L’ignorance crasse de Franklin Nyamsi en matière de politique démocratique.

Avant de publier son texte délirant à l’introduction surréaliste  sur son blog  dans Médiapart, campant son Soro Guillaume en homme providentiel attendu par le peuple ivoirien, Franklin Nyamsi s’était fait interviewer par un journal Camerounais. (cf http://www.camer.be/69580/6:1/cameroun-le-professeur-franklin-nyamsi-wa-kamerun-rapond-aux-questions-du-journaliste-kuissui-mephou-cameroon.html)

Soutenant, selon sa vision déformée par un delirium tremens, que  le peuple ivoirien serait  victime d’une des pires dictatures de la planète, Franklin Nyamsi se présente, dans cette interview, comme un Don Quichotte venant rétablir la justice sociale en Côte d’Ivoire aux côtés de son compagnon Soro Guillaume.

Selon lui, le Président de l’Assemblée nationale, qui parle pourtant étrangement ces derniers jours d’inclusion de toutes les parties prenantes au sein de la coalition RHDP, escompte se passer des partis pour  remplir, dans une rencontre fusionnelle avec le peuple ivoirien, son office de justice sociale. En matière de politique démocratique, mais aussi d’exigence morale, ses propos sont un fatras d’inepties.

« Si Soro Guillaume était candidat, soutient Franklin Nyamsi dans cette interview, je crois que son interlocuteur valable et privilégié serait l’ensemble du peuple de Côte d’Ivoire. Notre Leader pratique davantage la politique des citoyens que celle des partis. Et comme, il l’a lui-même répété, il reste ouvert à tous les partis qui souhaitent cheminer avec lui ».

La politique des citoyens, dans une démocratie républicaine pluraliste à représentation forcément indirecte, n’est-elle pas celle des partis ? Franklin Nyamsi, qui brasse toujours des mots vides et des phrases ronflantes  pour impressionner l’auditoire, n’est pas à une contradiction près.

Revêtant l’habit du conducator et de l’homme providentiel si peu démocratique, Soro Guillaume resterait, selon Franklin Nyamsi, « ouvert à tous les partis qui souhaitent cheminer avec lui », autant dire aux partis ethno-nationalistes et nationaux-populistes extrémistes qu’il avait pourtant prétendu combattre en prenant la tête de la rébellion de 2002 !

Par ailleurs, comment peut-on rejeter « la politique des partis » et « être ouvert en même temps à tous les partis » ? Cette contradiction fait saillir la conception autocratique du pouvoir qui anime ce duo.

La démocratie directe, sans la médiation des partis, est une démocratie populaire, autant dire une anti-démocratie qui conduit à la dictature des masses ou la dictature de l’Etat, à l’invasion de l’Etat par les intérêts dominants de la société civile ou à l’avalement de la société civile par l’État.

Encore faudrait-il que Mr Franklin Nyamsi puisse expliquer comment concilier la candidature d’un président d’Assemblée nationale à la direction de l’exécutif avec le principe démocratique de la séparation des pouvoirs et des sous-systèmes. En démocratie républicaine pluraliste, le Président de l’Assemblée nationale ne saurait être candidat à la direction de l’exécutif au risque de violer le principe de la séparation des pouvoirs.

Ce sont là des vérités primaires de la sociologie politique qu’ignore manifestement le sophiste-démagogue  Franklin Nyamsi, le bien nommé « conseiller en perdition » du Président de l’Assemblée nationale ivoirienne.

Le parti politique est incontournable en démocratie. La problématique centrale de la démocratie n’est pas de contourner les partis. Elle est d’améliorer leur représentativité sociale et de lutter contre le factionalisme.

Le parti politique, permettant aux masses de participer à la vie politique, est institution démocratique incontournable. Il est un médiateur politique indispensable. Son rôle institutionnel est d’articuler la société civile, espace d’expression et de défense des intérêts particuliers, et l’Etat, espace d’expression de la généralité sociale, de défense de l’intérêt général.

 Les partis appartiennent à la sphère intermédiaire de la société politique qui médiatise la société civile et l’État. En les récusant pour faire le jeu de son maître et obligé, Kigbafori Guillaume Soro,  qui s’en est exclu afin de satisfaire sa lubie d’homme providentiel et de pouvoir personnel, Franklin Nyamsi confirme et signe son sinistre pedigree : celui d’un individu sans foi ni loi à l’ego  démesuré, prêt à piétiner la science et  à sacrifier la stabilité politique de son pays d’adoption sur l’autel de ses ambitions personnelles et de son hubris du pouvoir.

Venons-en maintenant à la problématique de la redistribution qui est toujours couplée à celle de l’investissement dans une démocratie républicaine pluraliste.

Franklin Nyamsi s’est converti de manière opportuniste au national-populisme et à sa vision réactionnaire du social et de l’économique qu’exprime le célèbre slogan « on ne mange pas les ponts et les routes ». Glosant sur la prétendue déficience de la redistribution en Côte d’Ivoire, il ignore manifestement sa dimension économique dans une politique de modernisation sociale lorsqu’une société est ressortie brisée et communautairement fragmentée par un État nationalitaire après une guerre civile. (A suivre)

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