La nation et le système politique : les deux articulations vitales de la démocratie pluraliste.:

La démocratie pluraliste est un régime organisé. Comme le sont tous les systèmes organisés, elle est composée d’une diversité de parties séparées et en même temps coordonnées. Cette séparation et cette coordination assurent son fonctionnement équilibré. L’exemple le plus emblématique de cette séparation coordonnée des parties qui garantit le fonctionnement et la viabilité  de la démocratie pluraliste est la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

Cette nécessaire coordination des parties du régime démocratique soulève la question de leur articulation  à travers des institutions de médiation.

La société démocratique moderne vit de la séparation des éléments qui la composent. La société civile doit être séparée de l’État. Les identités ethniques et communautaires doivent être séparées de l’État central. Les partis politiques doivent être séparés des corporations de la société civile, des identités ethniques ,confessionnelles et de l’État.

Néanmoins cet ensemble fonctionne grâce aux  articulations, aux institutions de médiation qui permettent de relier organiquement l’ensemble des parties du régime de démocratie pluraliste.

Les deux articulations vitales qui permettent de coordonner ces parties séparées  sont la nation et le système politique. Ils remplissent chacun un office de médiation entre les polarités opposées. Ces deux institutions de médiations doivent nécessairement être indépendants des éléments qu’ils servent à relier. Leur efficience démocratique dépend de cette autonomie.

 La nation démocratique sert à articuler les identités ethniques et confessionnelles à l’Etat central. Le système politique sert à articuler les intérêts  particuliers des corporations professionnelles et des associations de la société civile avec l’intérêt général de la société globale défendu par l’Etat au moyen de la loi.

Les identités culturelles agissent conformément  au droit coutumier et aux dogmes confessionnels. L’État central agit conformément au droit positif en rassemblant la diversité sous l’unité de la Loi. Les acteurs de la société civile agissent conformément à leurs intérêts particuliers qui sont toujours divergents. Le gouvernement agit en considérant l’intérêt général sous la perspective du long terme et pour défendre l’unité de son territoire. Ces logiques et ces objectifs divergents et contradictoires doivent être coordonnés harmonisés et réconciliés.

A équidistance de la diversité des appartenances culturelles et de l’unité de la Loi du droit positif, de la société civile et de l’Etat, la nation et le système politique sont les médiations vitales et indispensables dont dépend la viabilité du corps social démocratique. Ces deux chevilles ouvrières permettent d’articuler et de réconcilier ses polarités opposées. Ils permettent d’assurer le respect de l’égalité et la liberté de tous ses membres. Ils garantissent institutionnellement les droits fondamentaux des personnes et des collectivités.

La problématique politique centrale dans nos Etats multiethniques est donc de construire la nation et de travailler à l’autonomie et à l’indépendance du système politique. Construire la nation, c’est rassembler la diversité des ethnies et des confessions dans l’espace unifié de la citoyenneté au-dessus de la diversité sociale et culturelle.

Cette construction nationale s’opère à travers la modernisation économique et la démocratie qui permettent d’établir des ponts et des voies de communication entre les collectivités du territoire, de rassembler la diversité sociale, de transformer quantitativement et qualitativement la société. L’efficience de la démocratie dans ce processus de construction nationale s’effectue à travers l’autonomie du système politique qu’il faut donc instituer et qui permet d’arbitrer impartialement, selon la Loi, les conflits d’intérêts, d’intégrer et d’inclure politiquement et économiquement tous les membres de la société globale.

 

 

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