L'éducation a pour fonction première la formation d'individus autonomes capables de s'éclairer par leur propre raison, de construire leur histoire personnelle et leur projet de vie en s'aidant de leur propre entendement. Le but principal de l'éducation moderne est de briser le régime des tutelles. Il est de construire et de libérer l'individu.
Nous en sommes encore loin en Afrique où le régime pré-moderne des tutelles continue de dominer sous plusieurs formes: tutelle politique des autocraties et des dictatures ; tutelle économique des économies de rente et de monopole ; tutelle sociale du contrôle communautaire; tutelle multiforme donc qui contribue à entretenir un état de minorité permanente favorable aux régimes d'oppression ; tutelle globale qu'entretient une diffusion industrielle de l'obscurantisme et de l'ignorance par le biais de systèmes éducatifs lacunaires.
Le problème majeur dont souffre l'Afrique est l'obscurantisme diffusé par les classes politiques en lutte pour le pouvoir et par leurs intellectuels organiques. C'est l'obscurantisme public industriellement fabriqué par l'instrumentalisation politique de l'ethnicité et des confessions, les manipulations mentales, l'intoxication des opinions publiques et la désinformation.
Nous en avons un exemple en Côte d'Ivoire où des thématiques artificielles fabriquées de toute pièce par les idéologues des appareils partisans, telle la thématique de la "réconciliation corporatiste" des acteurs politiques maquillée en réconciliation nationale, tentent de s'imposer comme problématique centrale de la Présidentielle ivoirienne au détriment du débat programmatique et sociétal. Nous en avons un exemple avec la notion fumeuse de "transition générationnelle" fabriquée de toute pièce par un apologète bien connu pour les besoins des ambitions politiques de son maître et de sa faction.
Cette fabrication industrielle de l'ignorance publique et de la confusion par les acteurs politiques et leurs intellectuels organiques qui manipulent, déforment et monopolisent les codes d’accès aux divers systèmes de la modernité est la racine de toutes les arriérations et de toutes les régressions.
Il importe pour cela de fonder l'éducation sur le développement de l'esprit critique, de la conscience et du sens de la citoyenneté et surtout sur la maîtrise de toutes les formes de rationalité. C’est à cette condition que la démocratie, médiation nécessaire du développement endogène dans le cadre de l’économie de marché, pourra réaliser ses promesses en Afrique.
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