Conflit Affi/Gbagbo au FPI : le mythe brisé de Laurent Gbagbo. 1ère partie

Le masque du démocrate et du détenteur de la pierre philosophale de la réconciliation nationale dont Laurent Gbagbo s'affublait, vient d'être brisé par la main justicière de l'ironie de l'histoire. La logique interne du système FPI, le refus du compromis et le principe de l'anéantissement de l’adversaire, inhérents à la logique de la guerre, viennent de se retourner contre Laurent Gbagbo lui-même. Comme un boomerang, ce retour du bâton délégitime moralement et politiquement l’ex-président du FPI en mettant à nue une imposture.

Le fameux leitmotiv de Laurent Gbagbo « asseyons-nous discutons » ne fut qu’un slogan creux. Pour être un démocrate et un réconciliateur national, il faut capable de reconnaître la légitimité des intérêts divergents qui s’affrontent dans la cité et avoir le sens du compromis.

Laurent Gbagbo ne fut jamais un démocrate respectueux de la diversité des intérêts et du pluralisme des positions et des opinions. Son parti, le FPI ne fut jamais un parti socialiste soucieux d’émanciper le plus grand nombre par la représentation des intérêts sociaux à travers une politique d’intégration nationale régulée par le principe d’égalité.

Instrument involontaire de l’ironie judiciaire de l’histoire, Affi N’guessan vient, à son corps défendant, de dissiper la brume épaisse d’impostures qui permettait au FPI de faire illusion auprès des Ivoiriens.

Vaut-il la peine de souligner que Pascal Affi N’guessan était lui-même enfermé dans ce voile d’illusions ? Il n’eut jamais le courage politique de rompre avec la logique de guerre du FPI, de récuser la dérive identitaire du parti et de s’affirmer dans un positionnement socio-démocrate républicain clair et franc. N’a-t-il pas mobilisé récemment des thématiques identitaires et guerrières dans sa tentative de rapprochement avec le PDCI ethno-nationaliste d’Henri Konan Bédié en quête d’une plate-forme des ivoiriens de souche ?

Je doute fort qu’un aggiornamento permettant de redéfinir le FPI comme parti politique soit possible à court terme et long terme. L’enjeu cet aggiornamento ,apparemment impossible, serait d’abroger sa définition comme centre de commandement d’un mouvement de lutte nationalitaire contre des ennemis intérieurs et extérieurs.

La définition guerrière et antidémocratique du FPI, sa représentation de la politique comme guerre interne de libération nationale contre des oppresseurs étrangers et locaux, contre des ennemis et des traitres, son refus subséquent du compromis, relèvent d’une manière de penser et de voir.

 Cette définition belliciste du parti est le produit d’une mentalité. Elle constitue l’âme du FPI. Elle relève de la structuration profonde de la psychè de ses dirigeants qui, dans la Côte d’Ivoire postcoloniale, se sont toujours considérés comme avant-garde d’un mouvement de lutte de libération nationale, comme capitaines d’une guerre de seconde et « vraie » indépendance contre des ennemis intérieurs et extérieurs. (A suivre)

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