Présidentielle 2020 en Côte d’Ivoire : la question entêtante de la confrontation programmatique.

En démocratie l'opposition politique comme contre-pouvoir repose sur une expertise et une fondation rationnelle des dénonciations et des interpellations du pouvoir. Il n'est pas permis à l'opposition d'interpeller et de dénoncer le pouvoir sur le mode des humeurs du trottoir.

D'une opposition politique en démocratie pluraliste, l'on attend d'abord des alternatives en matière de programme économique et social, de politique intérieure et de politique étrangère et sur cette base non négociable, des interpellations du gouvernement fondées sur une conviction et une expertise. Ces indications programmatiques alternatives servent de référence justificative aux interpellations critiques du gouvernement par l'opposition. A quelques mois de la Présidentielle 2020, les Ivoiriens seraient désireux d'en apprendre sur les préliminaires et les grandes lignes directrices du programme économique, social et politique du LIDER de Mamadou Koulibaly (Cf. "Questions sur le libéralisme de Mamadou Koulibaly", cedea. Septembre 2015) qui ne saurait se réduire à la critique de la labellisation de l'attieké à laquelle s'adonne sa secrétaire exécutive Nathalie Yamb au retour de sa virée de Sotchi.

Ils aimeraient en savoir plus sur ceux du FPI de Laurent Gbabo, du PDCI-Bédié qui devraient assumer leurs bilans et sur celui du RACI-GPS de Soro Guillaume sans compter ceux des micros partis qui leur tiennent lieu de béquilles.
Les ethno-populistes de l'opposition ivoirienne qui semblent ne pas être à la hauteur des exigences de ce cahier des charges démocratiques en restent au niveau très bas de la stigmatisation populiste de trottoir. Au programme de construction nationale du gouvernement ils opposent un programme partagé de désintégration nationale qui se fonde sur une instrumentalisation politique électoraliste de l'ethnicité et qui de ce fait contredit l'histoire et le tissu sociologique du pays. Entraîné dans les impasses de la confusion et de l'incohérence du fait de ce choix antinomique rempli de chausse-trappes, ils parlent et parlent en bafouillant toujours et irrémédiablement dans la démagogie.

La dynamique insurrectionnelle des franges de cette opposition répond à cette incapacité programmatique et aux confusions subséquentes. Elle en est le palliatif anti-démocratique. Au FPI-Gbagbo, au PDCI-Bédié et au RACI-GPS Soro, le choix du chemin de l'insurrection contre le chemin de la déclaration des urnes est un faux-fuyant qui révèle une incapacité politique.

 

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