Le débat sur les procédures bat son plein en Côte d’Ivoire à l’approche de la présidentielle 2020 et l’objectif est d’occuper le terrain. On discute de la composition de la CEI. On élabore des plateformes, des alliances et des stratégies de conquête du pouvoir qui semblent faire peu de cas des différences idéologiques et partisanes.
Cette confusion tend à brouiller les repères dans un échiquier politique pourtant clairement bipolarisé depuis les élections locales d’Octobre 2018 entre une coalition républicaine de centre-droit et un bloc identitaire et populiste en essai de formation. (cf:"Les élections locales ivoiriennes révèlent un échiquier politique bipolarisé", cedea.net, 26 octobre 2018). Faire de la politique en démocratie implique de choisir son camp, de prendre parti. L'affrontement démocratique est nécessairement un affrontement de programmes et de projets sociétaux contradictoires et concurrents.
Qu’en est-il alors du débat substantiel d’idées, de programmes et de projets qui permettrait d'éclairer l’électeur ivoirien?
La compétition électorale en démocratie pluraliste s’organise sur la confrontation des intérêts divergents des catégories sociales et sur la concurrence des offres partisanes qui prétendent pouvoir satisfaire les demandes de la société globale. Cette compétition est un affrontement opposant le bilan d’un gouvernement et les propositions alternatives de son opposition qui le conteste en vue d’exercer le pouvoir d’Etat pour mettre en œuvre ses propres solutions.
Le gouvernement RHDP de centre-droit expose au quotidien son bilan en se revendiquant clairement du libéralisme social. Cette action et cette revendication louables devraient néanmoins, selon moi, être accompagnées de justifications cognitives.
Quelle est la réponse contestatrice argumentée de l’opposition?
Quels sont les indices des propositions et des solutions alternatives argumentées par lesquels elle démontre aux Ivoiriens qu’elle a raison contre le gouvernement et qu’elle sera capable de mieux diriger le pays ?
Qu’en est-il de la concurrence des projets et des programmes qui justifierait l’occupation de terrain et sans laquelle cette offensive s’apparente à une tentative anti-démocratique d'achat des votes, de subornation et d’instrumentalisation de la société civile par les partis et les fractions en quête de ressources politiques?
Qu’en est-il de ce débat d’idées et de cette concurrence publique de programmes et de projets divergents sans lesquels la ruée des acteurs politiques vers les collectivités territoriales apparaît comme une quête opportuniste de proximité entre certains politiciens socialement indigents et des populations auparavant négligées ?
Favorisant la dissimulation des carences et des incapacités partisanes, ce déficit de débat et d’argumentation ne fait-il pas le lit de la contestation injustifiée du résultat des urnes?
Rappelons que la liberté du choix politique des gouvernés en démocratie, autrement dit la souveraineté du peuple, est conditionnée par le fait que les candidats à une élection présentent au peuple, leurs différents programmes politiques économiques et sociales afin que les électeurs puissent choisir en connaissance de cause et en ayant toutes les cartes en mains.
Il importe donc de respecter, de manière concomitante, la dimension des procédures et la dimension de la substance de la démocratie afin de faire de l’élection, comme il se doit, le moment de la reddition des comptes qui renforce la souveraineté du peuple.
Le respect de ces pré-requis et de ces préalables devraient permettre, de dépersonnaliser la compétition pour le pouvoir, d’identifier politiquement les candidats à l’exercice du pouvoir suprême, d’éclairer les électeurs, d’apaiser la présidentielle ivoirienne.
Les commentaires sont fermés