Le pouvoir ivoirien prépare-t-il des fraudes comme le clame le groupe CNC ?

L'opposition ivoirienne accuse le pouvoir de préparer des fraudes,  annonce  JA dans son édition en ligne de ce dimanche 14-Juin 2015. On s'y attendait! A cinq mois de l’élection présidentielle ivoirienne, cette démagogie bien connue de la CNC,  d’une coalition d’opposition  qui n’a, jusqu’à ce jour, pas réussi à présenter la moindre offre politique claire et crédible aux Ivoiriens donne, de manière  symbolique et inquiétante, le ton d’une politique partisane de la terre brûlée qui va tenter d'imposer  à la campagne électorale de la présidentielle le rythme du soupçon et de la contestation : un brouillage opportuniste s’inscrivant dans la continuité d’une stratégie de sabotage préméditée  qui ne fut jamais abandonnée par un anti-mouvement sectaire que l’on peut accuser de tous les défauts sauf ceux de la cohérence et de l’opiniâtreté ; un brouillage opportuniste destiné à masquer la faillite politique d'une coalition antirépublicaine et antidémocratique démasquée comme telle par la majorité des Ivoiriens!

On présume d'emblée que la défaite électorale, probablement prévisible, d'un groupe CNC qui n'a eu, jusqu'aujourd'hui, que du vent et de la confusion  à offrir à l'électorat ivoirien, sera contestée par les intéressés égocentrés qui ne rêvent que chaos et chienlit. En 2010, la défaite du FPI et de ses affiliés fut provoquée par un  bilan économique, politique et social catastrophique qui reposa largement sur sa conception instrumentale et antidémocratique de la société. Ils ont toujours considéré la société, comme un matériel manipulable et utilisable à loisir  du Pouvoir politique  auquel n’était due aucune reddition de compte. En 2015, la défaite probable du groupe CNC reposera, selon la loi d’airain de la démocratie électorale représentative, sur son incapacité à proposer, jusqu’aujourd’hui,  un programme de gouvernement républicain et un projet de société démocratique répondant  aux attentes concrètes de la population. L’accusation préméditée de fraude trahit donc un vide de projet de société concurrentiel à opposer à celui du pouvoir en place.

« Nous dénonçons une volonté manifeste du pouvoir d’organiser des fraudes sur le recensement électoral » a déclaré à l’AFP Bertin Konan Kouadio, dit « KKB », un cadre de la CNC, note jeune Afrique.

  La véhémence de l’accusation ne doit pas faire illusion ! Cette accusation infondée est proférée à partir d’une conception autocratique de l’élection. Dans l’optique des membres de la CNC,  l’élection est un instrument d’auto-consécration du pouvoir. Cette accusation est  donc proférée à partir d’une culture politique  autocratique surannée qui continue à considérer la population ivoirienne comme un bétail électoral convoyable  à merci vers les abattoirs électoraux des autocraties du passé

« Une élection se gagne à partir des listes électorales », a poursuivi M. Kouadio, accusant le pouvoir de se « tailler des listes électorales sur mesure (…) sur lesquelles seront inscrits ses partisans »

Non, monsieur Kouadio Konan Bertin, une élection démocratique ne se gagne  pas « à partir des listes électorales » ! Elle se gagne à partir d’une offre politique partisane répondant aux demandes des électeurs et correspondant  à leurs attentes concrètes, à leurs besoins  multiformes dans la vie quotidienne. Elle se gagne à partir d’une praxis partisane, qui prouve aux électeurs qu’ils ont affaire à un parti sérieux et crédible, capable de représenter politiquement   sans les trahir leurs intérêts et les valeurs en lesquelles ils croient. Depuis le tournant démocratique africain dans un monde désormais ouvert, qui place les élections nationales sous le regard inquisiteur du monde entier et des organismes internationaux de surveillance, tous les partis politiques et les politiciens sérieux et dotés du minimum de scrupules,  savent désormais qu’ils ne peuvent plus compter  que sur leur bilan et sur la crédibilité de leur offre politique pour remporter des élections.

 Monsieur Kouadio Konan Bertin, à  partir de vos chimères et de vos représentations autocratiques surannées  de la politique et de l’élection,  vous engagez donc contre l’élection présidentielle ivoirienne d’octobre 2015,   une  dynamique   dangereuse  de contestation  injustifiée et infondée qui risque de provoquer de l’instabilité politique et de menacer l’avenir de la Côte d’Ivoire.

L’Afrique a changé et le jeune politicien que vous êtes fonctionne malheureusement avec les représentations autocratiques dépassées du passé.  Vous et vos pairs de la coalition « nationale » (sic)   dite pour le changement (sic) n’êtes qu’un assemblage symbolique hétéroclite de fossiles politiques  dont les Africains, en général, et les Ivoiriens, en particulier,  savent qu’ils n’ont rien à attendre.

On le sait, et nous l'avons maintes fois souligné, votre prétendue coalition d'opposition CNC en Côte d'Ivoire est tout sauf un groupe de démocrates désireux de promouvoir la République, de travailler à la limitation de l’Etat par les droits humains fondamentaux, et de se consacrer à l’émancipation économique, sociale et politique de tous les Ivoiriens sans discrimination. Votre  groupe CNC estime désormais pouvoir enfourcher, pour son propre compte et selon son propre agenda politique, le cheval de bataille de la contestation sociale populaire qui a démontré son efficacité comme arme fatale suprême contre les autocraties et les dictatures de la sous-région. Nous pouvons donc parier nos yeux et nos mains qu’après sa prévisible défaite électorale d’octobre prochain, le groupe CNC  tentera d’utiliser,  en la dévoyant pour son propre compte contre la démocratie ivoirienne, la nouvelle recette de la contestation populaire que les masses africaines mobilisent de nos jours  contre les dictatures du continent.  Les Ivoiriens se doivent donc de dénoncer  cette nième imposture du groupe CNC, imposture qui menace leur avenir immédiat autant que  la démocratie ivoirienne elle-même.

A la différence d'autres pays africains souffrant de la dérive de pouvoirs autocratiques, tels au Burundi actuellement, la Côte d'Ivoire souffre de la médiocrité de son opposition. Cette situation inédite doit interpeller les démocrates africains. En Afrique Noire,  la vigilance critique, indispensable à la sauvegarde de la démocratie, doit être dirigée autant contre les oppositions bien souvent médiocres et opportunistes que contre  les pouvoirs établis  qui violent allègrement bien souvent les droits humains. On ne doit pas seulement travailler à la limitation du pouvoir. On doit travailler à bâtir des oppositions constructives qui apprennent à contester les pouvoirs établis sur la base d'un projet républicain clairement décliné, et sur la base d'expertises économiques, sociales et politiques structurées,  clairement établies et publiées.   

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