Accord Bédié/Gbagbo contre la prétendue « ingérence de l’État dans les partis » : qu’en penser?

L’appel Bédié/Gbagbo au respect de l'intégrité des partis par l’État semble être  une imposture et un appel démagogique. L'ancrage communautariste et ethnonationaliste de leurs discours partisans accrédite cette hypothèse.

Les partis politiques en démocratie sont des traits d'union entre la société civile et l'Etat. Tout en étant séparés, ses trois systèmes de la société démocratique sont néanmoins coordonnés.

De même que l’État ne doit pas se confondre avec les partis politiques, les partis politiques ne doivent pas envahir la société et la transformer en clientèle servile, en ressource politique subordonnée aux stratégies et aux objectifs d'appareils.

Les partis politiques démocratiques n'ont ni vocation à utiliser la société pour capturer le pouvoir d’État ni vocation à représenter des communautés ethniques, à instrumentaliser les identités et à en faire des garennes pour les besoins oligarchiques et prédateurs des chefs des partis.

Cette instrumentalisation désintègre la société, ouvre la porte au sécessionnisme et au séparatisme.

Tel est manifestement le cas au PDCI, au FPI et au RACI comme en témoignent les récents appels aux communautés ethniques, aux chefferies, aux régions.

Les récentes tentatives d'instrumentalisation des communautés Wê, Djimini-Djamana, Baoulé constituent des fautes politiques gravissimes qui blessent l'éthique démocratique.

Les partis politiques démocratiques doivent remplir leur office de médiation entre la société civile et l’État en représentant les catégories socio-professionnelles de la cité, en formulant des offres politiques correspondants aux demandes concrètes existentielles de ces catégories sociales.

Quand les partis politiques remplissent cet office dans les règles de l'art, ils s'engagent dans la compétition électorale avec des programmes et des projets sociétaux inclusifs clairs et cohérents.

La séparation-coordination des trois systèmes de la société démocratique : de la société civile, de la société politique et de l’État sur la base du consensus républicain conditionne le fonctionnement effectif de la démocratie pluraliste.

Tout laisse penser que les chefs respectifs du PDCI, du FPI et du RACI prennent ouvertement des libertés avec ce principe.

Le RHDP a un programme et un projet sociétal libéral à orientation sociale assumé. Il semble donc remplir son office démocratique partisan en qualité de coalition politique.

Quels sont les programmes politiques socialement fondés et les projets sociétaux inclusifs concurrents respectifs du FPI de Laurent Gbagbo, du PDCI, de Henri Konan Bédié, du RACI de Soro Guillaume?

La fondation communautariste de leurs discours politiques et leur indigence programmatique manifeste tend à confirmer un viol du principe démocratique de séparation-coordination des trois systèmes.

Le FPI, le PDCI, le RACI envahissent la société civile et les collectivités ethniques. Ils n'en respectent pas l'intégrité. Les tentatives récurrentes d'instrumentalisation des mouvements sociaux et d'embrigadement partisan des chefferies confirment cette invasion.

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