Articles par balises :Programme politique

Côte d’Ivoire : comment reconstruire la représentativité sociale de nos partis politiques pour en finir avec le tribalisme ?

Comme je l’ai souligné dans une contribution précédente, le PDCI-RDA, qui regroupa l’ensemble de partis politiques ivoirien sous le régime de parti unique, fut un parti de planteurs, de cheminots, de fonctionnaires, d’instituteurs, de travailleurs du secteur privé, de commerçants, d’entrepreneurs, d’ouvriers, de dockers et j’en passe. Les syndicats qui s’affilèrent au PDCI-RDA représentèrent les intérêts de corporations professionnelles. La représentativité du PDCI-RDA était donc sociale. Elle n’était pas communautaire et ethnique.

 Lors de l’instauration du multipartisme dans les années 1980 les nouveaux partis politiques ivoiriens naissant de la matrice commune du PDCI-RDA auraient dû se restructurer sur cette base sociale du parti-unique. A partir de leur conscience de classe encore vivante, les diverses catégories sociales ivoiriennes auraient pu se rassembler dans de nouveaux  partis politiques incarnant les différentes obédiences idéologiques de la droite libérale et de la gauche socialiste représentant et défendant des intérêts sociaux catégoriels divergents

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Côte d’Ivoire : l’aile politique des FN de Guillaume Soro doit déclarer son identité politique.

La thématique de la réconciliation nationale ne saurait guère tenir lieu d’offre partisane et encore moins de programme politique du candidat des Forces Nouvelles, pour l’élection présidentielle de 2020. La réconciliation est une demande judiciaire. Elle est adressée aux juges et non pas aux politiciens. La problématique centrale de cette campagne présidentielle prématurément ouverte est que les offres politiques correspondent aux demandes sociales des Ivoiriens. Le peuple ivoirien a besoin de savoir ce que les partis et les groupes politiques en compétition pour l’exercice du pouvoir en 2020, lui proposent relativement à ses demandes sociales catégorielles, à la politique intérieure et extérieure, au développement économique endogène, au service de  l’Intérêt général et du bien commun. Le groupe Guillaume Soro est appelé à jouer sa partition sur ce registre.

Ayant visité dans son "Orthodoxie du soroïsme" la compilation d’idées que Franklin Nyamsi, l’intellectuel organique du groupe, propose en guise de grandes lignes du soroïsme destinées à guider l’action politique du candidat des FN, j’ai découvert un écrit apologique relevant du culte de la personnalité. Je n’y ai trouvé aucune ébauche d’une Weltanschauung politique, d’une vision du monde, d’une offre politique, d’un courant idéologique libéral, socialiste, ou conservateur.

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Côte d’Ivoire : Confusion programmatique et culte de la personnalité de Soro Guillaume, le choix de l’échec politique.

En démocratie représentative, le peuple élit toujours un programme politique et économique  et un projet de société. Il se reconnaît dans un candidat dans la mesure où ce dernier les incarnent et les portent par des arguments et par la conduite. Cette règle générale de la vie démocratique est valide dans une Côte d’Ivoire où la société civile s’est émancipée des tutelles politiques, demeure informée et critique malgré les apparences. Laurent Gbagbo l’a appris à ses dépens en 2010.

Selon toutes les évidences, l’aile politique des FN de Soro Guillaume chemine à contre-courant de cette évolution sociologique de l’électorat ivoirien et de ses attentes. Elle navigue à vue. La récusation brutale du culte de la jeunesse au profit du culte de la personnalité est le symbole de la confusion et de l’errance d’une faction dissidente désespérément dépourvue d’ancrage sociologique et idéologique, programmatique et sociétal. Il faut pouvoir thématiser et structurer programmatiquement et économiquement un autre courant du libéralisme. En appeler à l’expérience successive de Soro Guillaume à la tête de la rébellion militaire, dans le gouvernement ethno-nationaliste de Laurent Gbagbo et dans le gouvernement libéral d’Alassane Ouattara ne suffit pas à en faire un homme d’Etat. Accoler un « isme » au nom Soro, proclamer un « soroïsme », ne suffit pas à établir une doctrine politique cohérente, claire et structurée. Nommer n’est pas créer. Désigner n’est pas faire exister.

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Côte d’Ivoire : Soro Guillaume est-il subitement devenu vieux ? Les raisons profondes d’un revirement communicationnel.

Pas plus tard que la semaine dernière, l’argument du jeunisme contre la gérontocratie était la ligne directrice du service de communication du Président de l’Assemblée nationale ivoirienne. La jeunesse de ce dernier était à cette fin présentée et revendiquée comme une vertu démocratique, un signe de vitalité politique, d’inventivité et de créativité par rapport à la sénilité des « vieillards » qui dirigent en ce moment la Côte d’Ivoire.  Les néologismes fumeux de « transition générationnelle » et de « leader générationnel » avaient été inventés ex-nihilo pour tenter d’asseoir conceptuellement ce jeunisme politique  en Côte d’Ivoire. Pour corroborer ce discours propagandiste le Président de l’Assemblée Nationale avait été campé en Emmanuel Macron, en Justin Trudeau et récemment en Sebastian Kurz ivoirien. Soit dit en passant, j’avais été moi-même furieusement égratigné par la griffe rageuse du gourou  de cette faction Franklin Nyamsi qui m’accusa d’être un « vieux renfrogné » lorsque je me permis de lui demander à partir d’une motivation citoyenne, de reprendre son équerre et son compas, pour se refréner et retrouver son orient, après les injures infamantes qu’il avait déversées sur l’honorabilité du ministre de l’Intérieur et du  Premier Ministre.

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La problématique d’unité idéologique du PDCI et du RDR en Côte d’Ivoire.

La séparation de type électoraliste du PDCI et du RDR, désormais en concurrence dans la lutte pour le pouvoir en vue de la présidentielle 2020, soulève la question centrale de leur unité idéologique. Leurs divergences programmatiques devraient se structurer sur la base du nationalisme libéral modernisateur originel du PDCI-RDA. Ce socle fondateur devrait être, espérons-le, leur point de consensus indiscutable.

Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) doit donc se déterminer clairement comme parti démocratique et construire un projet politique structuré par l’esprit démocratique moderne, par le respect de l’égalité et du pluralisme. Le Rassemblement Des Républicains (RDR) doit aussi se déterminer clairement comme parti républicain et bâtir une politique structurée par l’esprit républicain moderne, le respect de la liberté et des droits individuels et collectifs. Les Ivoiriens seraient-ils existentiellement et sociologiquement incapables de se définir et de se reconnaître dans ces notions ?

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Populisme identitaire et anticolonialisme démagogique : symptômes de la partitocratie en Afrique.

En Afrique, la démocratie avance résolument. Elle doit cependant réussir à franchir des obstacles redoutables pour ainsi dire mortels. Elle doit surmonter la crise de la  représentativité sociale des partis politiques qui empêche la transformation de l’Etat africain en service des intérêts de la société et en puissance protectrice des droits fondamentaux de la personne. Cette crise ne se manifeste pas seulement par la personnalisation du débat et des affrontements politiques. Elle se traduit aussi par le populisme identitaire et par le discours anticolonialiste démagogique. Ces pathologies politiques se donnent à voir dans les divers épisodes électoraux africains où brillent l’absence des débats d’idées, la déficience de la confrontation des modèles sociétaux, des programmes politiques et économiques. Autant dire que la montée des populismes identitaires, qui revivifie les discours victimaires et les logiques d’extraversion, est pour la démocratie africaine un danger mortel dont il importe de prendre toute la mesure.

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La personnalisation du débat politique en Afrique Noire, symptôme de la crise de représentativité sociale des partis politiques.

thumb_1788En Afrique Noire, la démocratie souffre de la crise de représentativité sociale des partis politiques. Cette crise se manifeste par la personnalisation du débat politique par la réduction de la lutte politique à la conquête du pouvoir. La vie politique africaine se caractérise par la lutte féroce des différentes fractions  de la classe politique pour le contrôle du pouvoir. Ce ne sont pas des programmes politiques, des projets de société, des solutions partisanes contradictoires qui s’affrontent par acteurs politiques interposés pour répondre aux besoins vitaux et aux demandes des populations. Ce sont les acteurs politiques qui s’affrontent en instrumentalisant les ethnies, les confessions, les régions et les populations pour accaparer le pouvoir d’Etat et en faire un usage personnel.  Ainsi, l’affrontement démocratique en Afrique noire se donne à voir comme férocité des affrontements personnels et fureur des affrontements entre partis politiques fonctionnant en roue libre pour se servir eux-mêmes.

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Comment l’opposition ivoirienne devrait-elle jouer son rôle de contre-pouvoir face au gouvernement ?

Le mot du Premier Ministre Kablan Duncan et la question de la responsabilité du personnel politique ivoirien. 2ème partie

La mise au point faite par le premier Ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan le Mardi 12 janvier dernier, amène nécessairement à évaluer, d’un point de vue qualitatif  la gouvernance du parti au pouvoir et l’activité de contre-pouvoir des partis d’opposition. Le gouvernement libéral ivoirien gouverne-t-il comme il se doit en démocratie électorale représentative? L’opposition dite socialiste ivoirienne s’oppose-t-elle au gouvernement comme  il se doit dans ce type de régime ?

En démocratie électorale représentative, un gouvernement d’obédience libérale doit gouverner selon les principes du libéralisme. Une opposition d’obédience socialiste doit s’opposer au gouvernement avec les principes du socialisme. Cette règle d’or explique, en France, le désaveu du gouvernement socialiste français actuel auquel son électorat reproche de gérer le pouvoir comme un gouvernement libéral.  En posant la question de la qualité  du mode sous lequel le gouvernement et l’opposition politique s’exercent en Côte d’Ivoire, nous évaluons donc ces deux représentants  du pouvoir démocratique selon leurs capacités respectives à répondre aux réquisits des obédiences dont elles prétendent se réclamer.

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Victoire du modèle de la coalition républicaine et urgence constitutionnelle en Côte d’Ivoire.

Les leçons de l’élection présidentielle ivoirienne d’octobre 2015. 2ème  partie

Loin de ternir la victoire du candidat du RHDP, l’appel au boycott qui n’est pas parvenu à faire descendre le taux de participation en dessous de 50% fait ressortir, au contraire, l’efficience électorale du modèle de la coalition. La victoire  électorale du candidat de la coalition RHDP en Décembre 2010 a été confirmée en Octobre 2015.

 En situation de crise, lorsque la République est menacée, un front républicain, une coalition des obédiences républicaines, s’avère indispensable pour garantir la majorité électorale permettant de préserver la République. A contrario l’échec de la tentative de coalition CNC des partis  politiques qui se réclamaient de l’article 35 doit être souligné. Ce regroupement, formé circonstanciellement  pour appeler au boycott de la présidentielle, n’a pas pu dépasser le stade de  la bande insurrectionnelle.  Rassemblement opportuniste et velléitaire sans programme politique cohérent et unifié, le groupe CNC n’a pas pu se transformer en coalition politique. L’échec électoral de cette tentative, symbolise l'échec électoral  de la politique  d’exclusion et d’homogénéisation ethnique dans la société multiethnique et pluriconfessionnelle ivoirienne dont l’hétérogénéité et la pluralité constituent l’ADN. Inhérent au projet du nationalisme communautaire, la brutalisation de la vie politique, l’exclusion et le refus de l’altérité, furent institués en Côte d’Ivoire au moyen de la violence physique et psychique, de la propagande et de la manipulation mentale et juridique.

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La contestation électorale en Afrique Noire. Les raisons profondes du phénomène. (1ère partie)

En Afrique noire à l’ère de la démocratie, rares sont les élections présidentielles dont le résultat n’est pas contesté par le perdant et où ce dernier félicite, avec un fair-play démocratique,  le vainqueur. Les cas récents du Nigeria ou du Sénégal sont les exceptions qui confirment la règle. La contestation du résultat des Présidentielles est devenue un rituel. Les élections présidentielles africaines sont encore souvent régies par une volonté d’exclusion et elles opposent des forces politiques locales prêtes à en découdre. Des intervenants extérieurs, souvent Occidentaux, pressent les partis politiques locaux de renoncer à la voie de la contestation du résultat des urnes par la rue. Ils leur conseillent, expressément,  d'emprunter la voie des recours judiciaires. Cette solution de sagesse démocratique n’amène  cependant pas  les perdants à consentir à la légitimité électorale du vainqueur même lorsque le processus électoral est validé par les institutions de régulation et de surveillance nationales et  internationales des élections.  

 Loin d’être anecdotique, le rituel de la contestation électorale trahit donc un refus des règles du jeu de la démocratie et plus profondément du suffrage universel  par les acteurs politiques africains. Ces derniers continuent encore  de se considérer comme les maîtres et les propriétaires de la société. Au lieu de concourir à l’expression de la volonté générale et à la formation de l’intérêt général, les partis politiques africains en revendiquent le monopole. Encore animé par l’esprit de la lutte indépendantiste et anticolonialiste qui prétendit être le combat d’un peuple uni derrière un parti politique et son leader charismatique contre des envahisseurs étrangers, chaque parti africain estime représenter le peuple en sa totalité. Or à l’ère de la démocratie « le peuple comme totalité pris au singulier est introuvable » comme le souligne Pierre Rosanvallon. « Loin de former un bloc, dont une unanimité livrerait le secret substantiel, il est une puissance que nul ne peut seul posséder ou prétendre incarner ». S’octroyant, a priori, la majorité électorale en dépit de cette évidence, chaque parti politique s’attribue donc  la victoire  à  l’élection présidentielle,  même lorsque sa campagne électorale ou sa gouvernance fut calamiteuse.

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En démocratie, le programme politique des candidats à l’élection présidentielle doit-il être publié après l’élection ?

Le candidat du Lider vient de publier son programme politique. En dépit de l’orientation populaire et sociale de son programme, on y découvre un candidat d’obédience libéral, un adepte de l’économie dérégulée de marché  qui s’adresse clairement à un groupe spécifique d’acteurs sociaux : le patronat ivoirien et la classe des entrepreneurs dont il se propose de promouvoir et de défendre les intérêts. Ainsi les Ivoiriens sont situés. Ayant pris connaissance du projet politique économique, social et international du candidat du Lider, ils peuvent en évaluer la crédibilité, y débusquer la démagogie et se prononcer dans les urnes en étant conscients des implications et des conséquences de leurs choix dans les divers domaines de la vie collective.

Le geste de Mamadou Koulibaly, le chef du LIDER, est un geste démocratique pédagogique et exemplaire qui bat en brèche l’attitude de la plupart des candidats en vue du groupe CNC qui,  à un mois de l’élection présidentielle, n’ont pas encore volontairement publié leur programme politique ou sont incapables de le faire, probablement parce qu’ils n’en ont aucun. En déployant publiquement les principales lignes de son programme politique, le candidat du LIDER dément le prétexte de l’imprévisibilité et de la complexité d’une société et d’une économie désormais mondialisées qu’invoquent certains candidats pour se dérober à cet impératif démocratique. Un candidat en vue de la CNC ,Charles Konan Banny, s’appuie implicitement sur ce prétexte pour refuser de publier son programme politique avant l’élection présidentielle. Or une telle attitude est en contradiction avec les principes de la démocratie et avec la fonction de l’élection présidentielle dans ce régime.

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