La dérive identitaire post 1990 en Côte d’Ivoire en Côte d’Ivoire : le résultat d’une incapacité politique et d’un déficit de cognition.

A l’image de Moïse Lida Kouassi du FPI, un certain nombre d’acteurs politiques ivoiriens ont réinterprété, dans un sens communautariste, la répartition géopolitique des postes de l’Etat et de la haute administration qui fut l’un des principes cardinaux de la gouvernance de Félix Houphouët-Boigny

Cette géopolitique avait une dimension républicaine et obéissait à une préoccupation d’intégration nationale. Elle était par-dessus tout déterminée par une volonté d’unification politique de la Cité.

 Que voulait dire Félix Houphouët-Boigny Boigny en exigeant qu’un prétendant à l’exercice d’un mandat électif au PDCI-RDA  se fasse d’abord élire chez soi ?   

En formulant cette exigence Félix Houphouët-Boigny en appelait à la participation volontariste des particularismes culturels au travail de modernisation de la société ivoirienne, à l’œuvre d’unification politique de la Cité  dans la citoyenneté.

Il est à noter l’œuvre insigne de Félix Houphouët-Boigny fut de réussir à relever le défi politique et intellectuel qui s'impose à tout dirigeant d'un État multiethnique : faire d'une diversité de peuples UN peuple, transformer le MULTIPLE en UNITÉ en conservant la diversité dans cette unité.

Cette performance politique et intellectuelle explique le fait que le régime de parti-unique en Côte d'Ivoire ne fut pas un régime de dictature et que le PDCI-RDA ne fut pas un parti totalitaire.

Exigeant que le prétendant à l'exercice d'un mandat électif au PDCI-RDA se fasse d'abord élire chez soi, Félix Houphouët-Boigny parlait en républicain et non en ethno-nationaliste.

Le "chez soi" était le lieu de résidence déterminé par le droit du sol fixé par la Constitution de 1960. Houphouët-Boigny voulait dire que le Malinké résidant à Gagnoa devait d'abord parvenir à se faire élire à Gagnoa, que le Baoulé résidant à Daloa devrait se faire élire à Daloa, que le Bété résidant à Korhogo devait d'abord être élu à Korhogo, que le résidant à Abidjan devrait se faire élire à Abidjan, que l'Ebrié résidant à Man devrait être élu à Man, que l'Abron résidant à San Pedro devrait se faire élire à San Pedro, que le Kroumen résidant à Bondoukou devrait se faire élire à Bondoukou, que le Dida résidant à Bouaké devrait se faire élire à Bouaké, que le N'zèma résidant à Ferkessedougou devrait se faire élire à Ferkéssedougou et j'en passe. Le Baoulé Félix Houphouët-Boigny, lui-même, se fit élire  comme citoyen à Korhogo.

Le "chez-soi" n'avait donc pas une signification communautariste et il ne renvoyait guère au droit du sang. La dérive communautariste antirépublicaine et anti-démocratique catastrophique des années 1990, fut le fait de ses successeurs et notamment d'Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo.

Moïse Lida Kouassi s'étouffant de colère, à sa sortie de prison, qu'un Malinké puisse être élu député à Gagnoa, oubliant lui-même qu'il fut, quoique Bété, député de Marcory un quartier Ebrié d'Abidjan traduit spectaculairement la crise mémorielle et la cécité politique des acteurs du virage ethnonationaliste des années 1990 en Côte d'Ivoire.

Cette crise mémorielle et cette cécité politique résultèrent d'une faillite intellectuelle et politique.

 Le politicien Henri Konan Bédié et l'historien Laurent Gbagbo substituèrent, de manière délibérée, pour satisfaire un hubris personnel du pouvoir , l'ethnicité, la communauté et l'autochtonie à la République et la citoyenneté. Le dévoiement emblématique des chefferies auxquelles l'on tend maintenant à attribuer par manipulation une autorité administrative et politique de contre-pouvoir à L’État central est l'indice significatif de cette dérive communautariste qui menace l'unité républicaine des peuples de notre territoire. La fonction spirituelle des chefferies qui consiste qu’elles soient  dans les Etats modernes post-coloniaux les  gardiennes de la mémoire et de l'autonomies des identités culturelles du territoire est niée en cette manipulation politique qui les transforme en clientèle serviles d'oligarchies partisanes.

Ce tournant, conséquence d'une réécriture de notre histoire, fut favorisé par le déficit du débat public et contradictoire d'idées. La reviviscence de ce débat dès l'entrée dans le multipartisme et même sous le régime de parti unique aurait pu favoriser la réappropriation subjective de la substance de l'houphouëtisme, de l'idée de la Côte d'Ivoire comme unité politique de la diversité. Ce forum du débat aurait permis d'entretenir la mémoire constitutive de notre pays. Ces arènes de confrontation intellectuelle qui auraient pu permettre d'ancrer notre mémoire collective en sa substance républicaine demeurent désespéréments vacants et déficients.

Cette carence des débats d'idées qui entretient l'amnésie collective est l'abri le plus sûr de l'imposture des années 1990. Elle la pérennise. L'axe Bédié/Gbagbo incarne cette crise mémorielle et l'imposture politique qui en est la conséquence. En prétendant détenir une légitimité historique, en réécrivant l’histoire pour s’affirmer comme représentation politique d’une population d’autochtones floués par une soi-disant invasion de l'étranger, l’axe Bédié/Gbagbo viole notre mémoire collective et porte atteinte à l'idéal du vivre-ensemble et du rassemblement citoyen de la diversité qui est l'âme de notre pays.

 

1 commentaire

Des politiciens comme Gbagbo , Bedie et Moise Lisa Kouassi ont en commun cette mauvaise foi politique qui les rongent et ne leur permet pas de savoir pour des titulaires de diplôme universitaire que la CI en 1960 s’etait donné une constitution ou primait le droit du sol . Bien qu’ayant abrogé cette notion sous la poussée des premiers pères de la tribalisation et de l’ethno-centrisme en 1972 , on ne peut pas l’ignorer car elle était le fondement de ce que chaque personne ne sur le sol de Gagnoa ou Korhogo est ressortissant de ces localités et en même temps ivoirien . A titre d’exemple quand la fédération du Mali a éclaté en 1961 jusqu à aujourd’hui on a jamais nié a ceux qui était d’un côté ou l’autre cette nationalité et on ne leur a jamais dit qu il n’etait pas chez eux . Voilà pourquoi on trouve des N’diaye, des Diop , etc.. du côté malien comme on trouve des Coulibaly, des Traore , des Kone du côté du Sénégal auquel on ne demandera jamais l’origine ou le village des deux côtés car ils y étaien avant les indépendances et l’eclate de la federation . Gbagbo l’historien doit quand même le savoir mais préfère surfer sur les fibres tribales. Bedie l’homme politique ( depuis l’âge de 29 ans ) le sait aussi pour avoir côtoyé auprès d’Houphouet , les Fili Dabo Cissoko , les Ouezzin Coulibaly, les Auguste Denise , les Kone Samba Ambroise , les Anne mari Raggi , les Bocoum et Guirandou de Bassam , les Souleymane Cissoko er Barry Batesti de Seguela , les Delafosse etc… Moise Lida est trop paresseux pour se rappeler que le Syndicat agricole Africain fut créée à la bourse du travail par Houphouet , Dadie , Anoma et d’autres planteurs , leur rencontres se faisaient à Agboville en terre Abbey ou Dadie et Anoma deux Agni sanwi avaient leurs plantations . A t on dit a ces Agni qu’ils envahissaient et dépossédait les Abbey de leur terre .
La démission des politiques et intellectuels de l’opposition ivoirien et la substitution des vrai débats et programmes de société / gouvernement par la manipulation tribaliste, ethnique et xénophobes trouvera toujours un terrain fertile en CI tant que la loi ne sévira pas comme au Rwanda .

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