L’étonnante métamorphose pro-Gbagbo des disciples filiaux de Félix Houphouët-Boigny et la problématique de la réflexivité dans les partis ivoiriens.

La métamorphose pro-Gbagbo de l'ex-ministre et diplomate Essy Amara, du Général Gaston Ouassenan, de l’ex-premier Ministre Charles Konan Banny et de l’ex-Ministre de l’intérieur Émile Constant  Bombet, de ces disciples filiaux de Félix Houphouët-Boigny, sidère. Leur complicité avec un Henri Konan Bédié dont l’évidente errance ethno-populiste entêtée est d’une aveuglante clarté, stupéfie plus d’un observateur en Côte d’Ivoire et dans le monde.

Les finalités de la stratégie d’appareil qui conduisirent à cette étrange métamorphose n’échappent pas au sens commun de la majorité des Ivoiriens.

Aurait-on, dans une partie de la postérité de Félix Houphouët-Boigny, décidé de sacrifier sur l’autel des intérêts particuliers et des ambitions de pouvoir personnel d’un individu au détriment de l’intérêt national et de la cohésion sociale, le projet politique majeur du PDCI-RDA, à savoir, l’unité de l’identité et de la rationalité économique, l’unification nationale de la diversité ethnique par la modernisation et le centrisme libéral de droite?

Une chose est certaine: l'axe ethno-populiste informel Bédié-Gbagbo-Soro est condamné à l'échec politique par son irrationalité et son immoralité intrinsèque. Ces sombres stigmates heurtent la conscience, l'entendement, la raison politique, le bon sens, la pudeur des peuples. Le programme ethno-populiste de désintégration nationale porté par cet axe qui prétend mettre l’État au service d’une communauté imaginaire d’autochtones ne s’accorde pas au tissu sociologique et à l’histoire de notre pays.

 Signes caractéristiques du néant de cette entité informe, les contradictions insoutenables et insurmontables qui la traversent sont les signes de cette antinomie et les indices précurseurs de cet échec.

Nonobstant cet échec prévisible et certain cette métamorphose soulève des questions qui invitent en à rechercher la cause explicative ultime.

Comment l'ex-diplomate et ex-ministre de haut rang du PDCI Essy Amara, un fidèle disciple du père de la Nation Félix Houphouët-Boigny architecte du PDCI-RDA, a-t-il pu se distancier du nationalisme modernisateur libéral et de l'esprit universaliste de ce parti ?

Comment a-t-il pu révoquer le projet sociétal du PDCI-RDA pour se convertir apparemment dès la disparition du père de la nation, à un ethno-nationalisme antilibéral xénophobe,  antihumaniste et anti-universaliste au point de se faire l'apôtre et le zélote de Laurent Gbagbo et de son FPI qui en sont l'incarnation en Côte d'Ivoire?

 Comment le Général Gaston Ouassenan Koné, un disciple filial de Félix Houphouët-Boigny, l'officier de haut rang, qui fut au sein de la gendarmerie le garant militaire de la pérennité de l'ordre républicain incarné par le PDCI-RDA a-t-il pu, de même, se convertir aujourd'hui et aussi probablement dès la disparition du père de la nation en fervent disciple de Laurent Gbagbo qui en fut l'ennemi et l'adversaire le plus implacable?

Quel Ivoirien ne se souvient-il pas de l’engagement républicain de cet officier supérieur sur les fronts de lutte contre les ethno-nationalismes séparatistes qui menaçaient de désintégrer la jeune république ivoirienne et d’obérer le programme de construction  national ?

Les questions soulevées par cette métamorphose énigmatique et paradoxale que ne sauraient justifier des stratégies contextuelles d’appareil, se posent évidemment concernant l'ex-premier Charles Konan Banny et l'ex-ministre de l'intérieur Emile Constant Bombet qui furent des disciples de premier plan de Félix-Houphouët-Boigny.

Quelle est la cause ultime  de leur engagement résolu, envers et contre le bon sens,  auprès de Henri Konan Bédié qui dès la mort de Félix Houphouët-Boigny démontra, par son engagement ethno-populiste xénophobe sans équivoque, qu'il remettait en question, l'esprit et l'âme de l'houphouëtisme: l'alliance de l'identité ethnique et de la rationalité économique, de la tradition et de la modernité ?

Comment expliquer leur complicité résiliente  auprès de celui qui démontra   qu'il récusait la définition républicaine originel de l’État ivoirien, sa vocation sociale et sa conception comme pouvoir serviteur de la société?

Pourquoi se sont-ils situés  dans la défiance par rapport à l’actuel  Président de la République Alassane Ouattara  auquel le Père de la Nation  confia au soir de sa vie le flambeau de la continuité du projet de modernisation économique et de construction nationale dans le cadre d'un changement historique requis par les transformations de l'économie mondiale?

La métamorphose  ethno-nationaliste pro-Gbagbo et donc anti-houphouëtiste paradoxale de ces huiles  du PDCI-RDA , déçoit et stupéfie.

L’engagement équivoque de ces figures qui auraient pu figurer au rang de sages de la nation ivoirienne, de gardiens et de témoins vivants du nationalisme modernisateur houphouëtien, laisse pantois et pose question.

Quelle est la cause explicative ultime de cette errance personnelle?
Par delà les déterminismes historiques, il faut remonter à la cause profonde  de ce phénomène étrange et stupéfiant.

Laurent Gbagbo n’a pas combattu la personne de Félix Houphouët-Boigny, l’être de chair et de sang. Il en a combattu l’esprit et le projet politique. Le FPI de Laurent Gbagbo est l’anti-PDCI-RDA. Le FPI incarne  la négation de la vision de la Côte d’Ivoire qui anima le combat politique de Félix Houphouët-Boigny et ses idéaux. Est-ce un hasard si la gouvernance trentenaire de Félix Houhouët-Boigny se caractérisa par la paix civile et la cohésion sociale et si à contrario la gouvernance décennale de Laurent Gbagbo se caractérisa par la guerre civile et la division sociale ?

La dérive surprenante de ces houphouëtistes des premières années de l’Indépendance ne saurait s’expliquer par des causalités matérielles et contextuelles . Il faut aller au-delà de ces raisons contingentes.

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