Le bien-être des populations : un impératif catégorique de la politique. 1ère partie.

Depuis la nuit des temps, dans les sociétés qui se sont affranchies de l’état de  nature, la gestion des affaires de la cité par les dépositaires de l’autorité publique, la politique,  a eu pour objectif d’organiser et de promouvoir le bien-être des populations. Cette destination ultime  de la politique a été élevée au statut de norme absolue de l’Etat moderne dans les théories du contrat social ou de la transformation de la société par la révolution. En situant la source de la souveraineté et de la légitimité  dans le peuple,  les penseurs de la politique  ont institué la raison d’être du Pouvoir et de l’action des gouvernants dans la représentation des gouvernés et dans le service de leurs intérêts suprêmes. Telles sont les normes inconditionnées de l’action politique moderne. La science politique a défini en conséquence la République et la démocratie libérale et les formes institutionnelles afférentes comme étant les médiations idoines permettant de réaliser de manière tangible ces impératifs.

En République et en Démocratie, la fonction et le devoir du pouvoir politique sont de gérer les affaires de la Cité de manière  à réaliser le bonheur des populations, à instituer les conditions assurant de manière tangible  leur bien-être matériel. L’amélioration morale  intérieure  du peuple est quant à elle une affaire privée relevant des efforts individuels, quoique les gouvernants se doivent de donner l’exemple des vertus civiques qui favorisent l’amélioration morale du peuple. Le devoir du gouvernement en République et en démocratie est, dans cette perspective, d’user de ses fonctions régaliennes pour réaliser les infrastructures garantissant  la dignité des  conditions de vie des populations. Il est aussi de mobiliser la puissance publique pour assurer leur sécurité. La vertu politique consacrant  la représentativité et la légitimité d’un gouvernement en démocratie, s’apprécie selon son aptitude à marier judicieusement l’impératif politique  de redistribution à celui d’investissement pour engager une politique de développement endogène susceptible de promouvoir le bien-être individuel et collectif.

Le rôle de l’opposition politique est dans cette optique de mettre en question l’action gouvernementale en la rapportant à l’impératif politique qu’est le service de l’intérêt général et du bien public. Un parti d’opposition ou une coalition d’opposition est, en République, un challenger politique qui met à nu, dans un esprit républicain, les inaccomplissements du gouvernement, les failles de sa politique relativement au service de l’intérêt général, au respect du principe de pluralité, au respect des droits fondamentaux des personnes et des collectivités, à la défense de l’unité citoyenne de la diversité sociale. La raison d’être d’une opposition politique, en démocratie républicaine, est donc de proposer au peuple souverain un projet de société et un programme de gouvernement républicain  concurrentiel alternatif susceptibles de remporter la majorité des suffrages aux élections. C’est en ce sens précis que, dans le corps politique de la société démocratique qui est une entité organique, le gouvernement a besoin d’une opposition. Il s’agit de fonder l’alternance du pouvoir sur la concurrence des projets de société et des programmes de gouvernement partisans représentatifs qui reflètent le plus exactement possible les intérêts, les valeurs et les demandes formulées par le peuple dans l’optique du service de l’intérêt général et de la promotion du  bien public.

Quand un parti politique conquiert le gouvernement de l’Etat par démagogie, trahit les demandes et les intérêts de la majorité qui l’a porté au pouvoir, se révèle sans utopie directrice, navigue à vue, jette par-dessus bord les impératifs d’investissement et de redistribution pour se délester de sa charge politique et sombre dans l’affairisme oligarchique, son destin politique est celui de la révocation électorale. Quand un parti politique demeure indifférent aux intérêts vitaux et au bien-être des groupes sociaux qu’il prétend représenter, quand ce parti est sourd aux demandes formulées par son électorat, il perd sa représentativité. Quand il s’avère incapable d’élaborer une offre politique explicite  correspondant aux besoins concrets des populations se contentant de leur imposer au contraire une idéologie en contradiction avec leurs attentes, il devient une faction oligarchique qui utilise la société comme une ressource politique pour promouvoir ses propres intérêts particuliers.

Quand un parti d’opposition ou une coalition de parti d’opposition, est incapable d’articuler un projet de société et un programme de gouvernement républicain concurrentiel explicites, quand il sombre  dans le populisme, par suite de cette défaillance, flatte les bas instincts du peuple, récuse le contrat social républicain et appelle à la sédition, il se disqualifie politiquement. Il doit, dans ce cas de figure, être requalifié comme un groupe factionnel d’intérêts particuliers qui s’est accaparé le statut d’opposition  et qui tente de le monopoliser afin de l’utiliser comme un moyen de chantage et de pression mafieuse sur le gouvernement légal. Il doit être requalifié comme une corporation ayant revêtu frauduleusement le titre d’opposition politique afin de faire triompher à son profit le principe de la particularité sur celui de la généralité qui garantit la coexistence harmonieuse de la diversité sociale dans la République. Il devient un anti-mouvement social, un instrument de désordre, de chaos et de rapine. Le statut d’opposition politique est dans ce cas précis un statut usurpé et la jouissance indue des prérogatives financières accordées par la République est une escroquerie opérée contre le contribuable. Agissant contre les intérêts vitaux des acteurs de la société civile, mettant à mal le nécessaire contrôle politique institutionnel du pouvoir qu’exigent la République et la démocratie, cette faillite partisane est une trahison perpétrée contre la nation. Ces dévoiements  gravissimes, menaces mortelles contre la République et la démocratie, exigent de rappeler en quoi consiste le rôle des partis politiques en démocratie républicaine. Ils appellent  aussi remonter à la source de cette défaillance partisane pour identifier, afin de s’en prémunir, la pathologie politique dont elle est la conséquence (A suivre)

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