LE RHDP, CE BEAU CADEAU DU DESTIN TOMBĒ PARMI DES PLANTES ĒPINEUSES

DIBI Kouadio Augustin

Professeur Titulaire de Philosophie,

Université Félix HOUPHOUËT BOIGNY de Cocody

LE RHDP, CE BEAU CADEAU DU DESTIN TOMBĒ PARMI DES PLANTES ĒPINEUSES

L’actualité politique, comme elle va dans notre pays, ne donne-t-elle pas à réfléchir ? Les choses se passent en effet comme si la pensée et la raison avaient été mises en vacances pour le règne de calculs n’ayant d’autre but que l’affirmation fiévreuse du MOI, dans l’oubli que la république est la communauté des hommes raisonnables, soucieuse de ce qui rassemble en vue du Bien…

L’on entend, de plus en plus, parler de rapprochement ou d’alliance avec une formation politique nous ayant pourtant servi des fruits amers. L’idée même d’un tel rapprochement donne à croire que tous les compromis sont possibles en politique, que celle-ci serait sans éthique, et que seuls importent la conquête et l’exercice du pouvoir ! Parvenir à conquérir et à exercer le pouvoir saurait-il constituer une fin en soi, un but substantiel ? Notre pays est vraiment à plaindre d’avoir des hommes politiques oubliant que l’exercice du pouvoir est lui-même un moyen en vue d’une fin. Il est ordonné au désir que demain soit meilleur qu’aujourd’hui, que fleurissent les conditions de l’avènement d’une société davantage épanouie, ouverte sur l’universel, brillant de la lumière de la fraternité, soucieuse d’offrir une demeure à la veuve, à l’orphelin, à l’étranger et à toute faiblesse.

Si l’on pense qu’en politique, sont possibles tous les compromis et toutes les alliances, on perd de vue cet horizon fondamental du Bien sans lequel la politique elle-même ne serait rien d’autre qu’un métal qui résonne, une cymbale retentissante ! Dans ce cas, pourquoi ne pas demander à un buisson d’épines de nous gouverner ? Un passage du Livre des juges dans l’Ancien Testament, chapitre 9, versets 7 à 15,  raconte qu’Abimélek réussit, pendant quelques temps, à se faire roi de Sichem, en payant des vauriens pour le suivre. Un sage, Yotam, met en garde ses compatriotes contre les injustices qui risquent de survenir. Il le fait en mettant en scène des arbres qui élisent comme roi un buisson d’épines, c’est-à-dire, l’arbre le plus inutile, le moins significatif et le plus dangereux, en ce qu’il peut propager un incendie, au point de détruire les cèdres du Liban, solides, majestueux et utiles. La leçon à tirer de cette fable n’est-elle pas que c’est contribuer à enlaidir la vie sociale que de porter au pouvoir une personne qui, en elle-même, est le nid des instincts les plus désordonnés, qui cherche à tâtons la porte de sa propre maison et qui est absolument incapable d’offrir une vision porteuse de paix ?

Le PDCI qui a conçu, façonné et gouverné pendant des décennies notre pays, ne doit-il pas nous enseigner lui-même cette sagesse, à un moment important de notre histoire ? La seule manière de pérenniser la mémoire du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY et de son projet politique n’est-elle pas de rassembler, comme dans une forge alchimique, les membres épars issus de la maison, sous la forme d’un parti politique façonné dynamiquement par les expériences et les aventures de l’identique à soi s’étant différencié ? C’est bien ce qui est visé à travers le RHDP qui, en quelques années seulement, a réussi à faire passer la Côte d’Ivoire de l’ensablement et de l’opacité pétrifiée à la stabilité rayonnante, de l’horizontalité à la verticalité. Le PDCI, ce grand parti fondé par le premier bâtisseur de notre pays, n’a pas à chercher à se maintenir en une identité fixe et figée. Bergson souligne que l’éternité n’est pas une éternité de mort, d’immutabilité, mais une éternité de vie et de mouvement. Ce parti n’a plus rien à prouver. Qui nierait qu’il a su poser les fondations et les colonnes de la Côte d’Ivoire avec une force et une sagesse telles qu’elles résistent à toutes les crises que nous avons connues ?

Suivre le Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, poursuivre son œuvre, le laisser demeurer en nous, c’est au moins nous rappeler que cet homme aimait ce qui est beau, grand et noble. C’est pourquoi il convient que le PDCI  s’élève à un sens dialectique. Ce sens dialectique consiste à se pousser vers  le maximum de lui-même, en se rendant fluide pour aller à sa vérité, le RHDP. Ce parti honore son propre concept en œuvrant en vue d’une unification. Il rend service à lui-même en allant résolument dans le sens du RHDP, car le Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY ne nous a pas laissé un fétiche, une idole, mais une flamme à entretenir comme le feu dans la cheminée et à raviver afin qu’elle brille en myriades de scintillations. Comme le souligne le profond Platon, « par un exercice parallèle, par un frottement semblable à celui de deux allume-feux, ensemble nous pourrions faire jaillir la lumière ».

DIBI Kouadio Augustin

Professeur Titulaire de Philosophie,

Université Félix HOUPHOUËT BOIGNY de Cocody

 

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