Réponse à Madame Fanny Pigeaud à propos de son article « Ouattara verrouille sa réélection en Côte d’Ivoire ». (1ère partie)

Comme toujours, en ses articles partiaux sur la nouvelle Côte d’ivoire, Madame Fanny Pigeaud dont l’engagement journalistique en faveur de Laurent Gbagbo et de son FPI est de notoriété publique, occulte les évidences et dissimule les réalités qui desservent son idole. En dépit du ton neutre que  la journaliste s’efforce d’adopter pour respecter la déontologie de sa profession, surgit,  au détour du texte, cette  phrase caractéristique déjà déclinée sous des formes diverses dans ses précédents articles et qui trahit son parti-pris. « Le processus électoral apparaît en effet verrouillé. Le RHDP est majoritaire au sein de la CEI chargée d’organiser et de superviser le scrutin. C’était déjà le cas pour la présidentielle de 2010. À l’époque, les résultats avaient été trafiqués dès le premier tour au profit de Ouattara et au détriment de Henri Konan Bédié, rétrogradé de la deuxième à la troisième place. » Cf « Ouattara verrouille sa réélection en Côte d’Ivoire » Fanny Pigeaud. Médiapart.23-10-2015

Le nationalisme communautaire antirépublicain et anti-démocratique du FPI, la conception  ethnique de la Nation et de la nationalité qui fondent la contestation de l’éligibilité du Président Alassane Ouattara et la récusation de l’impartialité de la CEI par le parti de Laurent Gbagbo,  sont passés sous la trappe. La récupération du nationalisme ethnique par le FPI, « l’ivoirité, » dans les poubelles du courant identitaire du PDCI,  les massacres horrifiants d’opposants et de manifestants du PDCI et du RDR, perpétrés par les milices ethniques du régime Gbagbo qui conduisirent à rébellion de 2002 et scandèrent les dix (10) longues années du régime calamiteux de Laurent Gbagbo, sont occultés. Les violations massives des droits de l’homme par ce régime dont la frange extrémiste continue, envers et contre tous, aujourd’hui encore, de défendre la conception ethnique de la Nation qui alimenta l’amok ivoirien tout au long des années 2000 à 2010,  sont passés sous silence. Madame Fanny Pigeaud s’attache à blanchir la filiale ivoirienne de son camp idéologique en le campant en Don Quichotte de la démocratie et de la République, de la lutte contre la dictature, la corruption et la répression politique en Afrique, malgré les évidences qui poussent à renverser ce rapport au détriment de sa filiale ivoirienne.

Au fond de cette étonnante myopie gît une préférence de type idéologique. Laurent Gbagbo, c’est le soldat africain d’une certaine françafrique de gauche. Cette faction française qui combat et dénonce dans sa terre natale le nationalisme communautaire antirépublicain des Lepen père et fille au nom de la République, de la Démocratie et des valeurs de la Révolution de 1789, se satisfait étrangement du nationalisme ethnique et de l’anti-républicanisme sous les tropiques africains. Le soutien des réseaux de cette françafrique qui veillent jalousement sur la pérennité politique de ses lieutenants africains est indéfectible, même lorsque le chargé d’affaire autochtone de cette filiale idéologique patauge jusqu’au cou dans le sang de ceux des concitoyens que le national-socialisme local a désigné comme des envahisseurs étrangers.

Au fondement de la contestation de la CEI et de la Cour Constitutionnelle Ivoiriennes se trouve, avant tout et par dessus tout, une conception partisane  ethnique de la Nation. La Nation-une abstraite et indivisible que ces institutions d’impartialité sont censées incarner pour rendre possible le service de l’intérêt général dans une société hétérogène est rejetée. Au fondement de la contestation de la CEI et de la Cour Constitutionnelle ivoiriennes se trouve donc un refus partisan des nouvelles formes de légitimité et de représentativité démocratiques qui ébranlent la tentative du FPI de Laurent Gbagbo de mettre la main sur la société et l’Etat  ivoiriens  pour les reconfigurer selon le modèle communautaire de la  société et de l’Etat. Cette lourde vérité est dérangeante pour Madame Fanny Pigeaud qui préfère l’occulter par des ratiocinations.

Ceux d’entre les acteurs politiques ivoiriens qui se représentent la Nation sous la forme concrète d’un peuple ethnique particulier, se refusent naturellement à incarner en leur personne dans une Commission Électorale Indépendante (CEI), une Nation-une abstraite et indivisible constituée par la diversité des peuples. Ils se refusent à vouloir et à agir pour cette Nation. Cette contestation  de l’impartialité de la CEI ivoirienne est en réalité une contestation de l’autonomie des nouvelles instances de la démocratie d’impartialité par le FPI de Laurent Gbagbo qui s’est toujours inscrit dans une logique et un programme  à la fois  ethniciste et partitocratique. ( A suivre)

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