La maîtrise de la bataille politique condition de la victoire du RHDP en Octobre 2015. 4ème partie

A la différence de l’ex-pouvoir ivoirien dépourvu de vision et de clairvoyance économique et politique, la problématique centrale de la distribution des ressources a été clairement identifiée par le pouvoir ivoirien actuel. Le choix politique qu’impose cette problématique est allé à l’investissement. La question est alors de légitimer politiquement ce choix économique. Or cette légitimation ne peut se faire selon l’ancienne méthode de gouvernement des démocraties du passé qui consistait pour l’exécutif à administrer l’application verticale du choix technocratique d’un pouvoir central. Il importe au contraire  de légitimer le choix du Pouvoir ivoirien conformément à la nouvelle méthode démocratique d’attention à la particularité. Celle-ci appelle les gouvernements à servir l’intérêt général en étant attentif aux situations individuelles et en traitant des cas particuliers.

 Ce nouvel impératif de la démocratie de proximité intègre l’inclusion de toutes les parties prenantes  et la discussion des règles justes  au cœur des stratégies politiques du pouvoir. En Côte d’Ivoire l’équation de la distribution des ressources doit donc être politiquement résolue à travers la méthode démocratique d’attention à la particularité. Elle doit passer par le tamis de la discussion participative qui donne à chacun des partenaires sociaux et économiques l’impression d’avoir été entendu et écouté par un gouvernement proche et attentif aux vécus des populations. Le choix gouvernemental doit apparaître comme résultant des actes finaux d’un Pouvoir qui décide et choisi après avoir écouté et arbitré. Il faut faire entrer l’exécutif en démocratie.

L’ancien pouvoir avait échoué à cette épreuve de la démocratie de proximité. Il en est resté à l’agitation brouillonne du populisme qui permet en réalité à un pouvoir démagogue de se tenir à distance des besoins réels du peuple. Le virage dictatorial de ce pouvoir démagogue ne fut que la chute du masque dont il s’était affublé pour tromper tout le monde. Son opposition au pouvoir actuel  demeure articulée par cette incapacité foncière. L’ancien pouvoir dénonce comme compromission l’inclusion et la participation politique partisane. Il continue de voir dans l’adversaire politique un ennemi! Fidèle en cela à son populisme natif, il échoue tout simplement à relever la gageure de l'opposition  constructive, l’arc-boutant de la démocratie de proximité. Sa critique du pouvoir se mue en conséquence « en une stigmatisation compulsive et permanente des autorités gouvernantes jusqu’à constituer celles-ci en ennemies, radicalement extérieures à la société » comme le souligne Pierre Rosanvallon décrivant les formes pathologiques de la démocratie de surveillance.

Il convient en cela de réunir, sous le registre du populisme, la série des critiques que les adversaires politiques du gouvernement, qui ont refusé jusqu’à ce jour de s’inscrire clairement dans la logique d’une opposition républicaine, mobilisent actuellement dans leur bataille politique, leur unique carte contre le gouvernement ivoirien. Nous avons déjà souligné, dans nos précédentes contributions sur ce sujet, que ce populisme, modulé sur les tempos de l’accusation de rattrapage ethnique, de la partialité de la CEI, de la dictature d’un gouvernement de l’étranger, était destiné à attaquer la légitimité politique du pouvoir actuel. La dernière offensive lancée par les évêques politiques ivoiriens, qui tendent à faire croire aux Ivoiriens qu’ils se trouvent en présence d’un Etat ennemi de Dieu et des lois primordiales du monde divin, constitue le sommet d’une offensive politique orientée vers la délégitimation temporelle et spirituelle du pouvoir actuel. Le gouvernement aurait tort d’ignorer la gravité d’une stratégie populiste qui montera crescendo jusqu’à la présidentielle en préparation à une contestation des résultats des urnes en cas de défaite.

Face à cette attaque sournoise, le pouvoir ivoirien doit réussir à relever la gageure de la mutation démocratique de l’exécutif pour asseoir politiquement le choix du gouvernement quant à la combinaison du couple investissement/redistribution qui conditionne le succès du projet de développement endogène dans la durée. Mais en attendant, il devra parer efficacement la stratégie adverse de délégitimation politique.

Tel est le défi que le pouvoir actuel doit réussir à affronter. Il s’agit de réussir à instituer la politique de proximité comme culture de la démocratie ivoirienne. Pour y parvenir, il faut, en dépit d’une « opposition » qui se défausse,  continuer obstinément à inclure politiquement toutes les composantes de la société civile, dans la diversité de leurs obédiences partisanes et idéologiques, dans une démocratie de proximité construite sur l’attention aux particularités. Cette mutation démocratique de l’exécutif consacrera la victoire politique du RHDP.  Le pouvoir actuel apparaîtra, de ce fait, comme étant le contraire absolu d’un gouvernement technocratique indifférent au vécu réel du plus grand nombre. Il apparaîtra surtout comme étant l’antithèse radicale du populisme démagogique d’une oligarchie ventriloque qui réduit la proximité avec le peuple à son avalement pur et simple par l’Etat. (Suite et fin)

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