Éditorial. Affaire Mangoua en Côte d’Ivoire: le daltonisme des procédures et la stratégie populiste du « procès du procès ».

Éditorial

Le daltonisme des procédures et la cécité au viol des marqueurs substantiels de la démocratie et de l’État de droit sapent les bases de la République.

Apprenons en Côte d'Ivoire à respecter les marqueurs substantiels de la démocratie et de l’État de droit et à nous représenter les procédures juridiques relativement au respect de ces marqueurs substantiels.

Apprenons à dénoncer unanimement et publiquement, comme un intolérable scandale, le viol perpétré contre le principe démocratique de reconnaissance de l'Autre et contre le principe républicain de citoyenneté.
Au fondement de la démocratie et de l'Etat de droit sont la liberté, l'égalité, la reconnaissance de l'Autre, la dignité de l'être humain et la souveraineté des peuples. Les procédures juridiques sont destinées à incarner ces principes et valeurs dans la vie des peuples à l'intérieur des États de droit .

Le viol de ces marqueurs substantiels fondamentaux de la démocratie et de l’État de droit doit être appréhendé en Côte d'Ivoire comme un intolérable scandale et susciter la même réprobation outrée que celle suscitée par la distance prise par rapport au respect des procédures juridiques.

Force est de constater que les "spécialistes" ivoiriens des bonnes mœurs démocratiques sont aveugles au viol perpétré contre les marqueurs substantiels de la démocratie et de L’État de droit et très prolixes sur les problématiques de procédures. On peut à juste titre parler à ce propos d'un daltonisme des procédures.

Ce daltonisme spécifique d'une partie de l'intelligentsia ivoirienne trahit une forme de pathologie en laquelle s’enracinent l'ethnonationalisme et le populisme xénophobes.

Des acteurs politiques de premier plan ont, dans un silence assourdissant et une indifférence remarquable des "spécialistes ivoiriens des bonnes mœurs démocratiques", publiquement appelé dans notre pays à la chasse à l'étranger, ont DÉNONCÉ, SANS AUCUNE PREUVE, DES ENTREPÔTS D'ARMES PRÉTENDUMENT CONVOYÉS PAR CES ÉTRANGERS, ont appelé les soi-disant autochtones à se tenir prêts pour la guerre, ont dressé les coutumes et les chefferies contre la République, ont revendiqué la propriété de l’État sous le fallacieux prétexte de l'autochtonie, ont réclamé une alternance patrimonialiste du pouvoir, se sont définis pour cette raison comme "opposant", se sont adonnés et continuent de s'adonner à des conciliabules discrétionnaires et secrets qui violent le principe démocratique de transparence .

CES ACTES DE DÉLINQUANCE POLITIQUE NOTOIRE LAISSÈRENT DE MARBRE "LES SPÉCIALISTES IVOIRIENS DES PROCÉDURES".

Il s'est trouvé en notre pays des élites charismatiques qui, semblant ignorer que la nationalité dans une République se définit par la citoyenneté et que la tradition d'accueil de l'étranger est un principe républicain légalement encadré, considérèrent que l'acteur politique qui lançait cette chasse à l'étranger "posait de bonnes questions". Ce silence et cette indifférence devant le viol des marqueurs substantiels de la démocratie, étonnent. Ce daltonisme des procédures trahit une pathologie et soulève des questions.

N'AURIONS-NOUS, DE LA DÉMOCRATIE PLURALISTE ET DE L'ÉTAT DE DROIT MODERNE, RETENU QUE LA LETTRE ?
EN AVONS-NOUS COMPRIS L'ESPRIT ET LA SUBSTANCE, COMME TOUS LES PEUPLES DU MONDE QUI RENCONTRÈRENT CES RÉGIMES DE LA MODERNITÉ ET QUI SURENT S'EN RÉAPPROPRIER?

Il est temps d'aller au delà de la lettre de la démocratie et de l'Etat de droit pour en saisir l'esprit et la substance afin que le viol des marqueurs de ces régimes puisse être perçu comme un scandale intolérable et puisse susciter une réprobation unanime par delà les partis pris partisans.

C'est à cette condition que nous serons crédibles et contribueront au raffermissement de la démocratie et de l’État de droit dans notre pays.

 

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