Articles par balises :Etatisme

Bernard Dadié : de la lutte anticolonialiste à la dérive ethno-nationaliste.

Bernard Dadié, après avoir été ministre sous Houphouët-Boigny est ensuite devenu la caution morale du FPI ethno-nationaliste de Laurent Gbagbo. Il fut le chef de fil  des pétitionnaires militant pour la libération de Laurent Gbagbo. Son soutien fut constant durant les dix années calamiteuses du régime Gbagbo en matière de déprédations économiques et de violation des droits élémentaires de l’homme ( cf « La trahison de Bernard Dadié. », cedea.net, 17 juin 2016, « Pétition pour la libération de Laurent Gbagbo. Pour quelle Afrique a combattu Bernard Dadié ?», 18 juin 2016).

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Le RHDP Parti-unifié face à l’imposture démocratique en Côte d’Ivoire.

Selon l’opposition ivoirienne, la Côte d’Ivoire se serait transformée en un enfer sous le gouvernement RHDP depuis 2011. Le pays vivrait sous la férule d’une dictature néo-colonialiste qui l’aurait livré à la mondialisation et au néo-libéralisme. Identifiant la situation actuelle de la Côte d’Ivoire à celle d’un pays envahi par des forces étrangères, certains acteurs politiques dans l’opposition, et même au gouvernement, mobilisent la solution nationaliste. Ils ont réactivé, à cette fin, les thématiques de la lutte de libération nationale contre une invasion étrangère. Etouffé, selon eux, par une domination étrangère devenue intolérable, le pays serait en ébullition et au bord  de la révolte populaire.

La diffusion d’une image aussi calamiteuse du pays semble relever d’une tentative systématique de désinformation et d'intoxication psychologique des opinions publiques, un viol des masses par une propagande politique poursuivant un objectif déterminé dans la guerre de succession.

Cette manière de voir la Côte d’Ivoire recouvre-t-elle quelque vérité? Pour en évaluer l’objectivité, il faut s’en référer à la vision du monde et aux idéologies implicites  des acteurs politiques qui la défendent.

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Réponse à Monsieur Frédéric Saint Clair : le « Trump bashing » est justifié.

thumb_1895Monsieur Frédéric Saint Clair

Dans votre plaidoyer pro-Trump, vous disculpez l’intéressé de toute intention de violer les fondamentaux de la politique démocratique instituée en Occident depuis une tradition qui remonte à Montesquieu. Vous montrez que Donald Trump est « un libéral, brutal et parfois grossier, mais un libéral », qui n’aspire nullement à installer une dictature aux États-Unis parce qu’il révoque, en tant que libéral, l’autorité politique et la puissance étatique. Vous montrez par la suite que son protectionnisme est une opportunité pour les Européens et notamment pour les Français qui devraient, selon vous, voter Donald Trump. Comme vous le dites, « Trump, par sa politique (national-protectionniste, c’est nous qui soulignons) laisse un vide, une opportunité aux nations européennes de rattraper leur retard, c'est-à-dire de recentrer leur positionnement sur l'échiquier international » afin d’influencer le droit des organisations internationales.

Ainsi la politique de Trump serait avantageuse pour les intérêts géostratégiques, politiques et économiques des Européens. En relativisant la brutalité du discours identitaire de Trump, en mettant l’accent sur les opportunités stratégiques qu’ouvre son national-protectionnisme, relativement aux intérêts des nations et des Etats européens, vous avez sûrement raison. Mais avez-vous raison quand vous relativisez la gravité de ses déclarations identitaires, relativement aux intérêts de la démocratie qui est devenue un modèle politique normatif dans le monde?

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Qu’est-ce qu’une opposition démocratique ?

Opposition DémocratiqueEn démocratie, la légitimité de l’opposition politique est l’arc-boutant de la légitimité du gouvernement. Les deux légitimités se confirment réciproquement. Représentant la minorité électorale, le rôle politique de l’opposition est de jouer sa partition dans la construction du bien commun, de limiter le pouvoir par une critique constructive, de présenter un projet de société républicain alternatif opposable à celui du gouvernement.

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Laurent Gbagbo fut-il un démocrate ? 2ème partie

Laurent Gbagbo n’a pas combattu pour ouvrir la Côte d’Ivoire au multipartisme afin d’instaurer, pour de bon, la démocratie en faisant des trois principes cardinaux de ce régime les maximes suprêmes du pouvoir d’Etat et les lois de la politique en Afrique. Affilié idéologiquement au socialisme révolutionnaire nationaliste de type léniniste-stalinien, sa conversion à l’élection démocratique fut de nature opportuniste et tactique autant que stratégique. A défaut de la voie révolutionnaire qui n’est plus dans l’air du temps, l’élection démocratique fut pour Laurent Gbagbo  un moyen d’accéder légalement  au pouvoir pour installer une dictature de classe. Les massacres de masses perpétrées par ses milices et ses escadrons de la mort contre les catégories sociales désignées comme ennemis, accomplirent l’œuvre d’élimination des ennemis de classe  qui est inhérent au projet révolutionnaire du socialisme de type léniniste stalinien. Ce fut en même temps un travail d’éradication  qui satisfaisait le projet de purification ethnique contenu dans le nationalisme ethnique,  second visage sombre du national-socialisme du FPI. Fidèle à sa conception du peuple comme peuple ethnique, le combat « démocratique » révolutionnaire de Laurent Gbagbo a nécessairement accouché d’une dictature communautaire  désireuse de libérer la Côte d’Ivoire en la purifiant des concitoyens désignés comme étrangers.

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En quel sens la démocratie est-elle le pouvoir du peuple?

La démocratie est en  Afrique, malgré des avancées remarquables, globalement menacée par sa dérive autocratique et partitocratique. Couvertes par le manteau de la légalité, diverses formes  d’accaparement du pouvoir tendent de plus en plus à vider la démocratie de sa substance. Ici, un autocrate  organise un référendum pour couvrir une prorogation indue de son mandat après avoir  manipulé la constitution pour donner une forme légale à  son action d’accaparement du pouvoir. Là, une caste de politiciens détenant de fait  le monopole du système politique se  dispute  le pouvoir et se le transmet dynastiquement  sous la couverture de la libre compétition démocratique. Ailleurs, des partis dominants se partagent alternativement le pouvoir  dans un schéma partitocratique. Arguant de leur statut de mandataires du peuple, bon nombre d’élus africains se font les dépositaires de son pouvoir. Concevant  ethniquement ou confessionnellement le peuple démocratique, estimant de ce fait incarner politiquement ce peuple et en être les représentants,  ils s’approprient sa souveraineté. Cette logique d’accaparement transforme la compétition démocratique en  lutte personnifiée pour la main-mise sur le pouvoir. Elle réduit l’exercice du pouvoir démocratique aux stratégies d’appareil qui assurent son appropriation partisane ou personnelle. 

Le fléau des accaparements légaux du pouvoir pose  donc, dans la démocratie africaine, la question de la légitimité des appropriations politiques du pouvoir. Ces appropriations sont-elles conformes à l’esprit de la démocratie ? Si le pouvoir est en démocratie la propriété du peuple, l’est-il pour autant  de ses mandataires et de ses représentants ? La définition de la démocratie comme pouvoir du peuple n’interdit-elle pas au contraire toutes les formes d’appropriations personnelles et factionnelles du pouvoir ?

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La pauvreté de masse en Afrique Noire, effet d’un système endogène de domination politique.

Les causes endogènes de la pauvreté en Afrique Noire. N°3.

En quoi consiste le dispositif fonctionnel des sociétés lignagères précoloniales ? Selon nous la pauvreté de masse, résulterait  de la transposition de ce dispositif dans les nouveaux modèles économiques postcoloniaux. Cette transposition obéit à un objectif politique spécifique qui explique sa résilience. La pauvreté de masse permet de maintenir la société sous la tutelle du pouvoir politique en Afrique Noire. Elle garantit la reproduction de l’ordre établi.  

Démontrons notre hypothèse par des données historiques concrètes. L’historien Olivier Pétré Grenouilleau (cf « Les traites négrières ») montre, en effet, que le dispositif socio-économique fonctionnel des sociétés africaines du passé se caractérisait par une séparation radicale politiquement déterminée entre une sphère d’autoconsommation villageoise et une sphère du grand commerce. Ce cloisonnement quasi étanche garantissait la survie de l’ordre lignager dans le contexte d’une économie de marché. La libre circulation du numéraire, risquant de provoquer dans la société des enrichissements personnels non contrôlés, les élites lignagères s’attachaient à restreindre la diffusion de l’économie marchande dans le reste de la société. Une accumulation personnelle incontrôlée du capital financier était en effet susceptible d’ouvrir la porte à une appropriation privée des sols et de conférer à leur détenteur un pouvoir politique à même de déstabiliser l’ordre établi.

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Essy Amara ou la nostalgie de l’économie étatisée en Côte d’Ivoire.

Réponse au propos de Mr Essy Amara  « Le programme infrastructurel de Ouattara est un plagiat grotesque »

Monsieur Essy Amara, vous êtes d'une autre époque, d'une époque maintenant dépassée et révolue: celle de l'économie contrôlée et planifiée par l’État.

Houphouët Boigny, dont vous aviez été le disciple, a accompli avec brio la tâche qui fut la sienne dans l'Etat mobilisateur et centralisateur qui fut le sien. Vous voulez ramener la Côte d'Ivoire à la période des autocraties et de l’économie étatisée. Ce que vous qualifiez de réalisation  anarchique des infrastructures, en portant le fer de votre critique sur le modèle économique ivoirien en cours dans la nouvelle Côte d’Ivoire démocratique et libérale, n’est rien d’autre qu’une économie libérée du contrôle d’un Etat planificateur et centralisateur. L’économie ivoirienne n’est plus sous la tutelle d’un homme fort qui piétine allègrement les droits de l’homme lorsque son intérêt personnel et la raison antiéconomique d’un Etat autocratique l’exigent.

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