L’ironie de l’histoire en Côte d’Ivoire.

« Quand nous aurons la victoire, nous partagerons, en partageant les responsabilités avec le FPI » clame Henri Konan Bédié qui s’octroie le beau rôle de chef incontestable d’une improbable plateforme d’opposition. Dans cette phrase absconse, Henri Konan Bédié utilise le mot « victoire » pour dire «  pouvoir » et le mot « responsabilité » pour dire « portefeuille ministériel». Car telle semble être, comme tendent à le démontrer les discours et les pratiques,  la raison d’être ultime de la politique au PDCI d'Henri Konan Bédié et au FPI de Laurent Gbagbo. Le pouvoir et les portefeuilles ministériels, la puissance et les postes juteux de l’Etat en sont la finalité absolue. (Cf  cedea.net: « Les raisons profondes de l’échec des plate-formes et des coalitions politiques en Afrique »).

En cette plate-forme politique envisagée pour le pouvoir et la distribution de ses dépouilles, le problème est que le FPI qui reconnaît en Laurent Gbagbo, le statut de chef incontestable veut aussi le pouvoir et entend être le distributeur exclusif des postes ministériels en cette qualité. (cf: cedea.net «  Les conséquences inéluctables d’une alliance PDCI/FPI).

 Capture "du pouvoir d’État » et partage  de « postes juteux » au lieu de « victoire » démocratique et « partage de responsabilité » voici le programme politique réel de la plateforme que le PDCI d'Henri Konan Bédié propose au FPI de Laurent Gbagbo dont Henri Konan Bédié se fait l'instrument dans une cruelle ironie de l'histoire. Le FPI entend utiliser, comme il l'a toujours ouvertement soutenu, le pouvoir d'Etat ivoirien pour exercer des pressions politiques sur la CPI afin de faire libérer son chef dont il clame l'innocence et l'irresponsabilité .

Au demeurant, le FPI n'a-t-il pas déjà démontré aux Ivoiriens être plus intéressé par le pouvoir que par les responsabilités sociales qu’implique nécessairement l’exercice du pouvoir d’Etat?  Le FPI a refusé tout au long de sa gouvernance de répondre de la société globale ivoirienne et d’assumer sa responsabilité envers cette société durant la guerre civile. La ligne directrice de sa défense devant la CPI est celle de l’innocence et de l’irresponsabilité politique absolue de son chef suprême et de ses comparses.

Après sa gouvernance ethno-nationaliste de la fin des années 1990 qui s’était conclue par la capture du pouvoir par le FPI national-populiste, le PDCI d’Henri Konan Bédié, quant à lui, vient de se dissocier du front républicain RHDP qu’il semble avoir rejoint par opportunisme et par calcul cynique plus que par conviction. (Cf cedea.net « Henri Konan Bédié, le mythe brisé »). Motivé par la conquête fétichisée du pouvoir d’Etat  et par le partage discrétionnaire des portefeuilles ministériel dont il veut être le maître absolu, le PDCI bédiéiste part en quête d’une alliance cynique avec le FPI national-populiste et rejette le bilan et le projet sociétal du RHDP houphouëtiste.

Unis dans l’ethno-nationalisme et dans le national-populisme, des paravents de la quête de pouvoir, de puissance et de privilèges, l’offre politique de ces « alliés » au pedigree politique lourd en termes de déprédations sociales, politiques et économiques est tout sauf  démocratique et républicain, sociale et libérale. C’est l’offre de l’anti-démocratie et de l’autocratie, de la désintégration sociale et de la régression économique. Chaque jour, de part et d’autre dans le monde, l’histoire atteste des dangereuses illusions du nationalisme et de ses variantes.   

 

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