Elections locales ivoiriennes 2018 : les raisons de la victoire du RHDP.

Comme l’on pouvait s’y attendre, à travers l'analyse  objective des discours et des pratiques des divers protagonistes, les séquences successives des élections locales ont confirmé les pronostics. Les résultats des urnes sont en adéquation avec les offres politiques et les programmes des divers partis et candidats. Le RHDP a remporté la majorité des voix. L’opposition, rejointe par le courant dissident ethno-nationaliste du PDCI, a recolté  la minorité des voix.

Tenant compte de la base sociologiquement diversifiée de notre société, le RHDP a tenu le discours de l’intégration nationale et de l’inclusion politique confirmé par sa gouvernance. Le PDCI et ses alliés ont, quant à eux, tenu le discours communautariste de la désintégration nationale et de l’exclusion politique confirmé par leurs positions, leurs décisions et leurs actions. Le RHDP a additionné et multiplié. Le PDCI et ses alliés ont soustrait et divisé. La majorité du vote est donc naturellement et mécaniquement allée au RHDP. La minorité du vote est allée tout aussi naturellement et mécaniquement au PDCI et à ses alliés. Il en a été ainsi parce qu’en démocratie pluraliste, régime du nombre, il faut additionner et multiplier pour gagner une élection et non pas soustraire et diviser.

Disposant de l’exemple de la gouvernance du RHDP avec ses qualités et ses défauts, les Ivoiriens, en peuple pragmatique,  ont cherché vainement dans les discours politiques des partis de l’opposition ivoirienne, un programme politique économique et social alternatif d’inclusion et d’intégration répondant à leurs demandes sociales de type existentiel. Ils ont donc accordé  la majorité de leur vote au RHDP. Echaudés par les années de clivage sociale et de violence politique que la mise en œuvre du programme ethno-populiste avait générées en Côte d’Ivoire entre les années 1990 à 2010, les Ivoiriens se sont inquiétés des risques de désintégration nationale que le discours ethno-nationaliste de l’opposition porte dans ses flancs.

Le RHDP a remporté la majorité du vote en ces élections locales parce que son programme et son offre politique sont en phase avec l’histoire, le tissu sociologique du pays et les demandes sociales de la population. Il a tenu un discours d’intégration nationale et mis en œuvre, depuis son accession au pouvoir en 2011, un programme de modernisation de la société ayant pour objectif l’industrialisation et le développement. Son bilan sur ce registre  semble avoir déterminé le choix de la majorité des électeurs.

Considérant que l’alternance politique en Côte d’Ivoire ne peut qu’être assurée par un programme inclusif intégrateur et plus concurrentiel, le peuple souverain qui juge toujours selon le bon sens à partir de sa conscience historique, a décidé d’accorder majoritairement son suffrage aux candidats du RHDP. Il estime que les  inaccomplissements de ce gouvernement, une caractéristique de tous les gouvernements humains,  sont à corriger sous le régime de démocratie pluraliste grâce aux mouvements sociaux de revendication des droits, à la négociation et au compromis entre les acteurs sociaux et le pouvoir politique. Il rejette en conséquence le régime d’autocratie communautariste qui n’est pas un régime d’intégration mais plutôt d’exclusion, de conflits, de violence  et de régression politique sociale et économique.

Compte tenu du radicalisme extrémiste de l’opposition, les ivoiriens s’attendaient à ce que cette victoire naturelle du bon sens soit contestée par l’opposition dont les discours convergeaient dans ce sens.

La contestation post-électorale du résultat des urnes par le PDCI, dans les localités qui enregistrent la défaite de ses candidats  et son approbation dans les localités qui enregistrent leur victoire,  est  cohérente. Elle est déterminée par sa vision communautariste de la société et par son refus de la Nation démocratique. L’offre et le programme politique de cette opposition sont composés d’appels ethno-nationaliste à la révolte populaire, à la guerre et au séparatisme  communautaire, à la chasse aux étrangers, à la conquête du pouvoir d’Etat à tous les prix. Ces offres ne correspondent guère aux demandes sociales des Ivoiriens et à leur vision nationale du corps politique, vision constituée à travers la lutte pour l’Indépendance du pays.

L’on peut déplorer les dysfonctionnements enregistrés dans certains bureaux de vote. Ils ne sauraient remettre en question le choix majoritaire du peuple ivoirien qui est celui du bon sens et de la raison. Malgré la résilience de la représentativité communautaire, les catégories de société civile ivoirienne en maturation sont de plus en plus conscientes de leurs intérêts sociaux et de leur vision de la Côte d'Ivoire comme cité confraternelle. Elles les distinguent des intérêts particuliers des appareils partisans et de la vision de la Côte d’Ivoire portée par leurs dirigeants. Cette conscience de soi de plus en claire détermine leur suffrage. 

Au-delà des accusations infondées ou fondées de tricherie,  c’est à cette  donne centrale qu’il faut rapporter le résultat final des élections locales ivoiriennes d’Octobre 2018. Cette cohérence avec soi-même du peuple ivoirien explique substantiellement  la victoire du RHDP et la défaite  du PDCI et de ses alliés. Cette victoire du RHDP est celle de son programme d’intégration nationale et de sa vision fraternelle de la Côte d’Ivoire.

 

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