Laurent Gbagbo, l’anti-Félix Houphouët-Boigny : le remplacement de la politique par la guerre.

Conflit Affi/Gbagbo au FPI : le mythe brisé de Laurent Gbagbo. 2ième partie

 La mission assignée par Laurent Gbagbo à son parti fut, dès le départ, antipolitique (cf « Conflit Affi/Gbagbo au FPI : le mythe brisé de Laurent Gbagbo » 1ère partie, cedea.net). Le FPI ne fut pas destiné à représenter politiquement les intérêts du plus grand nombre dans la cité, à contribuer à l’intégration nationale de la diversité des catégories sociales du pays. Il ne s'est pas constitué comme instrument fonctionnel chargé d'articuler, dans la cité, le système social et le système politique. Il ne s'est pas défini comme médiateur institutionnel entre la société civile et l'Etat. Le parti de Laurent Gbagbo s’est défini dès le départ comme mouvement antisocial de libération nationale contre des envahisseurs étrangers, contre des ennemis et des traitres dans la Côte d’Ivoire indépendante. Il ne s’est pas défini comme parti politique républicain. Il s'est défini comme parti extrémiste réactionnaire.

Le chef du FPI s’est revendiqué nationaliste et a récusé le régime politique de ce pays multiethnique et multiconfessionnel dont l’intégration nationale et la citoyenneté étaient en voie de construction sous Félix Houphouët-Boigny. Son nationalisme prit naturellement une forme ethnique que le discours révolutionnaire de type marxiste et par suite maoïste servit à camoufler. Le FPI est donc un parti antisocial guerrier en lutte pour une seconde indépendance. Il l’est resté et n’a jamais réussi à opérer sa transformation en parti politique républicain.

Selon le jargon marxiste léniniste, Félix Houphouët-Boigny fut considéré comme un valet du capitalisme international et un proconsul des intérêts coloniaux français  par Laurent Gbagbo et son FPI qui prétendait se réclamer, à la fois, du nationalisme et du socialisme internationaliste.

Cette intenable contradiction interne  s’est conséquemment traduite par la dérive identitaire de Laurent Gbagbo. La violence révolutionnaire du FPI s’est retournée en violence réactionnaire identitaire contre l’Etranger et l’Altérité dans une logique de purification ethnique et d’homogénéisation communautaire de la société ivoirienne par la guerre civile.

Laurent Gbagbo a donc installée dès le multipartisme, la logique de la guerre et de l’insurrection dans la cité en lieu et place de logique de la politique instituée par Félix Houphouët-Boigny dès la création de la Côte. La violence civile et le refus du compromis ont ainsi remplacé le dialogue, le compromis et  la paix civile

Félix Houphouët-Boigny avec son PDCI-RDA a constitué la Côte d’Ivoire sur  la  négation de la guerre. L’affrontement ivoirien pour le pouvoir, pour l’appropriation et le partage des ressources, s’est défini comme affrontement politique. Laurent Gbagbo avec son FPI l’a, au contraire, défini comme guerre. Par la propagande et par les actes, le fondateur du FPI a, diffusée dans le corps social et dans l’Etat la violence physique élémentaire comme modèle des affrontements et des antagonismes pour la prise du pouvoir et le partage des ressources.

Félix Houphouët Boigny avait choisi la politique, l’acceptation de l’hétérogénéité, le dialogue et le compromis  pour trancher conflits dans notre pays. Laurent Gbagbo a choisi la violence physique pour trancher les conflits en  Côte d’Ivoire.

Le modèle gbagboïste des rapports sociaux est le refus de l’hétérogénéité, le rejet du compromis, le choix de la violence, des coups de poings et des balles de fusils, de l’ostracisme et de l’exclusion, de la division et de la désintégration nationale. Le modèle houphouëtiste des rapports sociaux est, au contraire, le dialogue, le choix de l'unité et  de la discussion, du compromis et du consensus, de l’inclusion sociale et de l’intégration nationale des catégories sociale et des collectivités du territoire.

L’objectif du régime de démocratie pluraliste était de parfaire et parachever ce modèle houphouëtiste qui avait dès la création de la Côte d’Ivoire défini la politique, le dialogue et le compromis comme mediums de la résolution des conflits et des antagonismes sociaux  entre les Ivoiriens.

La secousse tellurique  qui vient de casser de l’intérieur l’imposture de Laurent Gbagbo et de son FPI, brise une force de régression et d’inertie qui bloquait et entravait toute dynamique de changement social et de progrès historique en Côte d'Ivoire. Elle rompt la dalle sous laquelle le modèle guerrier hostile et désintégrant installé par FPI de Laurent Gbagbo avait emprisonné le modèle politique intégrateur avec lequel Félix Houphouët-Boigny avait construit notre pays. Nous devons espérer que cette délégitimation de l’anti-modèle guerrier de Laurent Gbagbo, redonne à la politique, la légitimité et les prérogatives qui lui reviennent de droit dans notre pays.

 

 

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