvent unis, à des degrés divers, dans la prévarication, le communautarisme, l’instrumentalisation politique de l’ethnicité, le régionalisme, la prédominance des intérêts particuliers sur l’intérêt général, l’indifférence au bien commun, « le mépris ou l’oubli des droits de l’homme », « seules sources du malheur des peuples », comme le souligne le manifeste de 1789

Comment expliquer cette tendance dure qui semble relever de la résilience d’un système de résistance à la démocratisation  et comment s’en libérer? Il faut, pour y parvenir, déceler la cause ultime de cette pathologie politique et en expliquer le mécanisme pour pouvoir s’en libérer.

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Comment rétablir l’autorité du pouvoir politique en Côte d’Ivoire ? (2ème Partie)

L’autorité comme solution au problème politique ivoirien.

Un pouvoir autoritaire est dénué d’autorité car il gouverne par la force et la contrainte matérielle, par la suggestion et la manipulation mentales. Ces médiations matérielles soumettent les individus et les peuples aux anti-valeurs du pouvoir et servent à instituer sa domination tutélaire. L’autorité est, au contraire, une qualité personnelle ou institutionnelle attribuée par le pouvoir immatériel des  valeurs qui en appellent à l’obéissance en tant que libre consentement volontaire des personnes. L'obéissance des subordonnés à l'égard des supérieurs hiérarchiques n'est pas un dévouement à leurs personnes et au pouvoir qu'ils exercent. Ce serait alors de la soumission servile. L'obéissance des subordonnés est due aux valeurs qu’incarnent les supérieurs hiérarchiques, incarnation dont provient l'autorité de ces derniers. C'est le dévouement à un symbole.

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Comment rétablir l’autorité du pouvoir politique en Côte d’Ivoire ? 1ère Partie.

Le chef de l’Etat ivoirien a été profondément choqué, non pas parce que son pouvoir personnel aurait été ébranlé mais parce que l’autorité du peuple ivoirien, dont il incarne la souveraineté, a été attaquée, au sein de l'armée nationale, au nom d’intérêts particuliers factionnels qui ont piétiné l’Intérêt général et méprisé le Bien commun. Rétablir l’autorité du pouvoir politique en Côte d’Ivoire consiste-t-il alors à augmenter sa puissance de feu militaire et à instituer son arbitraire ou au contraire, à rétablir sa prééminence morale et juridique? Est-ce accroître sa force matérielle avec un arsenal militaire et sécuritaire invincible, ou est-ce augmenter son pouvoir politique avec l’arsenal des valeurs démocratiques et républicaines qui structurent la souveraineté du peuple au nom duquel il exerce le pouvoir ? Rétablir l’autorité du pouvoir politique ivoirien, n’est-ce pas reconstruire l’unité éthique et juridique de ce peuple dont dépend le pouvoir du gouvernement ? N’est-ce pas aussi restaurer l’aptitude du pouvoir politique ivoirien à porter et à incarner les valeurs démocratiques et républicaines qui fondent sa légitimité ? N’est-ce pas rétablir l’exemplarité politique qui augmenterait moralement l’efficience technocratique et gestionnaire du gouvernement? Restaurer l’autorité de l’Etat, n’est-ce pas instituer l’exemplarité du pouvoir politique et du peuple?

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La pauvreté de masse en Afrique Noire, effet d’un système endogène de domination politique.

Les causes endogènes de la pauvreté en Afrique Noire. N°3.

En quoi consiste le dispositif fonctionnel des sociétés lignagères précoloniales ? Selon nous la pauvreté de masse, résulterait  de la transposition de ce dispositif dans les nouveaux modèles économiques postcoloniaux. Cette transposition obéit à un objectif politique spécifique qui explique sa résilience. La pauvreté de masse permet de maintenir la société sous la tutelle du pouvoir politique en Afrique Noire. Elle garantit la reproduction de l’ordre établi.  

Démontrons notre hypothèse par des données historiques concrètes. L’historien Olivier Pétré Grenouilleau (cf « Les traites négrières ») montre, en effet, que le dispositif socio-économique fonctionnel des sociétés africaines du passé se caractérisait par une séparation radicale politiquement déterminée entre une sphère d’autoconsommation villageoise et une sphère du grand commerce. Ce cloisonnement quasi étanche garantissait la survie de l’ordre lignager dans le contexte d’une économie de marché. La libre circulation du numéraire, risquant de provoquer dans la société des enrichissements personnels non contrôlés, les élites lignagères s’attachaient à restreindre la diffusion de l’économie marchande dans le reste de la société. Une accumulation personnelle incontrôlée du capital financier était en effet susceptible d’ouvrir la porte à une appropriation privée des sols et de conférer à leur détenteur un pouvoir politique à même de déstabiliser l’ordre établi.

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Le but final de l’élection présidentielle en démocratie. L’exemple de la Côte d’Ivoire.

Quelle est la fonction de l’élection et spécifiquement de l’élection présidentielle en démocratie électorale-représentative. Quel en est le but final ?  L’élection démocratique est-elle un choix pragmatique de programmes indifféremment de la personne qui les porte?  Est-elle, au contraire, au-delà de ce choix, un concours de sélection populaire d’un individu-général  capable d’incarner en sa personne l’intérêt général et de servir le Bien Public ?

En Afrique, en Côte d’ivoire en particulier, l’importance de ce moment capital de la vie politique qui restitue le pouvoir au peuple dans une démocratie électorale-représentative, n’a pas échappée  aux populations qui en ont pris pleinement la mesure comme en témoigne le taux de participation de 54,63% malgré l’appel au boycott lancé par la coalition CNC dirigée par la frange extrémiste du FPI .

L’Etat colonial avait désapproprié les peuples africains de leur droit de choisir leurs dirigeants. Les dictatures et les autocraties qui s’installèrent en Afrique après l’Indépendances des Etats,  prorogèrent cette désappropriation. Les parodies électorales  servirent à dissimuler la domination des peuples par des oligarchies locales et endogènes. Dans les nouvelles démocraties électorales-représentatives, le moment électoral permet aux peuples de se réapproprier ce droit vital des dirigés à choisir librement leurs dirigeants dans une communauté politique. Il importe alors de déterminer la fonction spécifique de ce moment capital de la temporalité démocratique  pour en mobiliser de manière optimale les vertus.

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Le Président Alassane Dramane Ouattara sert-il l’intérêt général en Côte d’Ivoire ? ( 2 ième partie)

En Côte d’Ivoire, l’économie libre de marché est un modèle politique alternatif.

En Côte d’Ivoire, la politique gouvernementale actuelle  de reconstruction des infrastructures est régie par la logique de l’intégration nationale de la diversité sociale par l’économie libre de marché. Il y a ici un choix politique situé dans l’orthodoxie d’une tradition économique et politique, celle du libéralisme économique, fondé sur l’idée que l’économie libre de marché permet de réaliser l’émancipation des individus et des collectivités et de libérer les peuples de toutes les formes de domination politique. Toute la problématique politique en un pays d’Afrique Noire, qui opère le choix du libéralisme, est alors de conformer la praxis gouvernementale aux valeurs et à l’utopie du modèle libéral, d’y rapporter intelligemment les particularismes culturels locaux sans dévoyer ces valeurs et cette utopie afin d’en déployer pleinement la productivité dans un contexte socio-historique donné.

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Pour une critique constructive de l’opposition ivoirienne à l’aube de la Présidentielle 2015.

L’une des exigences cardinales de la démocratie électorale représentative est que le Pouvoir soit limité par des contre-pouvoirs. Le gouvernement doit être critiqué et contrôlé par l’opposition partisane, par les  organisations de la société civile et par les simples citoyens. Le principe démocratique de  la limitation du pouvoir  est dépourvu de contenu lorsque fait défaut cette critique et ce contrôle institutionnel et individuel du Pouvoir. Le danger est alors grand de voir s’instituer un pouvoir sans limite. La démocratie est alors menacée par un risque  de dérive autocratique et dictatoriale du gouvernement. Tous les gouvernements démocratiques responsables en appellent  donc à une opposition.

Ce principe de la limitation du pouvoir par le contrôle institutionnel, par la critique partisane et citoyenne du gouvernement est-il respecté en Côte d’Ivoire ?

La réalité du terrain permet de répondre affirmativement à cette question. En Côte d’Ivoire, le gouvernement est régulièrement critiqué. Opérée et relayée par les médias, les ONG, les contributions citoyennes, cette critique relève quotidiennement les échecs et inaccomplissements du gouvernement malgré ses réussites économiques remarquables. Elle dénonce une « justice partiale » selon certains, la cherté de la vie, et les failles de la redistribution des résultats de la croissance. Ce contrôle démocratique citoyen a tempéré le gouvernement relativement aux fléaux qui minent les Etats africains, tels la violation des droits de l’homme, le patrimonialisme, le népotisme, la corruption, le monopole ethnique de la haute administration et de la haute hiérarchie militaire et sécuritaire.

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Le PDCI-RDA n’est pas un héritage familial (suite).Le populisme identitaire est antidémocratique et contre le développement économique et social.

Le populisme identitaire est antidémocratique et contre le développement économique et social.

Dans la conception patrimoniale du pouvoir défendue par Charles Konan Banny, il est aisé de remarquer que la souveraineté n’appartient pas aux citoyens unis dans les valeurs de la République. Propriétaires du Pouvoir, les héritiers, représentants lignagers des coutumes particulières d’une communauté ethnique, prennent la place du  peuple souverain. Dans cette acception, la cité est une société hiérarchisée et inégalitaire  dominée par les élites lignagères, membres des grandes familles, et de ce fait héritières du Pouvoir politique et économique. La cité ne peut pas donc pas être structurée par les valeurs républicaines d’Egalité, de Liberté et de Fraternité; valeurs couramment jugées comme coloniales et étrangères. Le pouvoir d’Etat est, d’après cette représentation, une propriété familiale, un héritage réservé à un héritier. Les partis politiques ne sont pas des institutions ayant pour fonction  de médiatiser politiquement les intérêts et les demandes politiques du peuple des citoyens égaux. L’institution partisane est une machine électorale dévolue aux héritiers d’une grande famille ou aux élites lignagères d’une communauté ethnique particulière. Sa fonction est de transformer les populations des différentes communautés en clientèles enrôlées pour acclamer l’héritier et lui attribuer le Pouvoir par acclamation. Le vote est de nature ethnique confessionnelle ou régionaliste. L’acclamation de l’héritier d’une collectivité ethnique se substitue donc à l’élection démocratique. Or, celle-ci est un processus impartial de sélection du citoyen le plus compétent mandaté, en tant que tel, par un peuple de citoyens pour servir le bien commun d’une société d’égaux. Dans la conception patrimoniale du Pouvoir et de l’Etat qui se lit dans le discours de Charles Konan Banny, le Président de la république incarne un groupe ethnique dans un Etat communautaire excluant  l’altérité.  

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