La CNC plébiscite le programme politique et économique d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire..

Le paradoxal programme économique des dirigeants de la CNC.

Les dirigeants emblématiques de la CNC qui soutenaient que le développement économique est impossible sans la réconciliation politique, préalable sine qua non selon leurs dires, viennent presque tous de publier leurs programmes économiques consciencieusement ficelés. Ces programmes définissent les grandes lignes des actions économiques qu’ils comptent, aussitôt élus,  mettre en œuvre pour résoudre les problèmes économiques et sociaux des ivoiriens. Le plus étonnant en ces programmes exclusivement centrés sur l’économie et les finances est qu’aucun mot ne soit dit, qu’aucune proposition de solution ne soit avancée concernant la réconciliation politique.  Serait-il alors possible de mettre en œuvre un programme de développement économique  dans un pays, clivé par l’héritage d’une guerre civile, en lequel la réconciliation politique n’est pas encore réalisée ?

La question mérite, en effet, d’être posée dans la mesure où les dirigeants de la CNC ont présenté au peuple ivoirien des programmes économiques  en guise de programme de gouvernement sans que le préalable de la réconciliation politique ne se soit matérialisé selon eux. Faut-il voir dans cette contradiction la raison profonde des hésitations d’un Charles Konan Banny, tenant de cette thèse, qui n’a consenti à publier son programme économique qu’au dernier moment suite à la pression exercée par une opinion publique ivoirienne critique et avertie ?

Il s’agit, en effet, d’une contradiction fondamentale qui amène alors le peuple ivoirien à douter de la viabilité et de la crédibilité des programmes économiques, financiers et sociaux de dirigeants de partis qui soutenaient il y a peu, que la réconciliation politique est la condition de viabilité d’un programme de développement économique. S’ils parvenaient à être élus, ces dirigeants devraient donc, conformément à leur parti-pris idéologique, s’atteler d’abord à réconcilier politiquement la Côte d’Ivoire avant de mettre en œuvre leur programme de développement économique et financier, une mise en œuvre simultanée du développement économique et de la réconciliation politique étant impossible aux dires de ces dirigeants. Pour que l’attelage du labourage et de l’ensemencement économique et financier puisse se mettre en marche,   les bœufs, à savoir la réconciliation politique, doivent être installés avant la charrue, à savoir le programme économique. Il faudra donc consacrer la temporalité politique d’un gouvernement issu de cette obédience idéologique au travail de la réconciliation politique et sociale. Un gouvernement issu de la CNC  devra alors logiquement  arrêter  les urgences économiques de la Côte d’Ivoire au profit de l’urgence politique constituée par la libération de Laurent Gbagbo, condition de la réconciliation politique qui est elle-même la condition de la viabilité de tout programme de développement économique en Côte d’Ivoire.

A supposer que, par miracle, cette gageure impossible à tenir soit tout de même tenue, on peut penser qu’entrera en résistance active, la partie de la population ivoirienne qui n’accepte pas cette libération et réclame que celui qu’elle juge responsable de ses malheurs soit judiciairement sanctionné. L’instabilité sociale engendrée par ce dissensus constituera un obstacle insurmontable qui obérera le développement économique de la Côte d’Ivoire sous la direction d’un gouvernement CNC. Si le développement économique  et la viabilité des investissements, de la reconstruction des infrastructures  sont  impossibles sans la réconciliation politique, quel crédit accorder alors  aux programmes économiques concoctés par les dirigeants politiques qui font de la réconciliation politique la condition sine qua non du développement économique ? 

Pour sortir de cette impasse, il faut supposer que les candidats de la CNC ayant présenté un programme économique se sont accaparés, sous le boisseau et sans le dire, de la solution de leur adversaire, solution pourtant décriée: à savoir la réconciliation politique par la voie du développement économique. Cet accaparement de la solution rejetée et condamnée  de l’adversaire politique Alassane Dramane Ouattara, dévoile alors un manque de vision politique de la part des dirigeants de la CNC. La démonstration d’une telle cécité politique requiert que la confiance publique leur soit retirée. Cette confiance doit leur être retirée, d’autant plus que la solution de la réconciliation par le développement économique, qui est en relation étroite avec le libéralisme politique et l’éthique des droits de l’homme, est en contradiction avec l’idéologie communautaire antilibérale à laquelle souscrivent les entrepreneurs politiques de la CNC.

La seule solution cohérente ouverte alors aux dirigeants de la CNC, tenants de la thèse de la réconciliation politique, condition du développement économique, consiste à instituer une dictature ou un Etat communautaire qui évacue de son sein, l’opposition, la contestation, le conflit et la contradiction. Il leur faudra réconcilier politiquement le peuple  en reconstruisant le corps politique selon le modèle de l’homogénéité ethnique et confessionnelle pour créer le consensus social qui réalise les conditions politiques  du développement économique. La solution logique permettant donc aux dirigeants de la CNC de trancher le nœud gordien qui les enserre est donc de mettre en œuvre une dictature communautaire.

La condition de la viabilité du programme économique des dirigeants de la CNC c’est l’expulsion de la partie de la population qui s’oppose à la libération de Laurent Gbagbo,  c’est la déportation des indésirables, la purification ethnique, le massacre des contestataires. A y regarder de près, c’est la solution du FPI de  Laurent Gbagbo  qui voulait réaliser en Côte d’Ivoire une société ethniquement et confessionnellement homogène, un Etat communautaire consensuel avant de mettre en œuvre son programme de développement national-socialiste. Est-ce pour rien que les dirigeants de la CNC en font le modèle du dirigeant politique idéal auprès duquel ils sont, presque tous, allés se faire adouber ? 

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