Réclamer une loi contre les fausses informations en période électorale, est politiquement fondée en raison.

Mon propos, en commentaire, de l'article du journal LeMonde intitulé " Macron souhaite une loi contre les fausses informations en période électorale", a suscité la défiance d’un certain nombre d’internautes. En commentaire de cet article, j’avais formulé cette interrogation : «  et si l’on s’en inspirait dans notre pays (la Côte d’Ivoire) pour y protéger la Démocratie et la République en période électorale ? ». Confondant la liberté de parole avec ce qu'elle n'est pas, certaines personnes ont cru bon d'y aller de leurs clics rageurs. A ces censeurs (oh ironie du sort) qui se croient à tort protecteurs de la liberté d'expression, a manifestement échappé l'expression " en période électorale", une condition restrictive qui montre bien que la loi projetée est destinée à préserver la déclaration de la volonté générale contre toute forme de manipulation. Cette confusion de la liberté de parole, d’expression et d’opinion avec la liberté de dénigrer, d’insulter et de désinformer est une dérive préjudiciable à la démocratie. Il importe de dénoncer cette méprise et de justifier rationnellement et argumentativement cette dénonciation afin de sauvegarder la critique et la surveillance des pouvoirs qui protègent et soutiennent la démocratie contre le populisme sa forme pathologique. Je montrerai à cet effet, dans une contribution à venir dans cedea.net et en m’inspirant de la métaphysique de la notion de liberté, ce qu’elle est en tant qu’expression du libre-arbitre (arbitrium liberum) et en quoi elle se distingue en tant que telle de l’arbitre brute (arbitrium brutum). Quand cette forme dévoyée du libre-arbitre s’importe  dans les Etats de droit, elle menace le Droit, la Liberté et la Dignité humaine. Elle menace d’euthanasier la démocratie, en assurant le triomphe du populisme.

Il importe donc prendre en compte cette précision capitale en ces temps troublés où la liberté d'expression est réduite à la liberté d'insulter et de piétiner la dignité d'autrui, et la surveillance démocratique des pouvoirs, au populisme.

La liberté d'opinion et de parole ne se confond pas avec le mensonge, le dénigrement, l'insulte, la diffusion de fausses informations. La surveillance démocratique des pouvoirs ne se confond pas, non plus, avec le populisme qui est une pathologie de la démocratie de surveillance et de vigilance.

Réduire la liberté d’expression au fait d’insulter, de mentir, de dénigrer, de diffamer, et de désinformer c'est errer et attaquer la liberté. Réduire la critique des pouvoirs à leur stigmatisation compulsive, au fait de constituer les autorités gouvernantes d’un Etat démocratique en puissance ennemie radicalement extérieures à la société, c'est sombrer dans le populisme.

Au sens propre, qu'est-ce que le populisme? Le populisme est à la fois une pathologie de la surveillance et de la vigilance démocratique et une pathologie de la souveraineté d'empêchement. Il se rattache « à des expressions politiques de crise apparues pour la 1ère fois vers la fin du XIXème siècle lorsque se multiplièrent dans de nombreux pays les partis "anti-systèmes" (cf Pierre Rosanvallon.

Que ces critiques débridées fassent le lit de l'accession au pouvoir de partis liberticides témoignent éloquemment de ce que la liberté démocratique ne se confond pas avec le libertinage du discours, avec la déraison. A certains je donnerai ce conseil: Il importe d'ouvrir de temps en temps des livres sérieux pour s'informer afin de participer de manière constructive au débat démocratique. N'en déplaise à ceux qui ne le savent pas,par ignorance personnelle: La liberté de parole et d'opinion ne se confond pas avec le mensonge, l'insulte, le dénigrement et la désinformation. La liberté humaine est limitée par le Droit et par les principes de la conscience, qui sont les formes et les principes de la liberté dans son usage externe (La liberté extérieure) et dans son usage interne (la liberté interne). Autrement dit la liberté humaine s’exprime en se limitant elle-même. Telle est l'attitude normale du sujet rationnel et de l'homme bien éduqué qui s’affirme comme tel en respectant Autrui et sa dignité. Cette déclinaison de la liberté traduit la capacité de l’homme à se constituer comme sujet politique, à se définir et à exister comme citoyen. C’est la condition de possibilité de la Démocratie et du salut de République.

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