Boko Haram utilise-t-il ses otages féminins comme explosifs humains ?

 

Les médias internationaux ont à peine rapporté la nouvelle du récent attentat suicide féminin qui,  après bien d’autres,  est survenu le samedi 29 Novembre 2014 dernier au Monday Market, un marché très fréquenté du centre de Maiduguri. Deux jeunes femmes ont fait exploser des bombes dissimulées sous leurs vêtements (burka) sans que la succession inquiétante de ces évènements inédits en Afrique n’ébranle la torpeur de la communauté internationale.  La vague d’indignation mondiale et la mobilisation  internationale  qu’avait suscitées l’enlèvement massif des lycéennes nigérianes par la secte islamiste boko haram  ont donc laissé étrangement place à l’indifférence alors même  que la multiplication des attentat-suicide féminins semble prouver que ces otages féminins sont maintenant massacrés au quotidien par les barbares qui les utilisent comme explosifs humains.

La mobilisation mondiale  massive suscitée par l’enlèvement des lycéennes était destinée à les arracher aux griffes acérées et sanglantes  d’un monstre. La pression mondiale était censée les préserver d’un destin funeste et horrible ! Pour secouer la torpeur générale qui s’est maintenant  installée, suffit-il alors d’établir la plausibilité du lien causal qui relie les enlèvements massifs de jeunes filles aux attentats-suicides féminins d’aujourd’hui? La question mérite d’être posée lorsque le phénomène laisse indifférent malgré l’impression de plus en forte que ces nouveaux kamikazes féminins pourraient bien être les filles capturées par boko haram. Il faut alors expliquer le phénomène en l’intégrant dans la stratégie globale d’acculturation forcée de type colonial qui l’inspire.

Les premiers attentats suicides féminins ayant commencé au Nigéria en juin 2014 quelques mois après le rapt massif des jeunes filles, il est raisonnable d’établir un rapport de causalité entre ces deux évènements. Il est justifié d’imaginer que dans la palette monstrueuse des usages que la secte diabolique nigériane se propose de faire des jeunes filles qu’elle considère comme des bêtes de somme et des marchandises, une utilisation militaire est possible. On peut donc penser que, dans la guerre totale qu’elle livre à l’Etat Nigérian, la secte boko Haram pourrait enlever massivement des jeunes filles pour  en faire des bombes humaines. Les jeunes filles subiraient  un lavage de cerveau par des tortures diverses. Elles seraient ensuite conditionnées et utilisées de plus en plus comme explosifs humains par des tueurs sans foi  ni loi, qui sont eux-mêmes les produits monstrueux d’une politique locale de prédation. Et dans ce processus d’endoctrinement, l’indifférence patente de la communauté internationale pourrait être pour les jeunes filles un signe d’abandon. La propagande de la secte  aurait alors  beau jeu  de légitimer son combat terroriste en avançant l’argument du cynisme d’un monde égoïste, corrompu et sans pitié, qu’il faut détruire par des moyens extrêmes. Instrumentalisées et manipulées, les jeunes filles enlevées sont ainsi devenues, au sens propre du terme et contre leur plein gré, de la chair à canon.

 A la différence des attentats-suicides féminins palestiniens,  tchéchènes et récemment kurdes perpétrés par des volontaires luttant  pour leur liberté, les attentats- suicides féminins  perpétrés au Nigeria le sont par des jeunes filles enlevées réduites en esclavage et utilisées comme explosifs humains par des barbares qui veulent abattre la démocratie au Nigeria et en Afrique pour y substituer un modèle social ségrégationniste et inégalitaire fondée sur l’esclavagisme de la femme.

Le déchainement bestial de la violence destructrice qui culmine en ce moment avec les attentats suicide féminins est le summum d’une stratégie de conquête territoriale qui vise à installer en Afrique un nouvel impérium fondé sur le fondamentalisme, sur les ségrégations et éminemment sur l’infériorisation de la Femme. Comme dans le nord Mali, où les amputations, les flagellations et les lapidations furent instituées sous la férule des satellites locaux d’Al-Qaïda, une nouvelle acculturation forcée de type colonial procédant par des méthodes brutales extrêmes, est en cours de réalisation dans le nord du Nigeria. Les décapitations, les attentats-suicides féminins et les doubles attentats simultanés suivis du mitraillage des rescapés, méthodes de combats politiques venues d’ailleurs, en sont les signes patents.

La recherche des voies et moyens les plus efficaces pour obtenir la libération des lycéennes est donc doublement une urgence : C’est une urgence humaine et une urgence politique. Ce double engagement doit être le défi majeur à relever pour le continent africain qui est en train de résilier progressivement un passé marqué par les différentes formes d’esclavage, par les dictatures et les autocraties. Ce continent tout entier, qui se réapproprie progressivement les valeurs démocratiques, le principe du respect de la dignité humaine et des droits de l’homme, et qui découvre que son développement passe nécessairement par l’émancipation des femmes, ne peut pas rester indifférent au sort des lycéennes nigérianes. La libération des lycéennes nigérianes, otages de la secte monstrueuse, est donc une cause démocratique, aux échelles continentale et mondiale.

Relativement à  cette double urgence, l’inaction mondiale et continentale actuelle devant l’évidence d’un usage terroriste des lycéennes otages comme explosifs humains par les ravisseurs après l’aveu explicite de leur réduction en esclavage est donc scandaleuse. Puisse donc cette tribune nous réveiller de notre torpeur et sonner le ralliement des bonnes volontés dans la recherche toutes les médiations les plus efficaces possibles qui pourraient permettre d’arracher les femmes et filles nigérianes aux griffes sanglantes de la secte monstrueuse qui sévit dans le nord du Nigeria en qualité d’agent local d’une acculturation forcée de type colonial inspirée et probablement soutenue par les structures de pouvoir du terrorisme moyen-oriental.

<>

Les commentaires sont fermés