Politique africaine au XXIème siècle: une demande d’éthique républicaine et démocratique.

Révoquer dans la politique africaine le machiavélisme corrompu, le bréviaire des dictatures et des despotismes postcoloniaux au profit des valeurs et principes de l'éthique républicaine et démocratique pour être à la hauteur des enjeux du développement endogène et de l'attente des peuples, est une exigence incontournable.

Des intelligentsias et des politiciens africains de l'ère des démocraties pluralistes, les populations attendent un minimum de scrupules et de pudeur, de conscience de l'intérêt général, de sens de l'État et du bien commun. Ces fondamentaux d'une politique civilisée devraient prévaloir dans l'élaboration des tactiques et des stratégies électorales de prise du pouvoir.

La viabilité et la crédibilité politiques des programmes des obédiences partisanes en est absolument déterminée.

EN POLITIQUE, ET A FORTIORI DANS UNE DÉMOCRATIE PLURALISTE, TOUT N'EST PAS PERMIS ET TOUTES LES ALLIANCES NE SONT PAS POSSIBLES.
L’État démocratique étant par destination construit pour intégrer la diversité des catégories de la société et des peuples du territoire, afin de les transformer en corps politique uni par un sentiment d’appartenance commune citoyenne, une alliance entre des forces centristes d'intégration et des forces extrémistes de désintégration est logiquement contradictoire. Irrationnelle et anormale, cette alliance met l’État et l'affrontement politique moderne en contradiction avec leur destination.

Nous ne pourrons surmonter dans l''Afrique postcoloniale notre retard multiforme en matière sociale et politique, inventer un développement et une consommation durable que si nous ne parvenons à mettre l’État et ses institutions, notamment les partis politiques, au service de leur destination naturelle.

Relever le défi du développement endogène requiert des élites africaines postcoloniales qu’elles puissent s'élever à la hauteur de la politique rationnelle qui consiste à concilier la particularité et la généralité, à combiner l'impératif de liberté et celui d'égalité conformément à l'esprit des temps.
Telle est l'éthique qui détermine la politique des démocraties pluralistes modernes contre la réinterprétation corrompue du machiavélisme qui a prévalu, et continue de prévaloir, dans l'Afrique postcoloniale des régimes liberticides et en certains secteurs des classes politiques des jeunes démocraties.

L’ère du machiavélisme de charbonnier, de la réinterprétation antipolitique de Machiavel, qui servit à cautionner le mal politique et à légitimer les politiques de prédation dans les États postcoloniaux, est révolue. Est aussi révolue la définition marxiste de l'Etat comme Etat de classe et de la démocratie pluraliste représentative comme superstructure politique de la bourgeoisie.

L’ÉTAT DÉMOCRATIQUE PLURALISTE MODERNE A ÉTÉ CRÉÉ POUR INCARNER LA RAISON OBJECTIVE, RÉALISER LA SYNTHÈSE DE LA PARTICULARITÉ ET DE LA GÉNÉRALITÉ.
Par définition, il n'est pas l'instrument du service des intérêts particuliers de la classe détentrice du pouvoir et la politique moderne n'est pas un affrontement insurrectionnel entre des catégories sociales ennemies pour la prise de l’État.

Le machiavélisme n'est pas l'art de mettre la politique et l’État au service de l'arbitraire et des caprices du Prince.

En conseillant au Prince d'apprendre à ne pas être bon, Machiavel n'avait pas voulu enseigner le mal au Prince, le transformer en fléau des cités.
La problématique de Machiavel était de bâtir l’État unitaire moderne en révoquant tous les principes des régimes politiques antérieurs.
Machiavel, le maître à penser des fondations de l'État moderne, voulait assurer chez le politicien moderne le sens de l'Etat comme nouveau régime politique supérieur et non pas faire du Prince moderne un maître en fourberie et un être moralement corrompu.

Le machiavel ivoirien des lagunes n'était rien d'autre qu'une figure dévoyée du machiavélisme corrompu, réinterprété par les intellectuels organiques des dictatures postcoloniales africaines. Les fourberies pendables et calamiteuses de N'Zueba n'ont rien à voir avec la ruse politique du Prince de Machiavel. Elles ont quelque chose à voir avec l'irréflexion et l'arbitraire d'un Néron.
Le modèle du politicien ivoirien, pour ce qui nous concerne, est le Prince éthiquement structuré qui fait siens les valeurs et principes cardinaux de la République et de la démocratie pluraliste.

 

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