Le pavé anti-Alassane Dramane Ouattara et pro-Gbagbo de Mme Fanny Pigeaud est-il crédible ? 1ère partie

Une investigation critique de la thèse complotiste et conspirationniste de Mme Fanny Pigeaud dans « France-Côte d'Ivoire, une histoire tronquée. »

Ce n’est un secret pour personne l’Etat français continue d’être présent en Afrique pour y défendre ses intérêts géostratégiques et les intérêts commerciaux et culturels des différentes organisations et corporations de sa société civile. Il en est de même pour toutes les anciennes puissances coloniales européennes et même pour les Etats Unis d’Amérique, et la Russie sans oublier la Chine. Les diverses méthodes coloniales d’administration directes ou indirectes des territoires ont eu pour objectif de pérenniser cette présence en impliquant activement des relais locaux placés sous la tutelle de réseaux plus ou moins occultes. A la françafrique de droite a répondu, dans cette perspective, une françafrique de gauche dans une logique de compétition en vue de la prépondérance des obédiences et des intérêts factionnels hexagonaux en Afrique. Cette présence notoire ne doit pas faire oublier celle des réseaux secrets britanniques, chinois et russes, qui continuent d’opérer en Afrique, abrités derrière le paravent des nationalismes factices et des imprécations anticolonialistes de certaines élites locales.

A l’occasion du brûlot anti-Ouattara de Mme Fanny Pigeaud qui prétend dénoncer, sous le mode de l’objectivité journalistique, le prétendu « truquage » de l’élection ivoirienne de 2010 par la Finance mondiale, et la prétendue intronisation en Côte d’Ivoire d’un pion de la françafrique de droite en complicité avec ce monde de la Finance, la question qu’il convient de poser est celle de la légitimité démocratique réelle de son joker,  Laurent Gbagbo, qui on le sait accéda à la présidence de la République de Côte d’Ivoire en 2000 à la suite d’une élection calamiteuse.

Répondre à cette question c’est attirer l’attention sur une évidence qui n’échappe  qu’à ceux qu’aveuglent les œillères du conspirationnisme et du complotisme à la Thierry Meyssan : En démocratie un gouvernement perd le pouvoir à l’élection présidentielle  quand il  a, durant l’exercice de sa mandature, déçu l’attente des populations et trahi ses promesses. Cette règle démocratique qui est vraie en France et dans les démocraties occidentales l’est aussi en Afrique et pour les jeunes démocraties africaines aux peuples lucides et  épris de liberté

Répondre donc  à cette question, c’est dévoiler la partialité d’un livre écrit sous le mode du conspirationisme et du complotisme et qui, sous le masque de l’objectivité de l’enquête journalistique, prend ouvertement position en faveur de l’ex-président ivoirien pour des raisons étrangères, qui renvoient à la guerre  que les factions idéologiques hexagonales, se livrent en Afrique vue d’occuper le terrain. Cette compétition se situe, en effet, dans la droite ligne de l’interventionnisme hexagonal justement dénoncé par Médiapart.

Laurent Gbagbo, le prétendu nationaliste, fut-il le Président indépendantiste et anticolonialiste d’une Côte d’Ivoire qu’il prétendait vouloir libérer de la tutelle des réseaux hexagonaux? A-t-il gouverné la Côte d’Ivoire en socialiste soucieux de représenter politiquement les classes populaires ivoiriennes  et de défendre leurs intérêts? Fut-il un défenseur du principe démocratique de citoyenneté et du respect des droits humains fondamentaux en Côte d’Ivoire ? Fut-il un patriote soucieux de défendre et d’assurer l’autonomie et la pérennité de la République en Côte d’Ivoire ? Ne fut-il pas, au contraire, le chef d’une faction oligarchique corrompue qui mit la Côte d’Ivoire en coupe réglée ? Ne fut-il pas un agent local actif des réseaux de la françafrique de droite et de gauche comme le démontre le documentaire édifiant de Patrick Benquet « Françafrique. La raison d’Etat » présenté sur Arte et édité dans un Cd que tout le monde peut se procurer à prix modique?

Attestée par des documents, la réponse à cette dernière question est naturellement affirmative. Laurent Gbagbo fut un pion local de la françafrique de gauche et de droite. Il a navigué alternativement, et de manière opportuniste, d’un bord à l’autre au gré de ses intérêts d’apprenti dictateur. Cette réponse affirmative documentée démontre que le mythe présentant Laurent Gbagbo en  patriote intransigeant, prêt à s’offrir en holocauste pour l’indépendance de son pays, est un trompe l’œil fabriqué par les réseaux et les obédiences idéologiques hexagonaux dont il fut le poulain actif en Afrique comme en témoigne la cession par son régime de pans entiers de l’économie ivoirienne à des réseaux financiers hexagonaux dont il espérait la protection de son pouvoir.

L’histoire prouve, en effet, que dans la pire tradition de l’esclave qui préfère la vie dans la servitude à la mort dans la liberté,  Laurent Gbagbo quémanda pitoyablement son maintien en vie  lors de sa capture. Prouvant que ce dernier était en fait un agent actif des réseaux hexagonaux, ces documents laissent entrevoir que le pavé prétendument critique de Mme Fanny Pigeaud contre la régularité de l’élection présidentielle ivoirienne de 2010, est en fait un missile tiré par une soldate déguisée en journaliste à partir d’un camp idéologique hexagonal contre des adversaires hexagonaux et celui qu’elle considère comme leur « poulain » en Côte d’Ivoire à l’approche de la prochaine élection présidentielle de 2015.

En mission commandée, Mme Fanny Pigeaud n’a qu’un seul objectif : remettre en scelle politique le cavalier ivoirien de l’écurie politique et idéologique hexagonale auquel elle appartient, cavalier lourdement tombé de cheval après avoir été électoralement sanctionné par la majorité d’un peuple ivoirien lucide.  

Peu en chaut dans ce cas, à Mme Fanny Pigeaud et à son Etat-major, que ce cavalier ivoirien se soit réapproprié la nauséabonde ivoirité comme arme politique et ait trahi le socialisme universaliste et humaniste de Jean Jaurès au profit d’un national-socialisme xénophobe adepte de purification ethnique et d’homogénéité communautaire. Peu en chaut à Mme Fanny Pigeaud que ce cavalier ait jeté aux orties la République et la citoyenneté au profit du communautarisme et d’une conception ethnique de la nationalité qui provoquèrent des massacres de grande ampleur. Peu en chaut à Mme Fanny Pigeaud que ce cavalier ait endossé le vêtement du nationalisme communautaire à la Jean-Marie Le Pen et se soit réapproprié une conception de l’Etat à la Carl Schmidt. Peu en chaut à Mme Fanny Pigeaud que ce cavalier ivoirien, ait dirigé par l’intermédiaire de son épouse des escadrons de la mort au point d’être déclaré infréquentable par le président socialiste français François Hollande. Peu en chaut à Mme Fanny Pigeaud que les milices tribales sanglantes de ce cavalier aient écumé la Côte d’Ivoire brûlant vifs les « Etrangers » et les Ivoiriens jugés comme tels, les passant aux fils des lames des machettes, aux balles des fusils dans des exécutions sommaires où la barbarie le disputait à la sauvagerie la plus abjecte. Peu importe à Mme Fanny Pigeaud que, dans la pire tradition des dictatures prédatrices  africaines, ce cavalier ivoirien de son écurie idéologique ait décidé d’abandonner le nord de la Côte d’Ivoire (prétendument inutile) à la suite d’une rébellion militaire et une révolte sociale largement causées par la redéfinition ethnique du code de la nationalité pour gouverner ,sous le mode du pillage mafieux, la Côte d’Ivoire du sud (prétendument utile) et y installer une dictature communautaire à mille lieux de la démocratie.

Sourde et aveugle à la trahison du socialisme, aux dévoiements gravissimes d’une gouvernance de la prédation, de la terreur et du meurtre qui expliquent  la chute politique du cavalier ivoirien de son camp à l’élection présidentielle de 2010, Mme Fanny Pigeaud mobilise l’argumentaire du complotisme et du conspirationisme à la Thierry Meyssan. Il est donc nécessaire de déterminer la signification politique de l’argumentaire complotiste et du prisme procédural à l’aune desquels Mme Fanny Pigeaud récuse la régularité de l’élection présidentielle ivoirienne de Décembre 2010.

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