La sauvegarde de l’Etat démocratique ivoirien, enjeu de l’élection présidentielle d’Octobre 2015.

En quoi la stabilité politique démocratique explique-t-elle le développement économique en Côte d’Ivoire ?

En Côte d’Ivoire, le bon sens commun appelle à sauvegarder, par un vote éclairé et pertinent en Octobre 2015, la stabilité politique source de développement économique. Cadre propice à l’émancipation économique et sociale d’un peuple, cette stabilité résulte cependant d’un mode de gestion politique dans un type d’Etat qui permet de transformer l’économie de marché en développement endogène. Appeler à maintenir la stabilité politique en Côte d’Ivoire, c’est donc appeler à sauvegarder l’Etat démocratique et le mode de gestion politique qui sont les chevilles ouvrières de cette performance.

Une explication s’impose donc pour fonder en raison la pertinence du choix de la démocratie que le bon sens commun  commande à l’électeur ivoirien contre les variantes communautaires et populistes  de la dictature.

La stabilité politique, on le sait, est la condition du développement économique. Ce lieu commun ne va cependant pas de soi car les dictatures et les autocraties  instaurent aussi une stabilité politique par la terreur et le contrôle des populations. Ce type de « stabilité » politique permet certes d’accumuler le capital et même de promouvoir dans certain cas des performances économiques et technologiques. Les exemples emblématiques de l’Allemagne nazie, de la Russie soviétique et de la Corée du Nord, pour ne citer qu’eux, en témoignent. Mais cette « stabilité » politique et ces performances économiques et technologiques ne produisent pas le développement économique et encore moins le développement endogène. Celui-ci relève de la capacité d’un Etat à promouvoir l’émancipation multidimensionnelle de la société au moyen de l’économie de marché  grâce à la mise en œuvre des principes démocratiques qui instituent une stabilité politique féconde. 

En leurs diverses variantes communautaires, confessionnelles ou populistes révolutionnaires, les Etats autocratiques et les dictatures sont par nature incapables de transformer l’économie de marché en développement. Fondés sur la domination du plus grand nombre par un pouvoir oligarchique, sur le contrôle politique de l’économie et sur le viol permanent des principes démocratiques, ils génèrent une instabilité politique et un sous-développement multiforme généralisé.

En démocratie, la stabilité politique est construite par le respect des principes de citoyenneté, de représentation des intérêts sociaux et par la limitation du pouvoir par les droits fondamentaux. La garantie institutionnelle du respect de ces principes commande l’alternance pacifique du pouvoir et permet de transformer l’économie de marché en développement endogène.

Ce dernier est toujours le fait d'un Etat démocratique, qui renforce la société nationale par la modernisation économique et par l'intégration nationale, conformément au principe démocratique de citoyenneté. Le développement économique et social résulte de l'action politique d'un Etat démocratique qui redistribue les produits de la croissance conformément au  principe démocratique de représentation des intérêts sociaux. Il provient de l'expertise d'Etat démocratique qui procède à des investissements économiques pour moderniser la société afin de briser les mécanismes de reproduction sociale au profit du développement des libertés. le développement endogène est donc le produit nécessaire de l'Etat démocratique. cf nos contributions: L'émergence en Côte d'Ivoire: projet politique d'une démocratie ( CEDEA et Médiapart janvier 2014; La démocratie peut-elle promouvoir un développement endogène en Afrique? ( CEDEA et Médiapart Juillet 2013)

Tel est, en effet,  l’objectif ultime du tournant démocratique en Afrique noire. Il s’est agi de promouvoir l’avènement d’un régime politique et d’un type d’Etat capables de transformer l’économie de marché en développement endogène pour émanciper les peuples. Les autocraties, les dictatures et les Etats communautaires et populistes révolutionnaires qui s’installèrent en Afrique après les Indépendances furent, par essence, incapables d’opérer cette transformation de l’économie de marché en développement endogène.

Les performances économiques de la Côte d’Ivoire, qu’il est nécessaire de soumettre au crible d’une critique constructive, comme l’exige la démocratie, dans une perspective d’amélioration continue des acquis, sont à mettre à l’actif de la capacité économique de l’Etat démocratique qui fut institué en Côte d’Ivoire en Décembre 2010. « La transformation de l’économie de marché en développement » suppose en effet « un Etat capable d’analyse et de décision, des entrepreneurs et des forces de redistribution » souligne Alain Touraine. Cette transformation repose sur l’existence d’un Etat respectueux des droits fondamentaux des individus et des collectivités, d’un régime qui  préserve l’autonomie de la société politique et de la société économique, et entretient la synergie des acteurs économiques et culturels.

Pour le peuple ivoirien, l’enjeu de la vie politique et électorale en Côte d’Ivoire est donc de sauvegarder la permanence de la démocratie et de garantir la continuité de l’Etat démocratique. Appeler à sauvegarder la stabilité politique comme gage du développement économique et de la paix sociale en Côte d’Ivoire, c’est réclamer des électeurs, un vote qui sauvegarde la conquête de la  démocratie ; c’est en appeler au maintien d’un Etat démocratique capable de transformer l’économie de marché en développement endogène.

<>

Les commentaires sont fermés