Présidentielle 2020 en Côte d’Ivoire : la différence entre gouvernance programmatique et gouvernance erratique.

La gouvernance programmatique est démocratique. La gouvernance erratique est anti-démocratique. La gouvernance programmatique respecte le principe élémentaire de la démocratie qui consiste à porter publiquement à la connaissance du peuple, plusieurs mois avant l’élection présidentielle, le programme des candidats qui sollicitent son vote. La gouvernance erratique viole ce principe élémentaire. Piétinant la souveraineté du peuple, elle cache sa vacuité programmatique sous le silence.

En démocratie pluraliste les candidats à l’élection présidentielle sont tenus  de déclarer publiquement leur  programme économique et politique au peuple souverain. Ils sont éthiquement obligés de l’éclairer à travers des débats programmatiques contradictoires. Il faut que les citoyens puissent « choisir leurs gouvernants avec une idée aussi claire que possible des implications et des conséquences de ce choix dans les principaux domaines de la vie collective ». Il n’y a pas de « libre choix des gouvernants par les gouvernés si les électeurs ne savent pas quelle sera la politique économique, sociale, ou internationale des élus ».

 Assujettissant, conformément à ce principe fondateur de la démocratie,  l’exercice du pouvoir à la satisfaction des besoins de la société et à l’intégration de la cité, la gouvernance programmatique réalise un programme économique et politique déclaré, inspiré par les demandes de la société globale. Son projet sociétal est inclusif et structuré par une obédience idéologique déterminée. La gouvernance programmatique construit et renforce la Nation. Elle bâtit et consolide la citoyenneté. Elle promeut l’émancipation des peuples et travaille à la réalisation de leur bonheur en combinant l’existence d’investissement et l’impératif de redistribution pour construire le développement endogène.

La gouvernance erratique est au contraire dénuée de programme et de projet sociétal inclusif. Elle viole d’emblée le principe démocratique de déclaration publique du programme. Elle contrevient ainsi à la règle démocratique du libre choix des gouvernants par les gouvernés. Elle soumet donc les gouvernés à l’arbitraire du pouvoir des gouvernants. Elle est en conséquence un fléau pour les peuples dont elle fait le malheur et pour les Etats qu’elle décompose. Elle travaille à la désintégration des nations, à la division des peuples, à la reproduction du dénuement public et de la pauvreté de masse.

Ces caractères opposés se traduisent concrètement par des actions gouvernementales spécifiques qui se rapportent au respect du cahier de charge des obédiences idéologiques.

La gouvernance programmatique de type libéral donne la priorité à la concentration de l’investissement  sans oublier la redistribution. Elle construit  les infrastructures, les voies de communications et les équipements publics. Ces supports matériels du libre-échange et du commerce permettent la libre circulation et la rencontre des biens et des personnes dont dépendent la production de la richesse nationale, la modernisation de la société et l’édification d’un sentiment d’appartenance commune. Soucieuse de laisser s’exprimer la liberté en ses dimensions culturelles politiques et économiques, cette gouvernance  promeut l’entreprenariat et la consommation afin de mobiliser, à cet effet, les génies culturels, les talents individuels et les capacités personnelles.

La gouvernance programmatique de type socialiste ou social-démocrate, quant à elle, donne la priorité à la redistribution du produit national en direction des catégories les plus fragiles et les plus démunies de la société  sans rejeter l’investissement et l’Entreprise, dont dépendent la croissance et le développement économique. Elle se soumet en cela au principe d’égalité qui régente  son obédience.

Soucieux du service de l’intérêt général et du bien commun ces deux gouvernances programmatiques se préoccupent de la pérennité des cadres institutionnelles  qui garantissent la continuité de la République et du service public. Cette haute conscience de l’intégrité de la cité détermine occasionnellement la formation de coalitions républicaines entre partis centristes d’obédiences idéologiques différentes contre l’extrémisme  politique qui désintègre les Etats.

A l’opposé de cette gouvernance programmatique d’obédience libérale ou socialiste, la gouvernance erratique  est au contraire dénuée de programme et de projet sociétal inclusif. Elle est insoucieuse de l’intérêt général et du Bien commun. Elle est caractérisée par une absence d’identité idéologique précise. Elle navigue à vue et cherche à tâtons son chemin en suivant les contingences et les modes du moment. Elle capte sans vergogne les thématiques populistes qui circulent dans l’air. Elle sombre dans le national-populisme et l’extrémisme. Elle trahit donc constamment ses déclarations, ses promesses et les obédiences idéologiques dont elle se réclame au gré des circonstances.

Portant circonstanciellement le socialisme ou le libéralisme comme un masque recouvrant un visage creux et informe, elle mélange les genres dans une désorganisation insigne. Cette dernière est caractérisée par l’explosion endémique de tous les maux liés à la confusion des systèmes qui constitue encore la marque distinctive de nos corps politiques en Afrique. (cf. La séparation des sous-systèmes sociaux, condition du développement endogène en Afrique au 21ième siècle. Cedea.net 1er Juin 2018)

Les pédigrées antithétiques et frontalement opposés des gouvernances programmatiques et des gouvernances erratiques, se révèlent à travers la nature des campagnes qu’elles mènent pour solliciter le vote des peuples. (A suivre)

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