Les NTIC en Afrique et la problématique du changement des paradigmes par l’éducation numérique

 

I. L’instrumentalisation des NTCI en Afrique dans une nouvelle acculturation planifiée

II. Pour un usage innovant des NTCI en Afrique dans un projet de civilisation : l’exemple d’Aprélia

 

 

I. L’instrumentalisation des NTCI en Afrique dans une nouvelle acculturation planifiée

La réduction de la fracture numérique est le mot d’ordre d’une nouvelle politique d’intégration de l’Afrique dans la nouvelle économie financière de l’ère des réseaux de l’information. L’accent est mis sur les buts de productivité de croissance économique, d’apprentissage et de formation d’une mentalité numérique appropriée à l’ère des réseaux, même dans les zones rurales. Combler la fracture numérique consisterait à réajuster structurellement et culturellement l’Afrique en diffusant la nouvelle mentalité de la civilisation numérique, selon les buts de productivité financière et de croissance économique. La théorie du développement qui omet de parler d’une nouvelle dépendance ainsi que de la finalité politique des Etats qui mettent en œuvre ces changements, semble ainsi camoufler la diffusion d’un nouveau modèle économique et culturel en Afrique.

 

On se trouve alors en face de ce qui apparaît comme un nième projet d’acculturation planifiée, imposé de l’extérieur par des Etats qui ont une finalité d’expansion économique et culturelle.

Après l’acculturation forcée de la période coloniale destinée à intégrer l’Afrique dans l’économie monétaire coloniale suivie de l’acculturation planifiée dans le contexte du capitalisme occidental et du socialisme soviétique postcolonial -qui permit de l’insérer de part et d’autre dans le modèle culturel et économique des deux blocs idéologiques-, semble s’ouvrir à l’ère de l’ internet, de la démocratie et de la mondialisation, une nouvelle période d’acculturation planifiée destinée à intégrer l’Afrique dans l’économie mondiale libérale des réseaux de l’Information. Si le projet de connecter l’Afrique au réseau mondial affiche clairement son objectif commercial, qui est d’offrir des opportunités d’affaires aux opérateurs économiques africains, l’objectif de l’école numérique semble, quant à lui, s’inscrire dans un projet plus vaste de diffusion culturelle du modèle économique libéral dominant.

 

Un lobbying actif destiné à introduire les Nouvelles Technologies de l’Information dans les sociétés africaines et à remodeler les institutions pour les y adapter -comme en témoigne la floraison des néologismes tels e-gouvernement, e-économie, e-éducation est mené dans ce sens par des experts et des ONG, dont certaines ne sont que des chevaux de Troie au service de programmes gouvernementaux ou d’entreprises visant à introduire massivement en Afrique des matériels technologiques non sollicités. Des politiciens et des élites intellectuelles locaux sont mis à contribution. Ces meneurs locaux du jeu acculturatif se chargent de faire la propagande des nouveaux produits et d’en assurer la diffusion dans le tissu social et économique africain.

En l’occurrence, rien de neuf sous le soleil africain !

Il s’agit bien là de poursuivre la mise en application des règles fondamentales qui régissent la méthode de l’acculturation planifiée ; celle-ci recommande d’impliquer activement les membres influents des sociétés receveuses dans l’innovation que l’on veut y introduire, l’enthousiasme et l’intérêt de ces derniers étant suscités d’une part par la vertu de panacée attribuée aux NTIC pour résoudre les problèmes de développement et d’autre part par les retombées financières et matérielles qui procèderaient de l’adoption des nouvelles technologies de l’information.

Dans cette perspective, l’exigence stratégique de contrôler la direction du changement social en lui donnant une couleur locale et en l’imposant de l’intérieur n’est pas absente du souci d’intégrer les traditions et cultures locales au contenu des informations et au programmes de l’éducation numérique.

 

La problématique du contenu et des programmes de l’éducation numérique risque ainsi d’être récupérée par un projet d’acculturation planifiée dirigée de l’extérieur.

 

En effet, afin de contourner la résistance des sociétés au changement, la sociologie du développement a toujours prôné la méthode de la transformation des structures par adaptation des institutions existantes.

Dans le contexte de l’acculturation planifiée, le relativisme culturel et l’intégration des traditions dans les contenus de l’enseignement serviraient alors à instrumentaliser les cultures locales pour diffuser un modèle culturel extérieur. L’on aurait affaire à une intégration unilatérale utilisant les cultures locales comme vecteurs de la culture et de l’économie dominante. Medium d’une diffusion culturelle, les NTIC ne dérogeraient pas alors à la fonction qui est traditionnellement impartie au mass-média dans l’acculturation planifiée.

 

Les échecs patents de tous les projets successifs d’acculturation en Afrique invitent cependant à mettre en question ce nouveau projet d’intégration unilatérale des sociétés africaines au modèle économique actuellement dominant.

Le motif allégué du développement de l’Afrique peut en effet être remis en question dans la mesure où la réduction de la fracture numérique paraît plutôt s’inscrire dans la ligne d’un processus d’uniformisation progressive du monde par un modèle culturel jugé supérieur aux autres dans l’ère d’involution dans laquelle l’humanité se trouve de nos jours. L’Afrique se développerait alors par la réduction de la fracture numérique dans le sens où elle se mettrait à niveau dans le système d’uniformisation en utilisant NTIC pour servir les finalités qui leurs sont assignés par le modèle culturel dont elles sont les produits. Le mal-développement et la déstructuration des sociétés africaines qui ont résulté des diverses acculturations planifiées par des politiques prédatrices à courte vue invitent cependant à explorer des voies différentes et à inscrire la réduction de la fracture numérique entre le nord et le sud dans un projet de civilisation fondé dans un autre concept du développement.

 

II. Pour un usage innovant des NTCI en Afrique dans un projet de civilisation : l’exemple Aprélia

 

Dès lors la question de la réappropriation politique des NTIC en Afrique et du choix des finalités de leur usage devient centrale. En ce qui concerne l’école numérique, la question de la définition des contenus et des programmes appropriés accède alors au statut d’urgence de première nécessité.

En Afrique, les NTIC doivent-elles seulement servir à intégrer les sociétés au nouvel ordre économique mondial, à procurer aux opérateurs et aux élites un savoir-faire et une efficacité dans la concurrence universelle ? Sans nier cette nécessité pratique, ne devraient-elles pas être avant tout être mises au service d’une transformation qualitative de la société globale, à la fois par l’opportunité qu’elles ouvrent pour le dialogue actif des cultures et par la pluralisation des figures de la rationalité humaine, laquelle permettrait aux sociétés de choisir de manière autonome la voie spécifique du développement correspondant à leur génie ?

 

L’enjeu de ce questionnement est de définir un nouveau concept du développement et de la croissance par intégration réciproque des cultures et des diverses figures de la rationalité dans un monde interconnecté et interdépendant.

Il est aussi de découvrir les voies de la transformation pédagogique de l’école africaine qui permettrait de former, en Afrique, des personnalités dynamiques capables d’innover, de partager et de s’ouvrir à eux-mêmes et à l’altérité, dans l’ère de la communication et de l’information. Une coopération enrichissante et un développement durable et productifs dans le sens de la réciprocité au bénéfice de tous les partenaires de l’échange pourrait être inauguré entre le nord et le sud. Il s’agit alors de briser la logique qui a structuré l’école africaine née de la période des acculturations forcées et planifiées coloniales et postcoloniales, durant lesquelles elle fut destinée à former des individus adaptés au nouvel ordre économique et politique régnant. Dans ce sens la question des contenus de l’éducation numérique n’invite pas à intégrer les traditions aux programmes dans le but de s’en servir comme vecteurs du changement structurel des sociétés africaines. Il ne s’agit pas de mettre la tradition au service de la nouvelle économie au moyen des NTIC.

 

Il ne s’agit pas, de même, d’enseigner, l’usage des NTIC aux populations africaines afin de structurer les tissus communautaires et de faciliter les cohésions identitaires.

La réalisation des intérêts culturels locaux et des finalités matérielles économiques attachés à la maîtrise des NTIC se subordonnent au projet global de civilisation et à la transformation qualitative des relations humaines que les NTIC permettent, dans l’ère nouvelle des réseaux.

 

L’Afrique doit être plus ambitieuse !

Outre les opportunités d’autonomie politique des Etats et de croissance économique ouvertes par la maîtrise des réseaux de l’information, les NTIC doivent permettre d’inaugurer une transformation pédagogique de l’école et un dialogue vivant des cultures, dans un échange et un partage symétriques facteurs d’enrichissement réciproque.

C’est bien ces objectifs que vise l’Association pour la promotion des ressources éducatives libres @fricaines (Apréli@, aprelia.org ), qui, depuis l’Afrique, développe des e-jumelages éducatifs collaboratifs , leur finalité ultime étant de faciliter une libre acculturation réciproque des peuples ; il s’agit bien là de mettre les NTIC au service d’une nouvelle voie de développement humain, dans l’interdépendance et la solidarité.

Cette initiative visionnaire montre que la voie de la transformation sociale et de l’émancipation collective par le changement des mentalités peut donc être explorée.

Ce changement des mentalités né du dialogue des cultures devra permettre de changer les structures économiques et de transformer le concept du développement.

En déconstruisant la domination de la rationalité instrumentale, la pluralisation des usages de la raison et la mise évidence des diverses efficiences rationnelles doivent permettre de changer les paradigmes devenus obsolètes qui ont régi jusqu’à nos jours l’économie, la politique, l’écologie, les sciences humaines et les sciences de la nature.

L’ethnologie attire en effet l’attention sur la pluralité des cosmologies et des anthropologies. Elle met l’accent sur leur équivalence dans la rationalité.

La cosmologie de la séparation, de la coupure entre l’homme et la nature, entre l’esprit et les choses, qui structure les sociétés individualistes occidentales n’est pas supérieure à la cosmologie de la participation des sociétés holistes qui prône la continuité entre toutes les parties du cosmos et fond l’homme dans la nature, et réciproquement la nature dans l’homme.

 

Au plan de l’agir quotidien, l’action de l’homme des sociétés holistes qui imite le geste exemplaire des dieux et des ancêtres créateurs ou qui modèle ses conduites selon les mythes primordiaux en étant tourné vers le passé, ne le cède pas en valeur et en efficacité à l’innovation du sujet autonome qui décide en se fondant sur soi-même et innove en étant tourné vers l’avenir.

L’ethnologie fait ainsi ressortir la pluralité des rationalités et des logiques

A côté de la pensée par signe arbitraire, il existe une pensée par symbole. Le champ des procédures du savoir humain est partagé autant par le raisonnement par emboîtement de concepts les uns dans les autres que par le raisonnement par correspondance qui permet de passer d’une strate du réel à une autre sans les enfourner dans des moules.

L’efficience de la rationalité instrumentale occidentale qui permet à l’homme de dominer la nature et de la soumettre aux désirs humains n’annule pas la valeur du raisonnement inductif dont use la divination pour sécuriser l’homme et lui permettre d’agir dans la nature. La productivité du raisonnement analytique qui structure les sciences formelles et expérimentales ne doit occulter celle du raisonnement par analogie. La logique de la raison manipulatrice des choses doit s’ouvrir à ce que Bastide appelle « la logique des choses » et à la raison magique, expression dans laquelle « magique » n’a pas une connotation péjorative mais exprime une autre forme de pensée causale, un autre type de manipulation ou de domestication de la réalité.

 

La transformation pédagogique de l’école africaine par un usage ambitieux des NTIC nécessite par conséquent d’ouvrir les voies de l’innovation et de la transformation progressiste des sociétés africaines et même du monde entier, par une exploration du génie des diverses cultures.

Elle devra remplacer une éducation qui apprenait auparavant à s’adapter au monde culturel environnant ou à une nouvelle société moderne, par une éducation qui crée « un type d’homme capable de changer, de choisir, de se développer, de se modifier en modifiant son environnement, capable de s’enrichir, de s’amplifier, dans l’échange, la coopération, l’ouverture aux autres »[

 

Dans ce sens, la signification de l’introduction des traditions et des coutumes dans le contenu des programmes de l’éducation numérique doit être précisée.

Intégrer les contenus culturels dans l’éducation numérique ne signifie guère réactiver les traditions, c’est-dire revenir aux formes d’organisation que les cultures ont pu produire à un moment aujourd’hui dépassé de leur histoire.

Intégrer les contenus culturels dans l’éducation numérique c’est enraciner les contenus dans les cultures comprises comme âme productrices, c’est-à-dire dans une certaine philosophie de la vie qui puise sa source dans les forces de spontanéité des cultures vivantes. Dans cette acception, l’exigence d’introduire les coutumes et les savoirs locaux dans les contenus est un appel à les enrichir par les cultures saisies comme inventivité, comme productrices et nourricières de nouveautés.

Cela veut dire exactement qu’il s’agit, par exemple, d’intégrer dans le dialogue vivant des cultures qu’amorce l’éducation numérique, les héros culturels africains tels l’Araignée Ashanti ou le Forgeron Dogon comme interlocuteurs du Prométhée européen contempteur des Dieux ou de l’Œdipe sacrilège.

Un projet de civilisation fondé sur le paradigme de l’ouverture à l’altérité, de la relation et de la communication des cultures, du respect de la nature, serait alors l’objectif que l’école numérique assigne à l’éducation dans l’ère des réseaux.

La problématique de la réduction de la fracture numérique et de l’intégration en vue du développement économique – actuellement invoquée pour justifier la diffusion des NTIC en Afrique -pourrait être ainsi redéfinie dans le sens de l’intégration réciproque des cultures et des connaissances en vue d’un progrès collectif multiforme et d’un développement durable des communautés humaines.

 

Dans le commerce et la rencontre des peuples, la relation symétrique de l’acculturation libre et réciproque dans laquelle les peuples acceptent de recevoir des autres les changements culturels dans lesquels ils trouvent librement un intérêt, pourrait se substituer à la relation asymétrique de l’acculturation forcée ou planifiée selon le modèle linéaire d’une culture dominante qui doit changer les autres selon ses propres normes.

 

Cette rencontre vivante des peuples pourrait réaliser le vieux rêve du rendez-vous du donner et du recevoir, de la rencontre communielle des peuples qui ne fut jamais possible

 

en raison du paradigme de la séparation, du cloisonnement, de la domination et du contrôle sous lequel le règne de la raison instrumentale a placé les existences et la nature jusqu’à nos jours.

 

Ainsi l’objectif fondamental de l’appropriation par les Africains de la culture numérique n’est pas tant économique que politique.

Au-delà de leur usage économique pour se positionner avantageusement dans la nouvelle économie mondiale, l’objectif ultime de la maîtrise des NTIC en Afrique pourrait être de changer la société humaine dans son intégralité par une utilisation politique visant à transformer qualitativement l’économie, la politique et les savoirs dans le sens du progrès collectif, interdépendant et solidaire des peuples.

 

Alexis Dieth, Docteur en Philosophie, Vienne. Autriche, alexis.dieth@free.fr

 

Alexis Dieth est professeur de Philosophie et de Civilisation africaine, Dr en philosophie de la faculté de Poitiers (France).

Spécialiste de la philosophie morale et politique de Kant, il dispose d’une solide culture générale en épistémologie, en histoire, en sociologie, et en psychologie.

Disposant d’une expérience de 32 ans dans l’enseignement de la philosophie, durant lesquelles il a exercé la fonction de conseiller pédagogique, respectivement en Côte d’Ivoire, au Liban (International College of Beirut), en France et en Autriche , il a participé et fait des communications lors de Séminaires, Colloques et Stages de formation ayant trait à la problématique du développement économique et politique de l’Afrique , à l’inter- culturalisme , aux relations internationales et à la pédagogie.

Il est actuellement professeur de Civilisation africaine à Francophonia (Vienne, Autriche). Le Dr Dieth est de nationalité ivoiro-française.

Il a publié « La pratique comme intention dogmatique de la raison pure » in l’année 1793. Kant sur la politique et la religion. Acte du 1er congrès de la Société d’Etudes kantiennes de Langue Française. (Dijon, 13-15 mai 1993) sous la direction de Jean Ferrari, Paris, Librairie Philosophique J.Vrin. 6, place de la Sorbonne, 1995,

et contribué à la rédaction de « La naissance de la volonté » Auteur. Miklos Vetö, L’harmattan, 2002

 

Annexe : Note sur Apréli@:

L’Association pour la promotion des ressources éducatives libres @fricaines a été créée en par sa Présidente, Geneviève-Puiségur Pouchin*, et Aïcha Bah Diallo, ex-directrice adjointe de l’Education à l’UNESCO, présidente-fondatrice du FAWE (Forum des Educatrices Africaines).

 

La question des ressources éducatives libres (REL) africaines constitue le cœur des objectifs d’Apréli@.

Apréli@ a pour objectifs principaux de sensibiliser toutes les parties prenantes à l’importance de la production des REL africaines et des innovations pédagogiques relatives, en lien avec la formation des enseignants, le renforcement de leurs capacités, les réformes éducatives et le rapprochement des systèmes éducatifs africains, les langues et les cultures africaines.

Apréli@ soutient et met en œuvre des projets pilotes de production et d’utilisation des REL africaines, en développant et coordonnant des partenariats et des réseaux d’organisation ayant les mêmes objectifs, particulièrement la production collaborative de REL, appuyée sur la recherche internationale en Sciences de l’Education et sur les TICE.

 

Mené à partir du Sénégal, un patient travail de plaidoyer, de sensibilisation, de mobilisation et d’appropriation de tous les acteurs, a permis à Geneviève Puiségur-Pouchin de tenir à Dakar, en octobre 2008, le 1er atelier panafricain de production de ressources éducatives libres africaines, puis, en avril 2011, à l’Université Cheikh Anta Diop, l’atelier international de lancement des jumelages éducatifs, en partenariat avec TESSA et la CONFEMEN.

Cet atelier a réuni des enseignants, des formateurs d’enseignants, des chercheurs en éducation, des responsables pédagogiques et administratifs, des élus locaux, des représentants des parents d’élèves, des comités de gestion des écoles, des partenaires nationaux et internationaux, qui ont co-élaboré le modèle pédagogique des jumelages et produit les 1ères ressources. Le scenario de ces e-échanges coopératifs bilatéraux consiste à réaliser un Carnet de voyage numérique dans la ville des partenaires. La réalisation de ce carnet met à contribution l’ensemble de la communauté éducative, dans un processus participatif et collaboratif.

 

Apréli@ a réalisé en 2011-2012 la phase-pilote des e-jumelages éducatifs francophones, en partenariat avec la Conférence des Ministres de l’Education des pays ayant le français en partage (CONFEMEN ) et TESSA (Teacher Education in Sub Saharan Africa).

Des classes sénégalaises, togolaises, burkinabè et françaises étaient engagées dans cette année expérimentale, de test et d’évaluation des outils.

 

Les premiers résultats ont été mis en partage à la triennale ADEA de l’Éducation et de la Formation (février 2012, Ouagadougou, Burkina Faso), en tant qu’initiative africaine visant à définir et implémenter un usage des TIC adapté aux besoins éducationnels africains, puis à la Conférence e-learning Africa (mai, Cotonou, Bénin) et au Congrès mondial UNESCO sur les REL (Ressources Educatives Libres).

Les jumelages francophones d’Apréli@ ont en effet été distingués par l’UNESCO parmi les meilleures pratiques sur les REL au niveau mondial.

L’année 2012-2013 constitue une phase d’expansion et d’institutionnalisation du dispositif ; la prise en compte des résultats de l’évaluation de l’année-test et des enseignements tirés sont permis d’élaborer le guide de formation initiale aux e-jumelages, qui sera mis en partage dans l’ensemble des Etats francophones.

L’adaptation du modèle à l’enseignement technique et professionnel se fera à partir de la Côte d’Ivoire, en partenariat avec l’Institut Pédagogique National de l’Enseignement technique et Professionnel (IPNETP, http://ipnetp.ci/mot.php ).

 

Dans cet objectif, Apréli@ a entrepris, avec de nombreux partenaires de 1er plan, dont la CONFEMEN, TESSA, l’ADEA, le campus Virtuel Africain/ UNESCO (CVA), l’IGEN TICE du Sénégal la préparation d’un colloque à Abidjan, prévu début 2013.

Conçu comme une contribution au programme ivoirien e-education, ce colloque lancera la 1ère collection de manuels numériques libres de Mathématiques ouest-africains, ainsi que le 1er réseau d’enseignants co-producteurs de REL (Ressources Educatives Libres) endogènes.

Ce réseau, ainsi que le portail des ressources, sera piloté par la Commission nationale de Mathématiques du Sénégal, en étroite coordination avec les partenaires ivoiriens (dont IPNETP et ENS), et impliquera des enseignants et formateurs de plusieurs pays ouest-africains.

 

Apréli@ et ses partenaires envisagent un plan d’action sur 3 ans, dont une phase expérimentale des usages dans des classes (urbain/rural) et mesure d’impact, suivie par la recherche interafricaine en Sciences de l’Education et en intégration des TIC, en partenariat avec des industriels des TIC et des instituts de formation d’enseignants, et en synergie avec le déploiement du programme e-education.

 

L’évaluation de cette année-pilote permettra d’établir une modélisation des usages, en lien avec les évolutions de la formation des enseignants et de dérouler une année d’extension, qui recherchera le passage à l’échelle au niveau sous-régional.

 

 

 

*Geneviève-Puiségur Pouchin a enseigné en tant que professeur de mathématiques en Côte d’Ivoire et en France, et exercé des responsabilités de formatrice d’enseignants en Côte d’Ivoire. Elle était chargée du thème TICE lors de la conférence Bamako+5, organisée par l’ADEA, qui a émis une liste de points de consensus et de recommandations pour l’intégration réussie des TIC dans les systèmes éducatifs africains

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