L’instrumentalisation de la société civile par certains partis politiques en Côte d’Ivoire : origine et remède contre cette pathologie.

La dérive partitocratique de la jeune démocratie pluraliste ivoirienne dans les années 1990, s'est appuyée sur l'incorporation et l'instrumentalisation des ONG et des diverses associations de la société de la civile naissante par les partis politiques dont le nombre explosa comme des champignons après la pluie durant cette période.

Dépourvus d'ancrage social, la plupart de ces partis de génération spontanée entreprirent de capturer purement et simplement les mouvements sociaux et les identités culturelles qui essayaient de s'affirmer dans un esprit de libre participation politique après la période du régime autoritaire de parti unique.

La jeune société civile naissante ivoirienne fut une garenne, un terrain de chasse pour ces partis de génération spontanée en mal de définition sociale et cela d'autant plus facilement que les promoteurs de ces partis politique brillaient par leur culture d’autocrates.

L'instrumentalisation politique de l'ethnicité par le PDCI de Henri Konan Bédié et celle du syndicalisme estudiantin et universitaire par le FPI datent de cette période.

De par sa culture communiste d'agit-prop stalinien, le FPI de Laurent Gbagbo excella dans cette habileté à infiltrer, à instrumentaliser et à transformer en clientèles soumis aux mots d'ordre du parti les organisations de la société civile qu'il avait réussi à prendre dans ses filets de chasse en les infiltrant par ses agitateurs professionnels.

L'ONG ivoirienne des droits de l'homme et le syndicalisme estudiantin et enseignant furent ses plus belles prises.

La démocratie ivoirienne continue de souffrir de cette emprise des partis politiques sur la société civile.

Il est impératif de traiter ce mal à la racine. La démocratie pluraliste repose sur la séparation cordonnée des pouvoirs et des systèmes. La société civile est séparée de la société politique qui est elle-même séparée de l’Etat. Ces trois systèmes du corps politique sont autonomes.

Le renforcement de la culture démocratique et la création d'institutions de surveillance destinées à veiller à cette séparation pourraient et devraient permettre de traiter à la racine pathologie de la confusion des trois systèmes. Il faut y réfléchir.

 

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