La comparaison entre la Côte d’Ivoire au Sénégal faite par les contempteurs ivoiriens du Sénat pour alléguer l'inutilité de cette institution en notre pays est indue et rationnellement injustifiée. Cette comparaison est illégitime et viciée pour deux raisons fondamentales.
Premièrement le tissu sociologique ivoirien est différent de celui du Sénégal. Le tissu sociologique ivoirien est très hétérogène et très diversifié ethniquement et confessionnellement. Le tissu sénégalais est, au contraire, relativement plus homogène de ce double point de vue.
Deuxièmement (et ce point est essentiel), au Sénégal un consensus national sur le régime de démocratie républicaine rassemble les élites modernes et les élites traditionnelles, les dirigeants des confessions et les populations. En Côte d'Ivoire existe au contraire un dissensus fondamental des élites sur le régime. La République et le régime de démocratie libérale sont contestés par une grande partie des élites modernes parmi lesquelles se fait remarquer l'intelligentsia universitaire au plus haut niveau qui en appelle à la nationalité contre la citoyenneté et à une conception communautaire antilibérale de l'Etat.
Ces spécificités sociologiques et politiques introduisent une différence qualitative entre le Sénégal et la Côte d'Ivoire.
Comment l’opposition ivoirienne devrait-elle jouer son rôle de contre-pouvoir face au gouvernement ?
Le mot du Premier Ministre Kablan Duncan et la question de la responsabilité du personnel politique ivoirien. 2ème partie
La mise au point du premier Ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, amène nécessairement à interroger, du point de vue de leur qualité idéologique respective, la gouvernance du parti au pouvoir et l’activité de contre-pouvoir des partis d’opposition. Le gouvernement libéral ivoirien gouverne-t-il comme il se doit en démocratie électorale représentative? L’opposition dite socialiste ivoirienne s’oppose-t-elle au gouvernement comme il se doit dans ce type de régime ?
En démocratie électorale représentative, un gouvernement d’obédience libérale doit gouverner selon les principes du libéralisme. Une opposition d’obédience socialiste doit s’opposer au gouvernement avec les principes du socialisme. Cette règle d’or explique, en France, le désaveu du gouvernement socialiste français actuel auquel son électorat reproche de gérer le pouvoir avec les principes du libéralisme. En posant la question de la qualité du mode sous lequel le gouvernement et l’opposition politique s’exercent en Côte d’Ivoire, nous évaluons ces deux représentants du pouvoir démocratique selon leurs capacités respectives à répondre aux réquisits des obédiences dont elles prétendent se réclamer.
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