Pseudo-rencontre Gbagbo-Bédié à Bruxelles : la signification profonde d’une rencontre sur fond de duperies.

Après de nombreux atermoiements, se confirme, sous l'éclairage de la pseudo-rencontre Bédié-Gbagbo à Bruxelles,  le fait que l’échiquier politique ivoirien est désormais restructuré en un bipartisme opposant une coalition républicaine libérale centriste, progressiste et moderniste incarnée par le RHDP et une plate-forme ethno-populiste antilibérale extrémiste, réactionnaire et  antimoderniste incarnée  par l’axe Bédié-Gbagbo.

Les thématiques, les éléments de langage, les discours politiques, les actions des deux  protagonistes de cet affrontement bipartisan sont sans équivoques.

Le RHDP parle de construction nationale, d’inclusion sociale,   d’intégration nationale et internationale des économies, de modernisation économique, d’infrastructures et d’équipements publics,  d’investissements et de redistribution, de croissance et de répartition du produit national, de reforme des structures et des institutions en vue de bâtir un Etat-nation, de développement. L’accent est mis ces derniers temps sur la politique de l’emploi des jeunes.

Le  PDCI de Henri Konan Bédié et le FPI de Laurent Gbagbo auxquels s’agrègent dans l’informel  des fractions et des micro-partis sans réel représentativité tels le RACI de Soro Guillaume, l’URD de Danièle Boni Claverie et Vox Populi de Yasmine Ouegnin parlent au contraire de lutte de libération nationale, de résistance guerrière contre une invasion étrangère de la Côte d'Ivoire, de la restitution de l’économie, de la société et de l’Etat à une population de soi-disant autochtones floués et spoliés par "des étrangers venus de pays environnants".

«  Le FPI et le PDCI proclament le temps des actions » titrait le journal partisan La Voie du FPI le 22 Juillet comme en écho aux propos d’Henri Konan Bédié  le chef du PDCI déclarant  être disposé à agir en temps opportun contre de prétendus orpailleurs armés introduits par le gouvernement RHDP en Côte d’Ivoire pour spolier les Ivoiriens. «  La machine Gbagbo-Bédié en marche pour sauver la Côte d’Ivoire » titrait  en Une le 10 Juillet dernier l’un des journaux partisans du FPI.

A Bruxelles, il fut donc question d’une pseudo-rencontre entre deux chefs réunis  dans un projet de restructuration identitaire de la Côte d’Ivoire, si besoin est, au moyen de l’insurrection populaire et  de la guerre civile.

Dans son interview au journal le Monde du mercredi dernier 31 Juillet 2019,  Henri Konan Bédié a repris,  conséquemment, la thématique identitaire de la lutte de libération nationale contre une invasion étrangère.

 La CEI est sous cette perspective  dénoncée comme étant un dispositif destiné à légaliser cette spoliation politique. Il s’agirait alors de reformer la CEI de telle sorte que les autochtones la mettent  sous leur contrôle pour reprendre l’initiative. Exigée par l’axe Bédié-Gbagbo, la reforme de la CEI n’est pas une demande démocratique d’impartialité. C’est une stratégie de conquête d’un bastion de lutte  identitaire.  

Brandie depuis toujours  par le FPI et maintenant par le PDCI  comme argument de campagne et  raison d’être d’une opposition sans concession au gouvernement RHDP accusé d’avoir échoué à réconcilier les Ivoiriens, la thématique de la réconciliation nationale s’avère, sous cet éclairage, désigner une réconciliation entre de soit- disant « autochtones  » spoliés de leurs terres et de leur Etat par des étrangers. La thématique de la reforme de la CEI s’avère, de même, être une thématique identitaire. (Cf : la thématique-valise de réconciliation nationale arnaque politique du nationalisme communautaire contre la démocratie en Côte d’Ivoire, cedea.net, 19 février 2018» cedea).

Les revendications prétendument sociales du PDCI-Bédié instrumentalisant, de manière ouvertement opportuniste, les problèmes sociaux tels celui de l’orpaillage clandestin, la résistance prétendument souverainiste du FPI guerroyant depuis 2010  pour la libération de son chef prétendument destitué par un complot internationale et inculpé à l’étranger avec la complicité d’un gouvernement à la solde de l’étranger  cachent  mal un programme  ethno-populiste de guerre civile.

Le bloc identitaire ivoirien Bédié-Gbagbo  reproche  en réalité au gouvernement RHDP d’être indifférent à « l’invasion » du pays par des étrangers comme l’avoue Henri Konan Bédié le chef du PDCI dans son interview surréaliste au journal le Monde. Cette accusation stigmatise en réalité un gouvernement prétendument  dirigé par un étranger  à la solde d’intérêts étrangers  et présenté ,en tant que tel, comme un ennemi de la société ivoirienne

Henri Konan Bédié et son PDCI, Laurent Gbagbo et son FPI reviennent donc à leurs vieux démons : la manipulation et l’instrumentalisation de l’identité ethnique dans un objectif purement électoraliste de capture et de patrimonialiste du pouvoir. Henri Konan Bédié renoue de manière opportuniste avec le FPI de Laurent Gbagbo dans  un axe de guerre  en remobilisant ses thématiques identitaires habituelles. (A suivre)

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