Ce qu’est le modèle politique ivoirien : une exigence de mémoire.

Instituée par Félix Houphouët-Boigny sous le régime de parti unique, l’originalité du modèle politique ivoirien consista à sceller l’alliance pérenne de l’identité ethnique et de la rationalité économique, et à définir l’État comme acteur de développement. Le PDCI-RDA fut l’instrument opérationnel de cette alchimie émancipatrice. (Cf « Ce qu’est l’houphouëtisme de Félix Houphouët-Boigny », cedea janvier 2019 ; « le chiffre secret de la méthodologie politique de Félix Houphouët-Boigny », cedea, Septembre 2018).

Le PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny eut à cœur d’inclure la diversité des ethnies du territoire, d’assurer leur participation politique, de construire la citoyenneté tout en respectant et en affirmant les identités ethniques et confessionnelles. Son programme majeur fut de les intégrer en une nation  à travers le processus de modernisation économique. Le modèle ivoirien naquit du trait de génie politique de Félix Houphouët-Boigny qui sut identifier le développement au processus de construction nationale et de modernisation dans le cadre de l’économie de marché.

Ne faut-il pas souligner que le développement procède toujours, selon son concept, de cette articulation judicieuse entre identité ethnique et rationalité économique moderne, dont la démocratie potentialise et multiplie les effets émancipateurs dans le cadre de l’économie de libre marché ?  En donnent témoignage, les exemples japonais, allemand,  et plus récemment, sud-coréen pour ne citer que ces pays.

A la différence de la Côte d’Ivoire, d’autres Etats africains nouvellement indépendants identifièrent la construction nationale à la reconquête et à l’affirmation verbeuse, prétendument révolutionnaire et anticolonialiste, d’une identité culturelle piétinée par la colonisation, au rejet de l’économie de libre marché et de la modernisation, identifiées toutes deux  au néo-colonialisme et à l’impérialisme capitaliste.

La Côte d’Ivoire de Félix Houphouët-Boigny,  quant à elle, assuma son nationalisme libéral inspiré par les valeurs universalistes et humanistes  de la République, fondé sur l’alliance modernisatrice de l’identité ethnique et de la rationalité économique. Après la parenthèse ethno-nationaliste et ethno-populiste des années 1995 à Décembre 2010,  qui rompit cette alliance, une scission  qui se traduisit mécaniquement par la guerre civile et une régression économique, sociale et politique, le modèle ivoirien est restauré  depuis avril 2011.

Sous la direction du Président Alassane Ouattara secondé par le Vice-Président Daniel Kablan Duncan, la Côte d’Ivoire a retrouvé la mémoire de son modèle national-libéral et renoué avec la source de son historicité.  ELLE NE DEVRAIT PLUS LA PERDRE.

 Le RHDP, parti majoritaire depuis l’élection présidentielle de Décembre 2010, remplit son office sous cette idée normative régulatrice. En qualité de front républicain inspiré par la mémoire de l’houphouëtisme, il  reprend et met en œuvre, depuis avril 2011, sous le régime de démocratie pluraliste, le programme de construction nationale et d’Etat-Nation, naguère initié par le PDCI-RDA de Félix Houphouët Boigny.

Sous les offices du Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, cet enracinement mémoriel se traduit par la redéfinition de l’État comme acteur de développement dans un libéralisme tempéré à orientation sociale, et par la reconstitution l’alliance de l’identité ethnique et de la rationalité économique. La reconstruction, tout azimut, des infrastructures par un Etat usant de son pouvoir régalien pour affermir l’unité politique de la cité est le symbole emblématique de cette dynamique émancipatrice d’intégration nationale.

Le perfectionnement de la démocratie ivoirienne devrait soutenir le mouvement  de progrès émancipateur contenu dans cette remémoration active.

 En matière de développement et de modernisation, les signes les plus patents de cette renaissance mémorielle se traduisent à plusieurs niveaux. Les  préoccupations centrales de la majorité RHDP au pouvoir sont  de mettre l’Etat au service de la société, de créer une interdépendance entre les acteurs politiques, économiques et sociaux,  de reconstruire une administration rationnelle et efficace, de former des acteurs économiques, sociaux et administratifs,  d’en faire la cheville ouvrière de la modernisation, d’affirmer la Côte d’Ivoire comme acteur politique et économique important du marché et des relations internationales.

A moins de rejeter la destination sociale ou post-sociale de l’Etat moderne, dont le souci majeur est d’émanciper politiquement économiquement les masses,  ces  préoccupations gouvernementales sont normatives. Elles s’imposent  à tout parti désireux de prendre la direction de l’État dans un pays.

Il est attendu des forces d’opposition des diverses obédiences de l’échiquier politique ivoirien qu’elles proposent, dans la concurrence politique en Côte d’Ivoire, des  programmes alternatifs dans ce cadre normatif global des politiques de construction nationale. Tel doit être l’enjeu pérenne de la compétition démocratique en Côte d’Ivoire

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