Partis politiques et ONG : une salutaire séparation des tâches en démocratie.

Un chef de parti politique n’est pas un chef d’ONG caritative. Quand un chef de parti va à la rencontre des populations en agissant sur le terrain comme agirait un chef d’ONG caritative, il viole le principe démocratique de séparation des systèmes du corps politique. Il contrevient à la règle de la division des tâches entre les associations volontaires de la société civile et les institutions de la société politique. Il pèche contre l’éthique du régime qui garantit l’autonomie des individus et des collectivités contre les empiètements des pouvoirs politiques. Cette intrusion est clientéliste.

Un parti politique est une institution de la société politique. Une ONG est une association volontaire de la société civile.

La redistribution en démocratie ne consiste pas en ce que le chef de l’État ou les chefs des partis politiques parcourent les campagnes du territoire pour distribuer aux populations des victuailles, des biens mobiliers et immobiliers.
Cette confusion des genres viole le principe de la séparation des systèmes et des pouvoirs.

La présence intrusive du député Soro Guillaume auprès de certaines communautés ethniques du Nord, en cette période de quasi précampagne électorale n’est pas celle d’un simple député qui vient apporter une assistance caritative volontariste et gratuite aux populations.

Derrière Soro Kanigui président effectif du RACI se dissimule Soro Guillaume président d’honneur mais en réalité chef potentiel de parti et candidat du Raci dans une stratégie habituelle de camouflage qui lui permet de réaliser incognito un agenda caché.

Un parti politique n’est pas une ONG. Le parti politique est une institution de la société politique. Son rôle est d'articuler l’État et la société civile dans un cadre régulier. Il doit rester dans sa sphère en vertu du principe de séparation des systèmes du corps politique.

Les ONG, les associations volontaires, les organisations corporatives de la société civile, le parti politique, les institutions de la société politique ont des attributions différentes.

La fonction institutionnelle du parti politique dans une démocratie pluraliste est d’agréger et de formuler en offre politique, les besoins des catégories sociales dont il défend les intérêts. Elle est de tenter de rassembler sur cette offre politique inclusive le vote majoritaire du peuple afin de prendre le gouvernement pour mettre en œuvre une politique d’intégration nationale.

L’Etat remplit son office social en combinant l’investissement et la redistribution dans le cadre d’une politique économique qui satisfait à la fois la demande de liberté et d’égalité.

Le rôle social d’une ONG caritative, dans le cadre de cette division du travail,  est d’apporter une assistance directe, sur le terrain aux catégories les plus fragiles de la société.

QUAND UN CHEF DE PARTI POLITIQUE NOTOIREMENT DÉNUÉ DE PROGRAMME SOCIAL MIGRE VERS LES COMMUNAUTÉS ETHNIQUES DURANT LES CAMPAGNES ÉLECTORALES POUR TENTER DE LES INSTRUMENTALISER, IL TRICHE ET SE COMPORTE EN DICTATEUR ET NON PAS EN DÉMOCRATE.
Dans une démocratie pluraliste, ces trois systèmes du corps politique sont séparés quoique coordonnées en raison de leur complémentarité (cf:cedea.net. « La séparation des pouvoirs en démocratie » 15 février 201905). Dans les dictatures, ou les régimes de parti unique, l’État, la société politique et la société civile sont confondus.

Un chef de parti, membre de la société politique et candidat de surcroît à la direction de l’État, ne devrait pas opérer comme chef d’organisation non gouvernementale (O.N.G) caritative de la société civile parcourant hameaux et villages pour distribuer des biens mobiliers et immobiliers aux populations afin de capturer un électorat.

En cette confusion délictueuse, s’opère un mélange inquiétant de genres qui ressemble furieusement à de la propagande politique hors la loi, à du clientélisme et à de l’achat des consciences.

Une telle entorse ouverte et cynique à la règle de la séparation des pouvoirs et des systèmes par celui qui fait mine de dénoncer ce délit politique, annonce UN PROFIL D’AUTOCRATE ET DE DICTATEUR EN PUISSANCE QUI N’HÉSITE PAS A VIOLER LES RÈGLES ET A SE RENIER AU GRÉ DE SES INTÉRÊTS PARTICULIERS ET DE SON AGENDA PERSONNEL.

Un programme systématique d’éducation politique du peuple ivoirien pourrait permettre de lutter contre ce type d’imposture gravissime qui menace au quotidien notre démocratie. Elle garantirait la pérennité de la République et de la démocratie en notre pays.

 

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