Le forum du débat d’idées et de la confrontation programmatique : un impératif de la démocratie pluraliste.

La vie démocratique implique l’existence d’un forum du débat sur les grandes questions sociétales et programmatiques avant que les électeurs ne tranchent dans les urnes.

On ne peut pas parler de souveraineté du peuple et de liberté de choix quand les électeurs vont aux urnes sans être informés des programmes économiques, sociaux et politiques des candidats qui briguent leurs suffrages.

Que le Ministre ivoirien Mamadou Touré en appelât au débat d’idées, il y a quelques jours, est méritoire et ne devrait pas susciter de la part de certains protagonistes de l’opposition ivoirienne de l’acrimonie, donner lieu à des réactions étonnantes qui jurent avec les réquisits primaire du régime de la souveraineté du peuple.

Le régime de la souveraineté du peuple est, par principe,  structuré par une multiplicité éclatée de discussions et de controverses qui permettent d’éclairer l’opinion publique et les électeurs.

LA LIBERTÉ DU CHOIX POLITIQUE REPOSE SUR LA CONDITION EXPRESSE QUE LE PEUPLE ÉLISE SES DIRIGEANTS EN SACHANT CE QUE CES DERNIERS LUI PROPOSENT EN MATIÈRE DE POLITIQUE ÉCONOMIQUE, DE POLITIQUE SOCIALE, DE POLITIQUE INTÉRIEURE ET DE POLITIQUE ÉTRANGÈRE. L’élection démocratique pluraliste est le choix d’un programme incarné par une personne et une équipe.

 Il y a liberté du choix politique quand le peuple élit ses dirigeants en ayant connaissance de leurs programmes et en étant pleinement conscient des implications de ses choix. Cette exigence place le débat programmatique au cœur de la vie démocratique et de ses temporalités électorales.

La démocratie de proximité, qui en appelle à l’interaction réflexive entre les parties de la cité et les gouvernants et les gouvernés, met l’accent sur ce travail de cognition interactive qui permet à l’État et à la société de se refléter l’un et l’autre, et de se sentir impliqués dans la production du bien commun.

La proximité démocratique signifie  cette exigence du débat entre les citoyens et les pouvoirs, entre les partis et les électeurs, entre les gouvernants et les gouvernés où les intellectuels et les médias jouent pleinement leur rôle qui consiste à entretenir la qualité du débat public, à faire en sorte que la raison publique s’affirme davantage.

La démocratie de proximité ne signifie pas que les chefs des partis politiques migrent vers la société civile et les communautés ethniques dans un rapport clientéliste de propagande et d’instrumentalisation, de manipulation, d’achat des consciences et de subversion.

 Il importe de tenir compte de cette dimension cognitive et réflexive en nos démocraties où la mobilisation des masses tend à prendre le pas sur la réflexion interactive qui favoriserait la maturation de la raison publique et l’assomption des choix.

Il importe de donner toute sa place à la démocratie, dont le débat d’idées et la concurrence politique des programmes partisans constitue la substance et qui ne se réduit ni fonctionnement régulier et efficient de l’économie libre de marché, ni au processus de modernisation.

Entre l’économie de libre marché et le travail de modernisation s’intercale la démocratie qui permet de transformer l’économie de libre marché en développement endogène grâce aux débats d'idées, à la confrontation programmatique et à la participation sociale. A travers ce medium se gèrent le changement social et les conflits d’intérêts, s’harmonisent les intérêts à court terme des acteurs sociaux et les intérêts à long terme de l’État.

Lorsque  le débat public d’idées est déficient, prospèrent les démagogues et les imposteurs. Lorsque le forum du débat sur les grandes questions qui conditionnent la vie de la cité est vacant, prospèrent les entrepreneurs politiques et leurs officines de propagande et de désinformation. Lorsque ce débat rationnel qui permet de diffuser dans le corps social les règles du civisme et de construire le consensus républicain entre les parties de la cité est inexistant, apparaissent les politiciens imposteurs qui migrent vers les communautés ethniques dans un objectif de subversion et de captation clientéliste de l’électorat.

 

1 commentaire

Excellente analyse de la problématique du débat contradictoire dans les futures batailles électorales à venir . Comme vous le décriez si bien dans votre analyse , parce que depuis l’avènement du pluralisme politique en CI bcp sinon une certaine classe politique n’a surfee que sur la démagogie et la propagande mensongère pour tromper et abuser la majorité ou minorité de la population . Il est grand temps que ces débats contradictoires arrivent pour nous situer sur ce que chacun de protagonistes politiques nous proposent . Pour cela j’encourage le gouvernement et le PR à accélérer le reste de la procédure de libéralisation de l’audiovisuel canal par excellence avec les journaux et la radio des débats .

Les commentaires sont fermés