LE RHDP n’est pas un RDR bis. (1ère partie)

Le RHDP n'est pas une nouvelle dénomination du RDR. Le RHDP n’est pas un « RDR bis », comme le font croire les adversaires politiques de la coalition au pouvoir en Côte d'Ivoire dans un réductionnisme étrange qui trahit à la fois un prisme identitaire et un dépit né d’une incapacité à construire une plate forme transpartisane démocratique de construction nationale.

La comparaison faite par ces détracteurs  entre le RHDP ivoirien, le RN (Rassemblement National précédemment FN) et les Républicains (LR précédemment UMP) français,  est spécieuse. Comparer le RHDP à ces partis français est comparer des formations politiques typologiquement différentes.  C’est une comparaison indue et trompeuse.

Il faut plutôt comparer le RHDP ivoirien à la CDU/CSU-SPD allemande. (Cf. « La problématique de la coalition ivoirienne RHDP éclairée par celle des coalitions allemandes ».cedea.net, Décembre 2017). Ce sont des coalitions trans-partisanes tandis que le RN et les Républicains français sont des mono-partis qui ont changé de nom afin de s’adapter à un nouveau contexte politique.  

Le front national et l'UMP ont changé de nom et sont devenus respectivement le Rassemblement National et les Républicains en conservant leur nature de mono-parti.

Le RHDP est, au contraire, une coalition à l'allemande de plusieurs partis, une formation transpartisane dont le PDCI libéral et républicain et le PIT de gauche socialiste, pour ne citer qu’eux,  constituent une forte composante. Le RHDP est un front républicain constitué par des partis d'obédiences idéologiques diverses dont la particularité est de se situer au centre de l'échiquier politique.

Le RHDP n'est pas un mono-parti, un RDR qui a changé de nom en s'adaptant de manière opportuniste aux situations et aux contextes historiques. C'est une coalition politique  de plusieurs partis.

Soutenir que le RHDP est une nouvelle dénomination du RDR c'est refuser de regarder la réalité en face pour se consoler de ses échecs personnels.

Cette différentiation typologique étant faite, il convient de déterminer les raisons de cette étonnante cécité, de cette incapacité des adversaires du RHDP à distinguer d'un parti, une coalition de plusieurs partis d'obédiences différentes.

Cette cécité peut s'expliquer par le fait que s'étant réappropriés la tradition française de lutte politique entre partis différenciés selon leur logique d'appareils et leur identité idéologique irréductibles, les tenants de cette thèse ne parviennent pas à concevoir intellectuellement  le modèle de la coalition trans-partisane inexistante dans la tradition française dont s'inspire le modèle ivoirien.

Elle peut aussi s’expliquer le fait qu’ayant choisi de manière délibérée de se définir selon une représentativité de type communautaire,  ayant opté pour le modèle de la communauté ethnique contre le modèle de la société civile, ces acteurs n’envisagent  le combat politique que sous la forme d’un affrontement pré-moderne guerrier  entre communauté tribales pour le contrôle des ressources, des terres et du pouvoir sur un territoire.

Le modèle de la coalition est une tradition culturelle fondée d’abord sur la représentation moderne de la cité  et ensuite sur complémentarité dialectique des diverses catégories et des différents intérêts qui s'expriment dans la nation et dont les partis sont les représentants.

Cette tradition favorise le consensus républicain entre divers partis et facilite le regroupement d'une pluralité de partis sur un projet commun à réaliser en équipe.

La formule de coalition ou de plate-forme trans-partisane requiert une capacité d'abnégation des parties prenantes, une aptitude des partenaires à se rassembler sur un programme et un projet sociétal commun qui transcende les égoïsmes personnels et partisans.

L'une des conditions sine qua non de la formule de la coalition est la capacité des partenaires à jouer en équipe pour réaliser un programme politique commun d'émancipation sociale en mutualisant les forces dans le gouvernement sans être animée et sans être obsédé par le désir de s'approprier en exclusivité le pouvoir suprême. La coalition allemande CDU/CSU-SPD en donne l'exemple.

Tout laisse penser que les partenaires de la coalition trans-partisane ivoirienne RHDP ont réussi cette performance tandis qu'obnubilés chacun par la capture du pouvoir d'Etat qui motive par dessus tout leurs chefs, les partenaires de la plate-forme de l'opposition Ivoirienne qui demeurent de ce fait intérieurement divisés échouent à réaliser cette mutualisation des forces.

 

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