Côte d’Ivoire : le rôle de la société civile face à l’échiquier politique ivoirien.

La configuration de l’échiquier politique ivoirien est singulière. Cette singularité inquiétante appelle un engagement citoyen en vue de préserver les acquis démocratique et la stabilité politique de notre pays. En quoi consiste cette singularité de notre échiquier ?

La coalition RHDP au pouvoir est démocratique et républicaine. Sa gouvernance le prouve. L’opposition est, quant à elle, majoritairement constituée par des formations anti-démocratiques et anti-républicaines qui se réclament du nationalisme défensif et du national populisme. Les formations démocratiques et républicaines de cette opposition peinent à se définir idéologiquement et à représenter une base sociale clairement identifiée.

La configuration normale d’un échiquier politique sous le régime de la démocratie républicaine, qui est par essence inclusive, consiste en ce que le gouvernement de l’Etat et l’opposition soient assurés par des partis de centre-droit et de centre-gauche, et que les extrêmes se retrouvent dans les marges de l’opposition. Tel n’est pas le cas dans notre pays. Les extrêmes revendiquent l’exclusivité de la direction de l’Etat, intentent un procès en délégitimation sous diverses formes contre les partis du centre droit et du centre-gauche qui peinent à se définir comme tels, en raison de la prégnance du modèle communautaire et ethnique. « L’opposition » ivoirienne est donc, en ce moment, constituée quasi-exclusivement par les extrêmes dont le FPI, parti national-populiste d’obédience réactionnaire,  est la figure emblématique.

Revendiquant la direction et le monopole de cette « opposition », en raison de sa conception de la lutte politique comme guérilla, il est cependant courtisé par les autres formations, en dépit de son pedigree antidémocratique et illibéral. Une alliance politique opportuniste, entre cette extrême gauche populiste et la frange identitaire du PDCI, est en passe d’être conclue. Les leaders de la brutalisation du syndicalisme étudiant, des années 1985 jusqu’aux années 2010, tentent de se regrouper sous un modèle antidémocratique comme en témoignent leurs mots d’ordre de transition générationnelle, de leader générationnel et leur vision du dirigeant de l’Etat comme homme providentiel en fusion avec le peuple.

Cette configuration, marquée par la pauvreté du débat programmatique et sociétal, où semble dominer une logique de conquête de l’État par tous les moyens, est inquiétante. Réclamant l’exclusivité de la direction de l’État, en cohérence avec sa logique anti-démocratique de front de combat contre un envahisseur fantasmé, le FPI a déserté son rôle d’opposition en raison de son anti-républicanisme foncier. Sa vision du monde est structurée par un modèle anti-démocratique.

Dans ces conditions, le rôle de contre-pouvoir actif ne peut pas être assuré par l’opposition. Ce rôle revient à la société civile qui doit, par une critique constructive, contrôler à la fois le Gouvernement et « l’opposition » dite officielle. La société civile ivoirienne doit donc jouer sa partition  citoyenne dans cette configuration singulière inédite.

L’un des obstacles immédiats, qui se dresse devant ce devoir patriotique, est la fragmentation communautaire de notre société civile qui a ébranlé la conscience de la citoyenneté. L’incorporation politique de nombreuses organisations de la société civile ne rend pas la tâche aisée. Nous avons donc du pain sur la planche. Nous devons cependant nous y engager à fond et les Ivoiriens peuvent relever le défi parce qu’ils sont épris de paix, et ne veulent en aucun cas revivre la guerre civile.

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