La reprise du programme houphouëtiste de modernisation par le RHDP en Côte d’Ivoire.

Héritier de l’houphouëtisme par le discours et la praxis politique, le  RHDP se situe dans la continuité du nationalisme modernisateur de Félix Houphouët-Boigny. Il reprend les grandes idées directrices de ce modèle politique et économique qui consiste à réaliser le développement à travers l’œuvre de construction d’une nation et  d’un État national au moyen de la modernisation.(Cf :Le chiffre secret de la méthodologie politique de Félix Houphouët-Boigny, cedea.net, 9 Septembre 2018)

Le RHD restructure cette vision dans un sens progressiste à l’ère de la mondialisation. Son programme politique est de re-moderniser la société, de resocialiser l’État et de renforcer sa démocratisation par des réformes institutionnelles. Ces transformations sociopolitiques permettent de construire le développement endogène qui se réalise nécessairement dans le cadre politique de la nation démocratique.

La parenthèse nationaliste, qui avait sévi depuis les années 1995 jusqu’en avril 2011 en comptant les mois de la guerre civile, avait rétabli en Côte d’Ivoire une fragmentation communautaire de type colonialiste de la société, brisé la nation, désocialisé et communautarisé l’Etat. L’indigence et la précarité des infrastructures et des équipements publics, la régression économique traduisirent cette division communautaire et cette démodernisation de la société ivoirienne.

C’est en cela que le programme identitaire du FPI national-populiste et des ethno-nationalistes du PDCI, centré sur la création d’une société culturellement homogène en Côte d’Ivoire, sur la restauration de la communauté ethnique contre la nation démocratique, et sur le rejet de la modernisation, fut anti-houphouëtiste autant qu’anti-démocratique.

En se raccordant au modèle du nationalisme modernisateur pour récuser ce programme anti-houphouëtiste, similaire au programme atomisant du colonialisme, le RHDP réconcilie la Côte d’Ivoire avec sa mémoire historique et politique. Il reprend, en le conformant aux exigences des temps nouveaux, le processus de modernisation et de construction de l’État national engagé depuis l’indépendance et qui avait été interrompu en 2000 au profit du modèle ethnique et communautaire de la société et de l’État.

Tel est l’esprit de la politique d’investissements massifs, de grands travaux d’infrastructures et de d’équipements publics auxquels œuvre le premier Ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly, sous la direction du Président de la République Alassane Ouattara à la tête du RHDP.

L’objectif principal du RHDP, en tant que gouvernement démocratique et républicain, est de renforcer la société nationale par la modernisation et l’intégration sociale afin de bâtir un État national en Côte d’Ivoire. Animé par cette intention, le programme politique et la politique économique du RHPD se situent clairement dans la continuité du nationalisme modernisateur de Félix Houphouët-Boigny.

Est mis en œuvre à cette fin, au moyen des grands-travaux et des investissements économiques massifs et judicieux, un travail de décloisonnement, d’ouverture sociale et d’intégration nationale du territoire. Les ponts, les routes et les équipements publics sont les médiations de ce travail d’intégration. Ils sont les symboles vivants de ce travail de modernisation dont procède la nation, espace ouvert qui réunit la diversité culturelle du territoire sous les lois communes de la République, et qui remplace de ce fait l’espace fermé des coutumes, des traditions et des privilèges,

La modernisation, comme le souligne Roger Bastide, transforme une communauté en société ouverte, «  c'est-à-dire dans laquelle aucun obstacle, de caractère ethnique, religieux, sexuel, ne s’oppose à la mobilité géographique, professionnelle et sociale des individus, où les statuts sont acquis par la capacité, non donnée par la naissance».

 La démocratisation, montre Alain Touraine, « transforme une communauté en société réglée par des lois et l’État en représentant de la société en même temps qu’en pouvoir limité par des droits fondamentaux. »

Mettre en œuvre une politique de modernisation consiste à construire les infrastructures et les équipements publics qui facilitent la mobilité géographique professionnelle et sociale des membres de la société. Cette politique consiste à réaliser des investissements massifs et judicieux qui mènent à l’industrialisation de l’économie. Elle consiste à mettre en place une éducation nationale et une formation professionnelle performantes, à promouvoir l’entreprise, à soutenir l’éclosion des talents et des capacités, à faire en sorte que ces talents et ces capacités déterminent l’ascension sociale des membres de la cité.

 Mettre en œuvre une politique de démocratisation consiste à réaliser des réformes institutionnelles qui permettent de gérer politiquement les conséquences sociales de la modernisation, qui renforcent la séparation des pouvoirs et des systèmes, qui confortent la représentativité sociale du pouvoir politique et la limitation de l’Etat par les droits de l’homme.

 Conjuguant ce programme politique et cette politique économique, animé par le souci de répondre à l’impératif d’unité des cultures nationales dans la citoyenneté républicaine et leur libre expression dans la pluralité démocratique, l’Etat ivoirien  opère comme agent de développement.

Inspirée par le nationalisme libéral modernisateur houphouëtiste qui donne un rôle de régulateur social à l’État dans l’économie libre de marché, la gouvernance du RHDP, animée par le souci de transformer la Côte d’Ivoire en État-nation, est à mille lieux de l’ultralibéralisme autant que de l’autocratisme. La glose des critiques sous-informées et malveillantes qui voient dans le gouvernement ivoirien un acteur local de l’ultralibéralisme, doit être récusée.

 

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