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Les causes endogènes de la pauvreté en Afrique Noire. (2ème partie).

En Afrique Noire, l’économie de marché et la démocratie ne sont pas encore parvenus à briser les mécanismes de reproduction sociale, à permettre l’ascension sociale, à faire émerger une classe moyenne.  Dans une sorte de fatalité, l’économie de marché, qu’elle soit contrôlée hier par un Etat fort  ou couplée aujourd’hui à un Etat démocratique libéral, semble produire invariablement  les mêmes effets : la concentration du pouvoir économique et politique dans les mains d’une minorité, la pauvreté et la misère de la majorité, la domination, l’exclusion sociale, l’inégalité et l’injustice. Les capitaux massifs déversés par le rush économique des pays émergents tels la Chine aujourd’hui ne parviennent pas initier une transformation qualitative des économies en Afrique Noire. Le libéralisme économique se réalise concrètement comme mercantilisme et affairisme. Il creuse les inégalités et accroît la marginalisation sociale. La démocratie tend, de plus en plus, à prendre le visage inquiétant d’une démocratie procédurale sans substance de type partitocratique.

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La contestation électorale en Afrique Noire. Les raisons profondes du phénomène. (1ère partie)

En Afrique noire à l’ère de la démocratie, rares sont les élections présidentielles dont le résultat n’est pas contesté par le perdant et où ce dernier félicite, avec un fair-play démocratique,  le vainqueur. Les cas récents du Nigeria ou du Sénégal sont les exceptions qui confirment la règle. La contestation du résultat des Présidentielles est devenue un rituel. Les élections présidentielles africaines sont encore souvent régies par une volonté d’exclusion et elles opposent des forces politiques locales prêtes à en découdre. Des intervenants extérieurs, souvent Occidentaux, pressent les partis politiques locaux de renoncer à la voie de la contestation du résultat des urnes par la rue. Ils leur conseillent, expressément,  d'emprunter la voie des recours judiciaires. Cette solution de sagesse démocratique n’amène  cependant pas  les perdants à consentir à la légitimité électorale du vainqueur même lorsque le processus électoral est validé par les institutions de régulation et de surveillance nationales et  internationales des élections.  

 Loin d’être anecdotique, le rituel de la contestation électorale trahit donc un refus des règles du jeu de la démocratie et plus profondément du suffrage universel  par les acteurs politiques africains. Ces derniers continuent encore  de se considérer comme les maîtres et les propriétaires de la société. Au lieu de concourir à l’expression de la volonté générale et à la formation de l’intérêt général, les partis politiques africains en revendiquent le monopole. Encore animé par l’esprit de la lutte indépendantiste et anticolonialiste qui prétendit être le combat d’un peuple uni derrière un parti politique et son leader charismatique contre des envahisseurs étrangers, chaque parti africain estime représenter le peuple en sa totalité. Or à l’ère de la démocratie « le peuple comme totalité pris au singulier est introuvable » comme le souligne Pierre Rosanvallon. « Loin de former un bloc, dont une unanimité livrerait le secret substantiel, il est une puissance que nul ne peut seul posséder ou prétendre incarner ». S’octroyant, a priori, la majorité électorale en dépit de cette évidence, chaque parti politique s’attribue donc  la victoire  à  l’élection présidentielle,  même lorsque sa campagne électorale ou sa gouvernance fut calamiteuse.

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Le deal Laurent Gbagbo-Mamadou Koulibaly. Autopsie d’une faillite et d’un naufrage. (2ème partie)

 Les causes objectives de l’évolution catastrophique du FPI sont à rechercher dans le caractère foncièrement antagonique du socialisme de Laurent Gbagbo et du libéralisme de Mamadou Koulibaly. Le socialisme du premier était de nature étatique antilibérale et anticapitaliste. Le projet de société qui était le sien était influencé par la doctrine marxiste-léniniste de la dictature du prolétariat. Le libéralisme du second était de nature antiétatique, élitiste et darwinienne. Il était au contraire influencé par le modèle bourgeois de la société et par le modèle capitaliste de l’économie dérégulée. Le liant de ce mariage contre nature de la carpe et du lapin, était l’anticolonialisme de ressentiment et d’imprécation qui aveugle. Cet anticolonialisme de slogans et ce panafricanisme contradictoirement xénophobe représentaient l’antithèse démagogique de l’anticolonialisme et du panafricanisme visionnaire humaniste d’action et de propositions d’un Kwamé Nkrumah ou récemment d’un Thomas Sankara.

 Dans les deux bords idéologiques de cette alliance contre-nature, les valeurs des démocraties libérales, l’autonomie de la personne, l’égalité, la liberté, la citoyenneté, la limitation du pouvoir par les Droits de l’homme, étaient rejetées. Considérées comme superstructures idéologiques du mode de production capitaliste, ces valeurs furent identifiées au système économique de l’Occident colonisateur. Ce rejet des valeurs du libéralisme positif dont le socialisme voulait cependant remplir pleinement le programme, rompit la passerelle qui aurait pu unir idéologiquement les deux parties de l’alliance.

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Le deal Laurent Gbagbo-Mamadou Koulibaly. Autopsie d’une faillite et d’un naufrage (1ère partie)

La synthèse échouée du socialisme et du libéralisme en Côte d’Ivoire.

En Côte d’Ivoire l’expérience du socialisme a tourné court. Le renversement de l’aile dure du parti dans le populisme et l’ethnicisme constitue la dernière expression en date de cet inaccomplissement. Cette métamorphose est la manifestation symptomatique d’une des tares congénitales qui condamnaient l’obédience ivoirienne à échouer dans dans le projet politique généreux qui présida à sa naissance.

Le FPI procédait, en effet, au départ d’une idée, a priori, séduisante, car porteuse d’un projet politique avant-gardiste. Ce parti politique est né de l’ambition de marier en Côte d’Ivoire, le socialisme au libéralisme pour donner naissance à un social libéralisme que devraient incarner ses deux figures charismatiques, Laurent Gbagbo et Mamadou Koulibaly. L’objectif politique de ce syncrétisme idéologique était de travailler à l’émancipation politique, sociale et économique simultanée des catégories populaires et des élites ivoiriennes dans le cadre de la République et de la Démocratie. Ce projet nationaliste, qui se voulait en même temps modernisateur, ambitionnait d’être en Côte d’Ivoire l’artisan d’un développement endogène qui devait permettre de briser la dépendance.

Au terme d’une lutte politique sans concession, la prise du pouvoir d’Etat par le FPI fut cependant caractérisée par la remise en question du contrat social Républicain qui unissait auparavant la diversité des peuples ivoiriens dans un sentiment de similarité, d’égalité et de confraternité citoyenne. Les dix années de la gouvernance du FPI furent marquées par une politique active d’exclusion, de discrimination et de division sociale, de corruption et de pillage du trésor public, de prédation et de terreur, de répression et de massacres. Le projet de libération et d’émancipation de départ s’était renversé au final en projet de domination et d’oppression.

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La conscience républicaine : Une urgence en Côte d’Ivoire.

Indignation républicaine contre le « collectif de cadres bété » de Gagnoa. 2ème partie

Construire une conscience politique républicaine pour sauvegarder le leadership économique de la Côte d’Ivoire.

En Afrique de l’Ouest, les « collectifs de cadres ethniques » à l’image du « collectif de cadres bété » de Monsieur Gnahoré Jean-Baptiste  sont une spécificité ivoirienne. Ils véhiculent une culture antirépublicaine anti-démocratique et antilibérale qui menace l’unité politique et le leadership économique de la Côte d’Ivoire. Il faut les combattre en promouvant une conscience politique républicaine populaire

Prenons donc acte du nationalisme ethnique et de la solidarité tribale revendiqués et assumés de Monsieur Gnahoré Jean-Baptiste et de son « collectif de cadres bété » pour souligner que, cette tare qui menace la Démocratie et la République dans les sociétés multiethniques postcoloniales africaines, est singulièrement marquée en Côte d’Ivoire. L’électorat guinéen a tendance à s’organiser selon des polarités ethniques sans que le phénomène ne prenne la forme systématique d’un nationalisme ethnique dirigé expressément contre le régime républicain. A la différence de la Côte d’Ivoire, le projet d’abattre la République en reconfigurant la Loi Fondamentale, le Code électorale et les listes électorales sur la base de critères ethniques  n’a jamais été formulé en Guinée ni au Mali, ni au Libéria ou en Sierra Léone malgré les guerres civiles atroces que ces deux derniers pays ont traversées. Au Mali,  l’irrédentisme touareg a revendiqué, depuis la création du pays, un séparatisme fondé sur la défense d’une identité culturelle en invoquant à tort ou à raison le motif d’une politique du gouvernement centrale jugée ségrégationniste.

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Les leçons de la crise politique au Burkina Faso

Crise politique au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Similarités et spécificités. (3ème partie)

Quels enseignements les Ivoiriens peuvent-ils retirer de la crise politique et militaire  burkinabè ?

Au Burkina Faso, comme nous l’avions prévu, le sens de la République et la conscience de l’intérêt général ont eu le dernier mot sur l’avidité personnelle, le clientélisme, le clanisme et la haine. Le général Gilbert Diendéré et ses officiers n’ont pas déclenché l’apocalypse sur leur pays. En dépit de la violence intrinsèque et de la brutalité  du coup d’Etat qui semble démentir son pacifisme affiché, sa volonté  publiquement proclamée d’éviter un bain de sang et un affrontement fratricide fut la position de principe du Général Gilbert Diendéré. Ce sens de l’Etat  et de la fraternité concitoyenne, cette digue ultime de la République qui sauvegarde le vivre-ensemble et préserve la Cité contre les précipices de la haine, a aussi prévalu sur le sentiment de vengeance dans le camp des membres du gouvernement de transition burkinabè et des officiers de l’armée loyaliste. Les dirigeants politiques burkinabés et les acteurs de la société civile se doivent désormais de l’affirmer pleinement en se réappropriant le principe républicain d’inclusion comme semble le réussir les dirigeants de la Côte d’Ivoire actuelle. En ce pays, aucune loi n’a été proposée et votée par les défenseurs et représentants de la République afin d’interdire au FPI de candidater à l’élection présidentielle d’octobre 2015, malgré le lourd passif des 3000 morts du conflit post-électoral de Décembre 2010, jamais assumés et pourtant causés par la politique et l’idéologie d’exclusion et de haine que ce parti avait activement contribué à installer dans le pays et qu’il continue de défendre.

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La démocratie libérale à l’épreuve en Afrique Noire.3ème partie. Les enseignements du modèle japonais.

Les enseignements du modèle japonais.

 Dans les pays de tradition holiste,  où la dynamique de l’histoire a imposé la démocratie libérale en qualité de régime politique   à un moment donné, un certain volontarisme progressiste patriotique  des élites est nécessaire pour s’en approprier l’esprit. Ce choix pragmatique ne signifiant guère capitulation politique et acceptation passive d’une acculturation étrangère, cette indispensable appropriation de la dimension substantielle de la démocratie libérale permet de mettre les potentialités émancipatrices de ce régime au service des besoins spécifiques de la nation. Le volontarisme démocratique modernisateur de l’élite japonaise de l’ère Meiji et bien plus tard, de la période d’occupation américaine qui a vu la modernisation du Japon,  constitue un exemple historique de cette réappropriation culturelle féconde d’un apport étranger. Cette modernisation s’opéra par le haut et fut le fait des élites qui, tout en en préservant l’identité culturelle du peuple japonais, adoptèrent la démocratie libérale et les techniques occidentales et procédèrent à une refonte globale des structures du pays pour le mettre au niveau des impératifs des temps nouveaux.

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La démocratie libérale à l’épreuve en Afrique. (2ème partie) En guise de réponse à Lembe Tiky

En quoi consiste précisément la démocratie libérale?

La démocratie libérale résulte de l’union de la démocratie avec libéralisme, plus exactement de la synthèse des principes de la démocratie et du libéralisme. Le résumé éclairant qu’en donne Serge Berstein dans « Démocraties, régimes autoritaires, et totalitarismes au XXème siècle » peut nous aider à saisir l’esprit de ce régime bifront qui semble correspondre en profondeur aux demandes concrètes des populations africaines. Cette aspiration concrète des peuples africains à la liberté individuelle et collective, politique économique et sociale, dénonce la rhétorique identitaire de certains milieux politiques et intellectuels d’Afrique Noire réclamant une démocratie conforme aux traditions du passé. A mille lieux d’une pensée exigeante appelant à endogénéiser la démocratie en la vivifiant par les universaux des cultures africaines, ce passéisme, telle la démocratie du consensus prônée par Lembe Tiky est un discours idéologique mystificateur : celui d’une catégorie sociale dominante qui s’adosse aux coutumes et aux hiérarchies des sociétés lignagères du passé pour légitimer et pérenniser son statut de groupe social politiquement et économiquement dominant.

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La démocratie libérale à l’épreuve en Afrique Noire (1ère partie)

En Afrique noire la démocratie libérale est à l’épreuve. Au moment où couplé au triomphe de l’économie libre de marché, ce régime complexe s’impose en Afrique après l’ère des Etats mobilisateurs, il importe de déterminer sa spécificité. Cette définition précise de la démocratie libérale, qui en éclaire la problématique, permet de résister au pessimisme démocratique qu’entraîne la résilience des autocraties, et des poussées anti-démocratiques du nationalisme communautaire et des populismes. Elle permet de les identifier comme étant une réaction de résistance des forces d’inertie dans la dynamique d’accomplissement irrésistible du régime politique de la liberté des peuples en Afrique noire.

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Le Président Alassane Dramane Ouattara sert-il l’intérêt général en Côte d’Ivoire ? ( 2 ième partie)

En Côte d’Ivoire, l’économie libre de marché est un modèle politique alternatif.

En Côte d’Ivoire, la politique gouvernementale actuelle  de reconstruction des infrastructures est régie par la logique de l’intégration nationale de la diversité sociale par l’économie libre de marché. Il y a ici un choix politique situé dans l’orthodoxie d’une tradition économique et politique, celle du libéralisme économique, fondé sur l’idée que l’économie libre de marché permet de réaliser l’émancipation des individus et des collectivités et de libérer les peuples de toutes les formes de domination politique. Toute la problématique politique en un pays d’Afrique Noire, qui opère le choix du libéralisme, est alors de conformer la praxis gouvernementale aux valeurs et à l’utopie du modèle libéral, d’y rapporter intelligemment les particularismes culturels locaux sans dévoyer ces valeurs et cette utopie afin d’en déployer pleinement la productivité dans un contexte socio-historique donné.

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Les formes d’imposture démocratique en Afrique noire.

"Nous avons fait place nette en fermant les médias privés et en faisant taire la contestation populaire à coup de répression policière et militaire. Il n'y a plus, dans le pays, de manifestations publiques contre la volonté de notre  président Pierre N’kurunziza de briguer un troisième mandat. Nous ne sommes donc pas contestés. Les populations citadines contestatrices se terrent. Les populations rurales dont nous avons acheté le silence à coup de distribution de sacs de haricots et de sacs de riz sont indifférentes. La preuve est donc faite que la contestation politique du troisième mandat du président Pierre Nkurunziza est le fait d’une minorité très localisée de citadins manipulés par les médias et par les anciennes puissances coloniales. La population Burundaise dans sa majorité consent donc à notre volonté de nous octroyer un troisième mandat et pourquoi pas un quatrième mandat, de demeurer au pouvoir ad-vitam æternam au mépris de la constitution. Nous sommes légitimes et le pouvoir d’Etat nous appartient parce que nous sommes les représentants politiques et militaires du peuple majoritaire hutu que nous avons libéré de la domination de la minorité tutsi"

Telle est la manière dont le gouvernement Burundais, sous la férule de l'apprenti dictateur Pierre Nkurunziza, conçoit la démocratie. Curieuse façon de concevoir la démocratie : il s’agit, en effet, d’un cas d’école des impostures démocratiques qui tendent à s’installer en l’Afrique noire à l’ère du multipartisme.

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Les modèles de la pyromanie politique en Afrique Noire : Pierre Nkurunziza versus Laurent Gbagbo.

Malgré les avancées remarquables réalisées en Afrique noire sur le chapitre crucial de l’alternance du pouvoir comme en témoigne le geste exemplaire de Goodluck Jonathan récemment au Nigeria, le syndrome de la folie du pouvoir, résidu pathologique des dictatures et des autocraties qui s’installèrent durant les trois premières décennies de l’Indépendance, constitue de nos jours la menace la plus sérieuse contre la démocratie en Afrique. Ce syndrome africain de la folie du pouvoir, source de la pyromanie politique, se décline sous deux formes principales. La première forme est celle d’un chef d’Etat, démocrate autoproclamé, qui refuse le verdict des urnes prononçant sa défaite, décide de se déclarer lui-même vainqueur de l’élection présidentielle et décide de conserver le pouvoir en refusant le principe démocratique de la majorité du vote. La deuxième forme est celle d’un chef d'Etat prétendument démocrate mais encore inspiré par la culture des dictatures et des autocraties du passé, qui décide de s'octroyer contre la constitution ou en la manipulant, un nombre indu et non autorisé de mandats.

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Les sources endogènes du paupérisme des populations en Afrique Noire. 1ère partie

Les « étrangers » boucs émissaires d’un système endogène de domination.

Dans la plupart des Etats d’Afrique Noire, l’une des anomalies qui sautent aux yeux de l’observateur étranger est le paupérisme du plus grand nombre et la concentration scandaleuse de la richesse financière et du pouvoir économique dans les mains de la classe politique et des familles dirigeantes. A l’ère du triomphe de l’économie libérale et de la démocratie censées se conjuguer pour promouvoir l’intégration socio-économique et politique sans discrimination de la population, la désintégration sociale et les inégalités s’accentuent paradoxalement en Afrique noire. Malgré les forts taux de croissance économiques constatés en plusieurs Etats, ces maux semblent s’approfondir sur fond de séparatisme et de désintégration des Etats postcoloniaux. On est frappé par la contradiction constituée par la coexistence du paupérisme du plus grand nombre avec une inventivité créatrice populaire qui semble donc étouffée ou à tout le moins gaspillée.

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L’Afrique du sud, l’espérance brisée de l’Afrique Noire. (2ème partie)

La solution de Jacob Zuma est-elle crédible ?

La maladie de la démocratie sud-africaine, dont la xénophobie est le symptôme, est la crise de la représentation politique des intérêts des populations. La crise de la représentativité résulte de la dérive oligarchique de la classe politique. Elle survient quand cette dernière se met au service de ses propres intérêts, se coupe de la société qu’elle utilise comme ressource politique. La représentation politique des intérêts de la diversité sociale que la démocratie électorale représentative permet de satisfaire est bien souvent dévoyée en Afrique Noire. La représentativité démocratique s’y conçoit, bien souvent, comme incarnation politique d'une identité  ethnique ou confessionnelle.

L’Afrique du sud se conçoit aujourd’hui, plus comme une nation zouloue que comme une nation citoyenne constituée par l’unité de la pluralité des peuples sud-africains. Paradant dans ses vêtements traditionnels et ses peaux de léopard au cours de cérémonies folkloriques, Jacob Zuma se veut l’incarnation de l’identité politique de la communauté majoritaire zouloue. La légitimité de la classe politique dirigeante sud-africaine se définie, dans ce cas, relativement à une légitimité de type ethnique. Le discours politique devient ainsi un discours d’affirmation identitaire tombant dans la démagogie populiste. On en arrive alors facilement au discours de la défense d’une identité communautaire menacée par l’invasion des étrangers ; discours qui potentialise les effets délétères de la discrimination économique du plus grand nombre!

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A Achille Mbembe. Ce n’est pas le peuple de Mandela qui devient fou. C’est L’ANC

Non!  Monsieur Achille Mbembe !   Ce n'est pas le peuple de Mandela qui devient fou! C'est l'ANC au pouvoir en Afrique du sud qui a trahi l'héritage de Mandela et qui devient fou. C'est l'ANC au pouvoir en Afrique du sud  qui a trahi l'héritage de Mandela (cf. Notre article « Nelson Mandela ou le pouvoir du caractère » décembre 2015)  en s'accaparant le pouvoir politique et en partageant le pouvoir économique avec les Blancs au détriment du petit peuple  noir sud-africain. C'est cet ANC qui détourne la colère du petit peuple spolié sur les boucs émissaires "étrangers".

 Ciril Ramaphosa, un des compagnons de route de l’ANC de la dernière heure, est devenu l'un des hommes les plus riches d'Afrique du sud sans compter une pléthore d'autres tandis que le petit peuple,  sur lequel ces oligarques sud-africains noirs  n'hésitent pas à faire ouvrir le feu comme en témoigne le massacre de mineurs en grève, crève la dalle !

Monsieur Achille M'bembe vous qui aviez déménagé avec armes et bagages au pays de l'anticolonialisme et du panafricanisme triomphant, porté au pinacle en Afrique Noire , vous devez maintenant avoir le courage de tourner votre critique contre cette élite prédatrice noire qui est en train de sucer le sang du petit peuple sud africain et qui en détourne la colère vers les boucs émissaires « étrangers » ! Ne vous contentez pas d'une condamnation générale! Parlez plutôt de la responsabilité de Jacob Zuma, de ses châteaux, de cette bourgeoisie de parvenus noirs tous membres de l'ANC qui, indifférents à la misère du plus grand nombre, s'empiffrent. Brocardez ces rois traditionnels qui furent des collaborateurs zélés du pouvoir blanc sous l'apartheid et qui en appellent aujourd’hui à l’expulsion des étrangers noirs ! Parlez de la dérive oligarchique des compagnons de Mandela ! Parlez de leur goût immodéré  pour l’ostentation dans une Afrique du sud plus inégalitaire que jamais. Parlez de  Jacob Zuma et de son prédécesseur Thabo Mbeki qui avaient tous les deux  dépêché aux portes  d’Abidjan une flotte surarmée pour soutenir et défendre l’imposture et la violence meurtrière de Laurent Gbagbo un autre « anticolonialiste » et « panafricaniste » xénophobe qui sévissait en Côte d’Ivoire. Pour ce qui nous concerne nous n'avons jamais été dupes de l'esbroufe « panafricaniste » et « «anticolonialiste » de ces prédateurs qui ont oublié leur origine, les townships,  aussitôt le pouvoir d'Etat dans leurs mains. Ils ont commencé à se remplir le ventre et les poches  au détriment du peuple noir  et à trahir l'héritage de Mandela avant sa mort.

Comme hier en Côte d’Ivoire, les « étrangers » en Afrique du sud, aujourd’hui, ne sont que les boucs émissaires et les victimes expiatoires d’une politique locale de prédation qui s’appuie sur un système  endogène de domination dont nous  révélerons bientôt l’architecture. Le petit peuple qui s’engage dans ces ratonnades meurtrières est un peuple manipulé et instrumentalisé par des politiciens sans foi ni loi.

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