Articles par balises :Droits de l’homme

Kenya 2017 – Côte d’Ivoire 2010 : la problématique d’autonomie du système politique en Afrique.

Après l’invalidation de la victoire électorale du président Uhuru Kenyatta pour cause « d’illégalités et d’irrégularités » au Kenya, selon les propos du communiqué officiel, peut-on croire à l’amorce symbolique d’un mouvement démocratique de fond qui donne des raisons d’espérer en Afrique? Cette invalidation semble briser la loi d’airain de la vie politique africaine: le parti au pouvoir doit gagner l’élection présidentielle, l’opposition doit la perdre, une règle non écrite dont la remise en cause apparaît comme une anomalie et un viol de la légalité.

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Côte d’Ivoire: le pouvoir démocratique n’est ni un trône, ni une propriété privée.

« La démocratie allie ces deux principes apparemment contradictoires : l’un, que le pouvoir émane du peuple, l’autre qu’il n’est le pouvoir de personne » dit Claude Lefort dans « L’invention démocratique ». Le pouvoir du peuple n’est pas un organe du peuple, un attribut matériel transmissible par délégation à ses représentants. Le pouvoir du peuple signifie tout simplement, la liberté inaliénable et irréductible de chaque membre de la cité. Il se confond avec l'être de chaque citoyen. La lutte politique démocratique ne peut donc être définie comme une lutte en vue de la conquête du pouvoir, autrement dit de l’appropriation du pouvoir du peuple par un tiers. Elle doit être définie comme une compétition de qualification pour le service des droits des citoyens.

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L’affrontement démocratique n’est pas un combat pour la confiscation du pouvoir.

Comme je l’ai souligné dans une récente contribution, (Cf. « Côte d’Ivoire : les ravages d’une conception surannée du pouvoir et de la lutte politique », la définition de la compétition électorale démocratique comme compétition pour la conquête  du pouvoir cautionne, bien souvent, en nos Etats africains, les logiques d’accaparement et de confiscation factionnelle du pouvoir par des groupes d’intérêts privés. L’expression « conquête du pouvoir » est, en démocratie, un non-sens dans la mesure où le pouvoir du peuple qui désigne la liberté de chaque citoyen ne peut, par définition, être conquis par quiconque. L’expression « conquête du pouvoir » est donc un mot valise qui sert à camoufler des projets antidémocratique. Il est à noter que dans les vieilles démocraties, cette expression qui signifie la compétition inter-partisane pour le service des intérêts et des droits de la société, est utilisée dans un sens métaphorique et jamais dans un sens réel. Or surdéterminés par la culture de l’accaparement colonial du pouvoir et des autocraties postcoloniales, nous utilisons en Afrique l’expression « conquête du pouvoir » dans un sens réel et concevons le gouvernement démocratique comme contrôle de la société par le pouvoir politique. Nous devons donc nous départir de l’acception calamiteuse de cette expression en lui restituant sa signification métaphorique.

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Promouvoir la citoyenneté pour conforter la démocratie en Côte d’Ivoire.

Avant de démontrer de manière argumentative que la reconstruction d’une appartenance nationale citoyenne, composante de base de la démocratie et condition du développement endogène, doit être prioritaire en Côte d’Ivoire, il importe de souligner l’unicité de la démocratie. « Il n’y a pas de démocratie blanche ou noire, chrétienne ou islamique ; toute démocratie place au-dessus des catégories « naturelles » de la vie sociale la liberté du choix politique. C’est le sens ultime de la définition même de la démocratie: le libre choix des gouvernants par les gouvernés » dit Alain Touraine. Les appels récurrents au rejet d’une démocratie dite « occidentale » au profit d’une démocratie  spécifiquement africaine sont clairement motivés par la volonté des groupes dominants de maintenir, au détriment du plus grand nombre, les privilèges garantis par les régimes d’oppression et de tutelle.

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Côte d’Ivoire : Les ravages d’une conception surannée du pouvoir et de la lutte politique.

En Côte d’Ivoire, le branle-bas de combat pour l’élection présidentielle de l’année 2020 a déjà sonné. Les troupes se rassemblent derrière leurs chefs respectifs en vue de prendre d’assaut le pouvoir d’Etat pour s’en partager les dépouilles. Le pouvoir d’Etat est, pour un grand nombre d’acteurs politiques ivoiriens en particulier et africains en général, une voie d’accès aux ressources, un mât de cocagne, un lieu de privilèges, un patrimoine personnel ou communautaire qui se conquiert par la force, le mensonge, la désinformation et la ruse. « De quoi a-t-on besoin lorsqu’on est politique ? De pouvoir, d’honneurs et d’argent», avouait récemment un ministre ivoirien interviewé par un célèbre journal panafricain sur la guerre de succession qui secoue actuellement la Côte d’Ivoire !

En conséquence de cette représentation surannée, cynique et fausse de la lutte politique en Afrique, chaque élection présidentielle enclenche, dans une forme de fatalité, une dynamique d’accaparement, de surenchère nationaliste, d’invectives personnelles, d’attaques ad-hominem, d’affrontements armés pour la prise et la confiscation du pouvoir. De ce point de vue, la situation ivoirienne ne déroge pas à la règle commune en Afrique comme vient d’en témoigner le récent cas Kenyan ou les cas plus anciens des deux  Congo, pour ne citer qu’eux. Cette situation déplorable n’est pas un destin. Elle relève d’une certaine conception surannée et brutale de la lutte politique qu’il est vital de révoquer.

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La lutte politique inter-partisane ivoirienne est-elle démocratique ?

La lutte politique inter-partisane ivoirienne se déroule-t-elle comme il se doit dans une démocratie constitutionnelle représentative ? Est-elle structurée par la logique démocratique ? A supposer que la réponse à cette question soit négative, comment expliquer la dérive ivoirienne qui illustre, de manière spectaculaire, la situation commune de la lutte politique inter-partisane dans les nouvelles démocraties africaines? Déterminer ces causes pourrait contribuer à réformer la lutte inter-partisane ivoirienne et africaine en général pour l’accorder à la logique structurelle de la lutte inter-partisane  démocratique.

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La redistribution des fruits de la croissance, raison d’être sociale de la démocratie.

La démocratie libérale est faite pour redistribuer les fruits de la croissance, redistribution nécessaire qu'appelle l'impératif économique d'investissement et d'accumulation des ressources. Comme nous le montre Alexis de Tocqueville, le projet politique ultime qui anime la démocratie est de réaliser l'égalité de condition des citoyens, d'assurer de manière tangible à tous les membres de la cité une dignité des conditions de vie. Les trois dimensions de la démocratie libérale, la citoyenneté, la représentation politique des intérêts sociaux, la limitation du pouvoir par les droits de l’homme, ont une finalité sociale et concourent à réaliser ce projet.

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Pourquoi une politique économique efficace doit-elle s’accompagner d’un débat démocratique ?

L’importance du débat démocratique public dans la problématique du développement est une question fondamentale dans nos jeunes démocraties africaines confrontées à l’urgence de la modernisation économique. Relativement à cette fin qui semble plutôt en appeler à l’action efficace qu’à la parole, discussions et controverses ne sont-elles pas une perte de temps ? Le bon sens ne conseille-t-il pas de s’en remettre au savoir-faire et à l’expertise  d’un gouvernement de technocrates plus qualifiés pour mener à bon port  le train du développement dans une économie mondialisée et complexe ? Au lieu d’impliquer le peuple, le débat démocratique ne doit-il pas se limiter aux querelles des experts et aux controverses des scientifiques du développement ? Ne faut-il pas suivre Joseph Schumpeter lorsqu’il définit la démocratie comme libre choix d’une  équipe de gouvernement d’experts chargés de décider pour le peuple  et de trouver des solutions rationnelles à ses problèmes ?

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Les leçons de la reddition démocratique du dictateur Yahya Jammeh.

thumb_1929Dans le contexte de la montée des populismes identitaires et de l’illibéralisme démocratique en Afrique et dans le monde, le dictateur Yahya Jammeh s’est pourtant rendu au verdict des urnes, en Gambie. Le pays vient donc de tourner la page de l’autocratie grâce à la décision historique de l’ex-président Yahya Jammeh. Le dictateur gambien qui s’estimait dépositaire du pouvoir suprême, par droit mystique et divin, a cependant accepté de reconnaître humblement sa défaite électorale, par la voie des urnes démocratiques, face à son opposant. Cette décision salutaire, initie un nouveau commencement politique en Gambie. Par son exemplarité, elle pourrait briser la fatalité des logiques confiscatoires qui obèrent l’alternance démocratique du pouvoir en Afrique Noire.

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François Soudan a-t-il raison de justifier « cette Afrique qui vote Lepen » ?

thumb_1911Dans une tribune intitulée «Cette Afrique qui vote Lepen»
(Voir l'article sur Jeune Afrique ), François Soudan rend raison de la motivation profonde des pro-Lepen et des pro-Donald Trump africains. La prise du pouvoir par les partis identitaires occidentaux profiterait  aux Africains car contrairement au passé ces pouvoirs protectionnistes défendraient en Afrique leurs intérêts à visage découvert. Cette transparence aurait  l’avantage d’abroger la duplicité et l’hypocrisie précédente des Etats occidentaux qui abritèrent leur tutelle néo-colonialiste  et la défense de leurs intérêts nationaux  sous le paravent de la défense des droits de l’homme. Cette nouvelle donne, estime François Soudan, permettrait désormais une confrontation sans équivoque des intérêts dans les relations Nord-Sud et instituerait, au bénéfice des Etats africains, une logique du donnant-donnant.

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Réponse à Monsieur Frédéric Saint Clair : le « Trump bashing » est justifié.

thumb_1895Monsieur Frédéric Saint Clair

Dans votre plaidoyer pro-Trump, vous disculpez l’intéressé de toute intention de violer les fondamentaux de la politique démocratique instituée en Occident depuis une tradition qui remonte à Montesquieu. Vous montrez que Donald Trump est « un libéral, brutal et parfois grossier, mais un libéral », qui n’aspire nullement à installer une dictature aux États-Unis parce qu’il révoque, en tant que libéral, l’autorité politique et la puissance étatique. Vous montrez par la suite que son protectionnisme est une opportunité pour les Européens et notamment pour les Français qui devraient, selon vous, voter Donald Trump. Comme vous le dites, « Trump, par sa politique (national-protectionniste, c’est nous qui soulignons) laisse un vide, une opportunité aux nations européennes de rattraper leur retard, c'est-à-dire de recentrer leur positionnement sur l'échiquier international » afin d’influencer le droit des organisations internationales.

Ainsi la politique de Trump serait avantageuse pour les intérêts géostratégiques, politiques et économiques des Européens. En relativisant la brutalité du discours identitaire de Trump, en mettant l’accent sur les opportunités stratégiques qu’ouvre son national-protectionnisme, relativement aux intérêts des nations et des Etats européens, vous avez sûrement raison. Mais avez-vous raison quand vous relativisez la gravité de ses déclarations identitaires, relativement aux intérêts de la démocratie qui est devenue un modèle politique normatif dans le monde?

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Politiciens ivoiriens et africains, soyez sincères et ayez de la pudeur. La démocratie l’exige.

thumb_1781Le 25 mars 2004, la manifestation des militants du RDR et du PDCI, l’opposition politique d’alors, contre le gouvernement FPI se solda par un bain de sang. Selon le rapport des Nations Unies, au moins 120 personnes furent tuées durant la féroce répression menée contre les manifestants de l’opposition RDR et PDCI. Ces derniers furent brutalisés, gazés et mitraillés, par les forces de "sécurité" du gouvernement.(cf.rapport_onu_25_mars_2004).

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En démocratie, contester n’est pas comploter.

contestationEn démocratie « le libre choix des gouvernants par les gouvernés serait vide de sens si ceux-ci n’étaient pas capables d’exprimer des demandes, des réactions ou des protestations, formées dans la société civile ».(Cf Alain Touraine. Qu’est-ce que la démocratie ?)

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Qu’est-ce qu’une opposition démocratique ?

Opposition DémocratiqueEn démocratie, la légitimité de l’opposition politique est l’arc-boutant de la légitimité du gouvernement. Les deux légitimités se confirment réciproquement. Représentant la minorité électorale, le rôle politique de l’opposition est de jouer sa partition dans la construction du bien commun, de limiter le pouvoir par une critique constructive, de présenter un projet de société républicain alternatif opposable à celui du gouvernement.

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Réforme de la Constitution en Côte d’Ivoire. Le sens et l’objet des états généraux de la République. 4/4

Réforme de la constitutionRéappropriation autocritique des valeurs de la République et de la démocratie : la responsabilité citoyenne et politique

Demander  à tenir « les états généraux de la République pour faire le bilan de la crise politique ivoirienne afin que cette situation ne se reproduise pas dans un avenir proche », c’est vouloir recentrer le  débat public ivoirien sur les valeurs de la République et de la Démocratie. C’est vouloir déterminer les raisons ayant conduit les divers protagonistes de la crise politique ivoirienne à trahir si facilement ces valeurs. C’est, dans ce débat autocritique, réinterroger nos engagements individuels et collectifs du passé et du présent. C’est pour chacun d’entre nous, nous mettre en position de réceptivité pour  nous approprier les valeurs de la République et de la démocratie afin de construire le présent et l’avenir de la cité ivoirienne. C’est décider de révoquer le passé en nous y référant comme mémoire de nos abdications et de nos démissions. C’est vouloir bâtir le présent et le futur de la Côte d’Ivoire selon le modèle démocratique de la coexistence de la diversité, du respect des libertés fondamentales, de la coresponsabilité citoyenne et de la fraternité.

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