La problématique de la citoyenneté comme problématique de médiation dans les États multiethniques africains: le cas d’école ivoirien.

La ville déterritorialise l'individu en le rendant indépendant du sol sur lequel il est assigné. Le village territorialise le sujet en le rendant dépendant du sol dans lequel il finit par être assigné. La culture de la ville comme lieu de rencontre des altérités est une culture démocratique. (Cf : « Le ministère de la ville : un symbole fort du gouvernement Amadou Gon II. Cedea.net.Juillet 2018).

La problématique existentielle de la citoyenneté qui se pose à nous Ivoiriens est d’Être CAPABLES DE NOUS SITUER DANS L’ENTRE-DEUX de la ville et du village, de la déterritorialisation et de la territorialisation, de la citoyenneté et de la mémoire culturelle, de l'universalité et de la particularité, de l'univers du droit positif et de celui du droit coutumier, d'être des médiateurs et de vivre pleinement et dans l’authenticité cette position de médiation.

Félix Houphouët-Boigny, le père de nation, nous en donna L'EXEMPLE en incarnant en son être et en sa gouvernance cette MÉDIATION SALVATRICE.

CETTE POSITION EXISTENTIELLE DE MÉDIATEUR devrait, par dessus-tout, être celle de l'intellectuel qui incarne la rencontre réflexive de l'identité et de l'altérité, de l'ouverture sur le monde, de la rencontre des cultures.

LE PROBLÈME EST QU'UN NOMBRE NON NÉGLIGEABLE D'INTELLECTUELS IVOIRIENS N'ONT JAMAIS PU SE LIBÉRER DU SOL DU VILLAGE SUR LEQUEL ILS SONT ASSIGNÉS. Ils sont restés sujets d'une communauté au lieu de devenir des individus et des acteurs de la société civile, des citoyens et des patriotes.

Ils n’ont pas réussi à se transformer en citoyens dans le lieu de transition de la particularité vers l'universalité qu'est l’École, l’un des instruments par lesquels l’État moderne construit la nation, rassemble la diversité ethnique dans le creuset de la patrie.

Cette auto-villagisation de l’intellectuel est spécifique à la Côte d’Ivoire. Je ne l’ai rencontrée ni au Sénégal où j’ai vécu durant cinq années, ni au Burkina Faso pour ne citer que ces deux exemples. On s'y définit comme Sénégalais ou Burkinabè avant de se définir comme Wolof ou comme Mossi.


Bon nombre d'intellectuels Ivoiriens sont restés villageois dans l'âme et n’ont jamais pu se libérer du sol et du sang dans lesquels ils ont fini par se dissoudre mentalement et intellectuellement pour n’envisager la Côte d’Ivoire pluri-culturelle que sous la forme d’une communauté d’autochtones enracinés multiséculairement dans un sol qui devrait être soi-disant protégé contre les "étrangers".
Ils furent au sein de l'Université Ivoirienne les architectes du mythe ethniciste de l’autochtonie qui brisa la Côte d’Ivoire des années 1995 à 2010.


Cette emblématique défaillance fait saillir la maladie dont souffre notre pays : celle de la crise de médiation entre particularisme et universalisme. Il faut trouver les moyens de la réparer pour étayer la dynamique des transformations progressistes en cours dans notre pays.

 

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