La contestation illégale et illégitime de l’éligibilité du candidat Alassane Dramane Ouattara. 2ème partie.

 Dans les années 1998-2000, la décision de déclarer le candidat Alassane Dramane Ouattara inéligible à la présidence de la République, décision similaire à celle du bannissement du capitaine Dreyfus par des adversaires de la République,  adeptes d’un Etat communautaire dans la France nationaliste des années 1894-1895, est arbitrairement prise et mise en œuvre par une faction de politiciens désireux d’écarter un adversaire politique. La légalisation de cette décision arbitraire  funeste, par les tenants ivoiriens du nationalisme communautaire contre les principes de la République, conduisit  aux révoltes sociales et  la rébellion militaire  de 2002 qui ne fut en rien le résultat d’un complot néo-colonialiste international des firmes et multinationales capitalistes contre un pouvoir socialiste patriote et républicain. Structuré par le nationalisme communautaire, l’Etat communautaire, qui vit le jour à la suite d’une élection calamiteuse en 2000 n’était guère un Etat démocratique animé par un patriotisme républicain d’Etat. Le vol de la dénomination de « patriote » par les milices sanglantes du pouvoir ethno-nationaliste fut l’expression emblématique d’une escroquerie politique. La rébellion militaire de 2002 fut en réalité la conséquence logique d’un acte de pyromanie politique illégale autant qu’illégitime qu’essaient de rééditer à nouveau  les auteurs de ce brigandage politique en 2015.

Démontrer que la récusation de la candidature du citoyen Alassane Dramane Ouattara est un acte de pyromanie politique, c’est donc attirer l’attention sur la nature foncièrement incendiaire d’un acte qui, partout dans le monde, a conduit à l’inflammation et l’explosion des cités pluriethniques et pluriconfessionnelles. Comme nous l’écrivions récemment dans une contribution consacrée à l’unité des Musulmans et des Chrétiens ivoiriens dans la valeur républicaine de laïcité, le sang a inéluctablement  toujours coulé « partout où l'on a voulu reconstruire la société politique et bâtir l'Etat sur les identités primordiales, c'est-à-dire sur les ethnies et sur les confessions religieuses. Partout où, dans les sociétés multiethniques et pluriconfessionnelles, l'on a voulu placer le pouvoir temporel sous la régence des coutumes et des dogmes confessionnels, la réforme ethnique et confessionnelle de l'Etat a abouti aux politiques de purification ethnique et confessionnelle, aux massacres et aux génocides. Prétendant détenir l'exclusivité de la Vérité, les dogmes et les identités sont alors entrés en collision en vue de  s'approprier l'Etat en excluant les autres, en éliminant la différence. » cf « La laïcité de l'Etat, valeur partagée des Musulmans et des Chrétiens de Côte d'Ivoire ». 20 juin 2015 cedea.net .Dans les sociétés pluriethniques et pluriconfessionnelles, l’Etat communautaire s’installe toujours sur la ségrégation, la déportation ou le massacre des minorités. Ce modèle politique instaure nécessairement une dictature de la majorité ethnique ou confessionnelle lorsqu’il endosse comme camouflage le manteau de la démocratie.

Est-il besoin de souligner, pour éclairer cette vérité historique, que les Etats communautaires qui existent de part le monde, tels  l’Iran ou l’Arabie Saoudite et les monarchies pétrolières du Moyen-Orient sont sociologiquement  des sociétés mono-ethniques et bien souvent mono-confessionnelles? Est-il besoin d’attirer a contrario l’attention sur les exemples d’embrasement politique inévitablement suscité par les tentatives de redéfinition ethnique et confessionnelle de la vie politique dans les société pluriethniques et multiconfessionnelles d’Afrique Noire telles le Nigeria, le Mali , le Soudan-sud, la République Centrafricaine, le Burundi ou anciennement le Rwanda d’Habyarimana et la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo  pour ne citer qu’eux ? 

C’est en regard de cette évidence historique que doit être rappelé aux politiciens pyromanes ivoiriens, qu’aveuglent la passion du pouvoir et bien souvent la haine envers l’adversaire politique, le caractère impérieux de leur retour nécessaire à la sagesse politique et à l’esprit de la République tolérante, plurielle et fraternelle que doit continuer d’être la Côte d’Ivoire. (A suivre)  

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