La question de la responsabilité politique du gouvernement FPI dans la crise post-électorale ivoirienne 2010.

En démocratie l’État est responsable de sa société. Réciproquement le citoyen est responsable de son État et de son gouvernement. Le gouvernement répond du bien-être et du mal-être de la population. C’est une obligation politique. Cette responsabilité irréductible a justifié la récente interpellation du gouvernement RHDP par certaines organisations associatives et par certaines ONG relativement à la problématique des déguerpis de la SICOGI.

Cette responsabilité de principe fonde l’impératif de reddition périodique des comptes. Elle est spécifique et distincte de la responsabilité pénale de type judiciaire. Il s'agit d'une responsabilité politique. Aucun gouvernement ne peut et ne doit en être exempté car tous les gouvernements sont tenus de répondre  de leur charge envers la population. Un gouvernement est politiquement fautif quand il se décharge de cette responsabilité civique.

Le cas étrange de l’ex-gouvernement FPI qui refuse jusqu’à ce jour d’assumer cette responsabilité politique envers le peuple ivoirien dans les massacres de masses perpétrés en Côte d’Ivoire durant son mandat pose donc problème.

Sur ce registre, l’indifférence des organisations associatives et le silence assourdissants des ONG de défense des droits de l’homme devant cette non-reconnaissance qui est manifestement l’obstacle majeur de la réconciliation est donc incompréhensible.

L’absence de preuve matérielle attestant l’implication directe et individuelle des membres du gouvernement FPI dans les crimes massifs commis durant la crise post-électorale, ne signifie guère que les membres de ce gouvernement soient politiquement innocents. Les membres du gouvernement FPI et leur chef Laurent Gbagbo sont politiquement fautifs pour s’être déchargés de leur responsabilité de défendre l’unité de la société nationale ivoirienne, d’assurer la sécurité des citoyens, de protéger les minorités. La rupture de l’unité nationale doit être politiquement portée à leur débit.

De même qu’au niveau individuel la reconnaissance de leur crime par les coupables est la condition préalable de leur demande de pardon aux victimes comme le soulignent les comités d’éthique, l’assomption de sa responsabilité politique est nécessaire au rétablissement de la confiance entre un gouvernement et sa population. Cette reconnaissance aide à retisser fils du corps social et politique.

L’assomption publique de cette responsabilité politique par les membres du gouvernement FPI et par son chef Laurent Gbagbo lui-même en cette période de l’histoire de notre pays est l’une des conditions irréductibles de la réconciliation nationale.

Je m’étonne que les éminents juristes ivoiriens et les ONG et organisations associatives chargés de la problématique de la réconciliation nationale n’en aient dit mot jusqu’à ce jour. Ce silence coupable légitime le refus par  l’ex-gouvernement Gbagbo d’assumer sa responsabilité politique. Il fait croire à la population que le gouvernement Gbagbo est politiquement innocent des massacres de masse commis sous sa gouvernance dans notre pays. Ce silence légitime politiquement le gouvernement FPI et son chef en soutenant leur position victimaire.

Apparemment portée par certains réseaux locaux et étrangers cette irresponsabilité systématiquement organisée pour entretenir la confusion entre culpabilité pénale et faute politique au profit de l’ex-régime est dangereuse pour la démocratie ivoirienne. Elle porte un coup de canif dévastateur au principe de responsabilité politique que le gouvernement RHDP assume pleinement essayant de l’instituer par l’exemplarité comme culture civique en notre pays.

Sous cette perspective le pèlerinage honteux vers la Haye précédemment initié  par certains parlementaires ivoiriens au plus haut niveau pour soutenir Laurent Gbagbo, le symbole ivoirien de l’irresponsabilité politique, doit être porté à leur débit en matière de crédibilité politique. Ce pèlerinage est une caution parlementaire portée à cette irresponsabilité qui viole l’intégrité de la Nation et nie la citoyenneté.

Ce pèlerinage parlementaire de reconnaissance au symbole ivoirien du national-populisme signifie que l’Etat est en droit de refuser de répondre du sort de certaines catégories sociales dans la communauté nationale. Il légitime le massacre dont furent victimes les catégories sociales arbitrairement décrétées apatrides par l’ex-gouvernement. Il justifie l’inégalité, l’oppression et la ségrégation les ivoiriens. Cette attaque frontale perpétrée au niveau parlementaire contre le principe démocratique et républicain de responsabilité politique et de similarité citoyenne fait saillir le caractère démagogique du discours de la réconciliation que ces acteurs politiques ivoiriens, en recherche éperdue d’alliance politique avec le FPI, estiment porter.

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