La défiance de la chefferie Akan à l’égard d’Henri Konan Bédié.

« Que Bédié tienne bon. Nous attendons son mot d’ordre » titre un quotidien en ligne. Ce titre suggère une image montrant la chefferie Akan campée en ordre de bataille derrière Henri Konan Bédié pour engager la résistance de la communauté contre de prétendus spoliateurs politiques. Cette image est trompeuse. Elle est battue en brèche par les nuances de la réponse de la chefferie Akan à Henri Konan Bédié le dimanche 23 Septembre 2018. Un passage de cette réponse, qui rappelle la mémoire historique de la vie de Félix Houphouët-Boigny, souligne le traitement infamant que lui réservèrent de son vivant certains fils de ce pays. Ce passage suggère que la chefferie Akan adopte une distance critique envers Henri Konan Bédié, relativement  à certaines alliances politiques projetées par ce dernier.

 La phrase ci-dessous du porte-parole de la chefferie Akan accrédite mon hypothèse. Elle montre pourquoi Henri Konan Bédié s’est senti obligé de proférer son mensonge grandiloquent et éhonté. Il a manifestement voulu extorquer par ce mensonge le soutien de la communauté en manipulant son imago politique.

« Tous les chefs ici réunis saluent le président Henri Konan Bédié et lui disent merci pour tout ce qu’il fait pour la Côte d’Ivoire. Notre Nanan, le Président Félix Houphouët-Boigny, de son vivant, a subi les injures de certains enfants de ce pays. On l’a insulté. On lui dit ce qu’il ne fallait pas. Il a dû partir avec de la rancœur. Et pourtant, aujourd’hui on ne jure que par son nom »

Ceux qui, parmi les enfants de ce pays, insultèrent et injurièrent, de son vivant  le Président Félix Houphouët-Boigny que les Akans révèrent comme un ancêtre fondateur et dont tous les patriotes Ivoiriens saluent quotidiennement la mémoire comme père de la Nation, proviennent-ils du FPI ou du RHDP ?

Les enfants de ce pays, qui insultèrent et piétinèrent, de son vivant, Félix Houphouët-Boigny, sont assurément, comme l’histoire le prouve, les dirigeants du FPI et leurs organisations de jeunesse fanatisées dont la plus virulente est l’organisation estudiantine  Fesci.

Le fils de ce pays, qui injuria Félix Houphouët-Boigny de son vivant, n’est sûrement pas Alassane Ouattara. Ce dernier avait dirigé, en tant que Premier Ministre,  la résistance nationale à « l’assaut final » lancé en 1992 par les troupes du FPI de Laurent Gbagbo contre le gouvernement de Félix Houphouët-Boigny aux cris de « Houphouët voleur ».

Les fils de ce pays, qui insultèrent Félix Houphouët-Boigny et le couvrirent d’injures, de son vivant, ne sont pas les dirigeants du PDCI-RDA exclus du parti par Henri Konan Bédié dans le fracas des limogeages et des quasi-lynchages aux réunions qu’il convoque rageusement à cet effet. Ce ne sont pas non plus les dirigeants du RDR et leurs organisations de jeunesses.

Il est à espérer que les chefs Akan qui se sont réunis à Daoukro sous la convocation de Henri Konan Bédié sachent que ceux avec lesquels Henri Konan Bédié cherche à s’allier sont les enfants de ce pays qui insultèrent, injurièrent et piétinèrent Félix Houphouët-Boigny de son vivant en hurlant dans les rues d’Abidjan « Houphouët voleur ». La chefferie Akan doit être informée qu’Henri Konan Bédié cherche à s’allier avec  le FPI de Laurent Gbagbo et ses satellites réunis dans EDS.

En regard  de cette vérité historique, ces injures sacrilèges, ce crime de lèse-majesté que la chefferie Akan conserve soigneusement dans sa mémoire culturelle, au point de l’avoir rappelé opportunément à Henri Konan Bédié dimanche dernier, il est donné de penser que cette chefferie Akan n’a répondu que par courtoisie à cette invitation.

La fin du discours de réponse du porte-parole de la chefferie semble accréditer cette hypothèse. « Les chefs ne font pas de politique, mais à partir du moment où le président Bédié nous avait invités à Yamoussoukro, en 2010 et que nous avons respecté sa parole, nous pensons que chaque fois qu’il nous appelle, nous répondrons présents. Voilà le sens de notre visite à Daoukro, ce matin. Qu’il tienne bon. Nous attendons son mot d’ordre».

Les chefs traditionnels ne font pas de politique, précise le porte parole qui prend soin de distinguer le trône royal et le pouvoir d’Etat. On pourrait en déduire  que loin d’être rangée en ordre de bataille derrière Henri Konan Bédié, la chefferie Akan observe  une distance réflexive  critique. Soucieuse de ne pas se faire manipuler et instrumentaliser par un chef de parti dans un aventurisme politique, elle semble se tenir sur ses gardes. Cette distance critique, marquée par la suspicion, pourrait expliquer le travestissement éhonté des faits historiques par Henri Konan Bédié. L’arme du mensonge éhonté a été utilisée pour confondre, devant la chefferie Akan, le trône royal au pouvoir d’Etat afin d’extorquer, par cette confusion des registres, le soutien de la chefferie Akan. Il s'agit d'une tentative de viol politicien de la mémoire historique d'une communauté culturelle.

On peut espérer que cette chefferie Akan, qui reste sur ses gardes et qui n’a pas manifestement oublié sa mémoire, saura résister aux tentatives de manipulation politicienne de la communauté Akan par l’oligarchie factionnelle du PDCI qui désire sacrifier la mémoire de Félix Houhouët-Boigny sur l’autel de ses intérêts particuliers et de ses ambitions de pouvoir personnels.

 

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