La dialectique du moi et de l’Autre. Une contribution du Dr Sahidi Bilan de l’Université de Sunderlans. Londres

Dr.phil.Sahidi Bilan

Senior Lecturer Undergraduate.

 Programme Manager University of Sunderlans in London.

La dialectique du moi et de l’Autre

 La première partie de ce texte a révélé le rapport d’extériorité extrême dans lequel l’Afrique et l’Occident se trouvent. Le rapport d’assimilation de l’Afrique par l’imposition des modèles de développement économique et politique a conduit plus à l’éloignement des deux pôles qu’à leur rapprochement ou unification. Il nous semble que les deux pôles sont dans un rapport dans lequel la différence est devenue, pour ainsi dire, indifférente, parce que la différence est atrophiée. l’Autre est perçu comme une pure et simple extériorité et même frappé d’anathème.

Si la différence est ossifiée au point qu’elle semble n’être reliée à rien, parce qu’elle n’existe que pour soi-même, n’est-ce pas la solitude qui finit par s’installer, car l’indifférent est devenu amorphe, rigide. Dans cette solitude de l’indifférent, c’est la monotonie qui devient le décor. L’indifférent comme tel s’éclipse car il est tout et il n’est rien à la fois. Ceci est aussi valable à l’autre pôle de la relation, c’est-à-dire le moi ou l’ego. En d’autres mots, si le moi est absolument un moi, ce qu’il a perdu la détermination d’être un moi. Pareillement, si le diffèrent, c’est à dire l’Autre est complétement différent, Autre, il n’est alors plus un différent.

Ce qui résulte d’une telle relation dans laquelle les deux extrêmes sont radicalement différents, c’est l’autodestruction de la relation sur le coup de sa propre lourdeur. Car le moi et l’Autre perdent leur détermination d’être des pôles d’une relation. Une relation implique au moins deux ou plusieurs éléments en liaison. Ainsi, la destruction d’un des éléments de la relation conduit inéluctablement à la destruction de la totalité de la relation ; ou encore à l’autodestruction pure et simple des éléments en rapport. A un niveau plus concret, il est facile a comprendre que le rapport entre les états est plus déterminé par l’économique et les intérêts d’ordre stratégique que des considérations d’amitiés. C’est ce qu’il est convenu d’appeler la Realpolitik.

Ce type de relation que les états entretiennent est de l’ordre de la raison instrumentale qui est définie par Taylor, C. (1992, p.15) comme «Le type de rationalité sur lequel nous misons pour calculer l’application la plus économique en vue d’une fin donnée.» Ainsi définie, la raison instrumentale est manipulatrice, calculatrice, exploiteuse et utilise tout ce qui est disponible comme un organon pour atteindre une fin. Dans ce sens la fin justifie les moyens. Les intrigues, la calomnie, l’humiliation, l’accusation sont des instruments utilisés pour assujettir, vilipender et momifier L’Autre, parce que l’Autre est simplement perçu comme un pur ob-jet dénué de toute raison d’être. L’Autre est vu comme un étranger, être animé ou inanimé, et peut-être un moyen pour arriver à une fin.

En politique, l’adversaire en tant qu’Autre peut être utilisé pour souvent satisfaire des desseins égoïstes, macabres et lugubres. L’Autre est autre et ne doit exister que parce qu’il sert à l’affirmation du Soi ou du même. Ainsi l’Autre est-il le plus souvent vu comme le différent, le lointain, l’étrange, l’étranger, celui qui n’est pas soi. Cependant à y regarder de près l’Autre est l’Autre de soi. Cela signifie que l’Autre est une part de moi. N’est-ce pas cela ma vue de l’Autre? Qu’en est-il de la vue de l’Autre de moi? Autrement dit, comment l’Autre me perçoit-il? Pour l’Autre je suis aussi un Autre, un Autre de l’Autre. Cela signifie que j’appartiens à l’Autre en tant qu’Autre. Dans cette relation du moi à l’Autre, nous avons affaire à une double relation: une relation de deux moi et une relation de l’Autre à l’Autre. Cela signifie que chaque moi est un Autre et chaque Autre est un moi. Autrement dit, si l’Autre est un moi et le moi est un Autre, nous avons alors affaire à une relation d’un moi à un autre moi, rapport dans lequel chaque moi est un Autre. La relation ainsi définie est une relation d Altérite.

Il suit de ce qui précède que l’Autre n’est pas un anathème, ni un épiphénomène. L’Autre n’est pas un étranger dans cette relation d’extériorité. Pourquoi? Le moi émerge comme moi par le biais et la médiation de l’Autre. Toute affirmation ou définition est détermination ; omnis determinatio est negatio disait Spinoza. En d’autres termes, quelque chose ne peut se poser qu’en s’opposant. Ainsi le Posé est constitutif du Posant. La relation des deux pôles de la différence est un rapport intrinsèque. Cela signifie que toute négation de l’Autre est nécessairement et de manière réflexive une négation du moi comme l’autre aspect ou pôle de la différence. La différence est ainsi constitutive, le non fonctionnement d’un pôle affectera nécessairement l’autre.

L’Autre n’est pas un autre, c’est à dire quelque chose ou quelqu’un de radicalement différent; bien au contraire, il est l’Autre de soi-même. C’est dire qu’un rapport d’interaction s’est toujours déjà opéré des lors que deux entités s’impliquent dans une relation. De ce rapport d’interaction, des principes éthiques sont inexorablement et dialectiquement présupposés. Comme déjà discute dans le paragraphe précèdent, les principes d’égalité, d’intersubjectivité, de respect mutuel, de solidarité etc. sont constitutifs de tout rapport dialogique. Ces principes éthiques sont les bases d’une éthique de la responsabilité, de la solidarité et de la justice et ils ont une fonction régulatrice du politique.

Dr.phil.Sahidi Bilan

Senior Lecturer Undergraduate.

 Programme Manager University of Sunderlans in London.

 

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