Articles par balises :Consensus républicain

Affi N’guessan, chef du FPI officiel : « ni un acheté, ni un otage de Ouattara » mais une tentative d’opposition constructive en Côte d’Ivoire.

 L’affrontement démocratique oppose toujours un gouvernement et une opposition dans le cadre du consensus républicain. Elle met aux prises une majorité politique qui exerce le pouvoir pour défendre l’intérêt général et servir le bien commun et une minorité qui joue le rôle de contre-pouvoir. Le  contre-pouvoir est chargé de surveiller le pouvoir de l’interpeller, de le mettre au défi de réaliser son programme d’intégration nationale, d’être le challenger du gouvernement, d’aspirer à  prendre  le pouvoir  au moyen d’un programme social et économique inclusif et intégrateur alternatif convainquant qui remporte la majorité du vote.

L’affrontement politique dans une démocratie pluraliste, se définit par la synergie concurrentielle du gouvernement et de l’opposition, du pouvoir et du contre-pouvoir sur la base du consensus républicain. cf : « La synergie du gouvernement et de l’opposition en démocratie », cedea.net, Septembre 2019). Le rapport entre le gouvernement et l’opposition, entre le pouvoir et le contre-pouvoir  est en démocratie un rapport politique et non pas un rapport militaire et guerrier.

Affi N’guessan n’est ni un acheté, ni un otage comme l’accusent le FPI de Laurent Gbagbo et le PDCI version Bédié à partir de leur conception guerrière et militariste de la lutte politique. Il essaie d’investir l’espace jusqu’à ce jour inoccupé et vacant de chef d’une opposition démocratique et républicaine en Côte d’Ivoire.

Force est cependant de constater que tiraillé entre son ancrage dans une gauche nationaliste extrémiste, une fidélité personnelle à Laurent Gbagbo et une volonté de s’en éloigner pour rejoindre la république, le chef du FPI officiel souffre d’un déficit de lisibilité.

Pour qu’Affi N’guessan puisse investir pleinement l’espace inoccupé de chef d’une opposition démocratique, il devrait  opérer sa mue républicaine par un aggiornamento sans concession et sans équivoque qui lui permettrait de se définir comme dirigeant d’un parti de centre-gauche. (Cf : « Que faire au FPI pour réinvestir l’espace démocratique ivoirien », cedea.net, Octobre 2016). 

 Affi N’guessan et les cadres dirigeants de son FPI devraient, se réapproprier pleinement l’éthique démocratique et républicaine. Ils devraient abandonner le discours et les éléments de langage populiste de l’anticolonialisme tiers-mondiste prétendument « révolutionnaire » suranné. Ils devraient adopter pleinement le langage et les valeurs de la démocratie républicaine et se représenter le gouvernement comme un partenaire fonctionnel de l’opposition dans la division du travail démocratique  qui permet de défendre l’intérêt général et de servir le bien commun de la cité.

Le principe cardinal de l’éthique démocratique est que le gouvernement l’opposition sont reliés de manière systémique en qualité d’adversaires-partenaires. Ces deux polarités réciproquement nécessaire du régime démocratique ne sauraient être des ennemis.

Or en dépit de la reconnaissance du FPI de Affi N’guessan comme contre-pouvoir officiel, le chef du FPI  me semble être resté, jusqu’à ces derniers jours, dans une position de rejet et de non-reconnaissance de la pleine légitimité démocratique du gouvernement RHDP depuis 2010.

Demeurant sous l’emprise des ratiocinations ethno-nationalistes et des mensonges populistes avec lesquels le FPI avait camouflé son refus autocratique du suffrage des urnes  en Décembre 2010, Affi N’guessan avait  régulièrement mobilisé le discours l’autochtonie  et  était resté sur la ligne de l’extrémisme identitaire durant la Présidentielle de 2015.

Depuis le milieu de l’an 2018, sa volonté désormais apparente de rupture définitive avec l’extrémisme lui vaut les foudres de la logique guerrière et militariste du FPI de Laurent Gbagbo.

Rageusement indexé par le FPI de Laurent Gbagbo  comme ennemi, traitre, lâche, « vendu et otage de Ouattara »,  Affi N’guessan  est devenu aux yeux de la "Gbagbosphère"  un proscrit et un ennemi à abattre et non pas un acteur politique porteur d’une vision politique différente.

A condition qu’il puisse tirer toutes les conséquences de la stigmatisation guerrière dont il est l’objet de la part du FPI de Laurent Gbagbo et du PDCI version Bédié, Affi N’guessan devrait définir sa dissidence comme rupture idéologique et programmatique avec le FPI de Laurent Gbagbo. Il devrait assumer publiquement cette rupture en adoptant désormais et sans démagogie le discours de la république et de la démocratie. Cette dissidence ne devrait pas être un positionnement tactique opportuniste dans une stratégie d’appareil animée par une logique de vengeance.

Le positionnement centriste et républicain auquel s’essaye Affi requiert une révocation définitive de la vision communautariste du corps politique et de l’Etat.

Affi N’guessan devrait avoir le courage politique de se définir comme  opposant  en reconnaissant la légitimité démocratique du gouvernement RHDP, en refusant de le définir comme « un gouvernement de l’étranger au service d’intérêts étrangers » selon les éléments de langage caractéristiques du FPI de Laurent Gbagbo, du PDCI de Henri Konan Bédié et des divers micros-partis et fractions qui en sont les clientèles.

Affi N’guessan  devrait avoir le courage politique de reconnaitre publiquement le gouvernement RHDP comme son adversaire-partenaire dans le service de l’intérêt général et du Bien du peuple ivoirien. Il devrait  avoir le courage politique de renoncer à la vision communautariste et autochtoniste de la société ivoirienne. C’est à ces conditions sine qua non  que le chef du FPI officiel sera à même d’investir l’espace jusqu’à ce jour l’espace inoccupé et vacant de chef d’une opposition démocratique et républicaine  en Côte d’Ivoire.

La synergie entre opposition et gouvernement en démocratie.

Le régime de démocratie pluraliste se caractérise par la synergie entre le gouvernement et l’opposition, entre un pouvoir et un contre-pouvoir qui s’affirment et se confirment réciproquement dans l’intérêt général et le bien commun de la cité. L’opposition, le contre-pouvoir démocratique, est le partenaire du gouvernement, du pouvoir et réciproquement.

L'opposition est dans le régime de démocratie pluraliste, un contre-pouvoir qui s’affirme comme tel en reconnaissant le gouvernement. Il n'existe pas d'opposition sans gouvernement et de gouvernement sans opposition. Il n'existe pas de contre-pouvoir sans pouvoir et de pouvoir sans contre-pouvoir.

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La réconciliation nationale : le travail de la démocratie.

En Côte d’Ivoire, la thématique de réconciliation nationale a été dévoyée et instrumentalisée. Certains acteurs politiques s’en servent pour justifier et négocier, dans une logique corporatiste, leur prétention patrimonialiste à l’exercice du pouvoir d’Etat.

Tour à tour, ces acteurs qui tiennent pourtant le discours clivant et désintégrant du nationalisme ethnique s’autoproclament réconciliateurs nationaux et revendiquent, à ce titre, le pouvoir d’Etat tout en récusant le programme d’intégration nationale qui permet d’inclure la diversité sociale et de construire l’unité politique du pays.

La guerre civile fut la conséquence d’un programme d’exclusion sociale et de désintégration nationale qui contredisait la logique démocratique de réconciliation de la pluralité sociale qui structure le vivre-ensemble.

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Les élections locales en Côte d’Ivoire confirment la pertinence du programme de construction nationale.

Les élections locales qui viennent de se dérouler, illustrent la problématique de la crise de la nation et révèle l'urgence de reconstruire la Nation dans notre pays. Elles ont fait ressortir de la part des protagonistes de l'affrontement politique ivoirien, deux réactions antinomiques face à la défaite électorale.

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Utilité du Sénat : la comparaison Sénégal-Côte d’Ivoire est fallacieuse.

La comparaison entre la Côte d’Ivoire au Sénégal faite par les contempteurs ivoiriens du Sénat pour alléguer l'inutilité de cette institution en notre pays est indue et rationnellement injustifiée. Cette comparaison est illégitime et viciée  pour deux raisons fondamentales.

Premièrement le tissu sociologique ivoirien est différent de celui du Sénégal. Le tissu sociologique ivoirien est très hétérogène et très diversifié ethniquement et confessionnellement. Le tissu sénégalais est, au contraire, relativement plus homogène de ce double point de vue.

Deuxièmement (et ce point est essentiel), au Sénégal un consensus national sur le régime de démocratie républicaine rassemble les élites modernes et les élites traditionnelles, les dirigeants des confessions et les populations. En Côte d'Ivoire existe au contraire un dissensus fondamental des élites sur le régime. La République et le régime de démocratie libérale sont contestés par une grande partie des élites modernes parmi  lesquelles se fait remarquer l'intelligentsia universitaire au plus haut niveau qui en appelle à la nationalité contre la citoyenneté et à une conception communautaire antilibérale de l'Etat.

Ces spécificités sociologiques et politiques introduisent une différence qualitative entre le Sénégal et la Côte d'Ivoire.

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