La politique et la démocratie servent à éliminer la violence et la guerre civile dans une société humaine.

Depuis les années 1990, la violence physique a remplacé la politique en Côte d’Ivoire. Activée par certains acteurs politiques, la prépondérance de la violence et de la logique de la guerre civile, perdurent dans notre pays malgré la volonté clairement exprimée, par le peuple ivoirien, à l’élection présidentielle Décembre 2010, de revenir à la politique après la décennie de violence débridée qui s’était conclue par une guerre civile.

L’avènement de la démocratie pluraliste dans les années 1980 aurait dû accomplir, en sa substance, le règne de la politique que Félix Houphouët-Boigny avait institué comme principe normatif en Côte d’Ivoire sous le régime de parti-unique qui fut un despotisme éclairé.

Félix Houphouët-Boigny bâtit la Côte d'Ivoire sur le principe du rejet de la violence et de la guerre civile. Il institua la politique  comme règle suprême de la confrontation ivoirienne pour le partage des ressources et la conquête du pouvoir. Il fit de l’intégration nationale et de la construction des solidarités entre les ivoiriens, l’objectif ultime de l’exercice du pouvoir. Sa philosophie de la paix et du dialogue repose sur ce choix délibéré de la politique et sur la définition de l'intégration nationale comme objectif suprême du pouvoir d'Etat. C'est en cela que le régime de parti-unique ivoirien fut un despotisme éclairé et un régime de démocratie.

Les acteurs politiques ivoiriens de nos jours sont appelés à s’adonner à la réminiscence qui devrait leur permettre redéfinir leur praxis selon cette norme de la civilisation et non plus selon la guerre civile qui est la norme  de l’état de nature.

La politique a été inventée pour éliminer la violence physique et la guerre civile Sa fonction est de civiliser les conflits et les affrontements pour le partage des ressources, pour la prise et l’exercice du pouvoir. La démocratie est la plus forme la plus accomplie de la politique. Les procédures démocratiques permettent de modérer les affrontements existentiels interhumains.

La démocratie substitue le débat d’idées et la discussion aux affrontements  physiques. Elle remplace les fusils et les coups de poings par le dialogue et les arguments. Elle substitue le résultat des scrutins à la supériorité des muscles ou des armes. Elle remplace la loi de la jungle et la loi du plus fort par la loi de la majorité. Elle élimine la force et civilise les conflits existentiels qui opposent toujours les hommes dans une société du fait de leurs différences.

 La démocratie est donc le summum de la politique qui  est "un effort constant pour éliminer la violence physique, pour donner aux antagonismes sociaux et individuels d'autres moyens d'expression, moins rudes, moins brutaux, moins sanglants. La politique est la guerre civile continuée par d'autres moyens: c'est à dire la négation de la guerre civile. La guerre c'est l'emploi de la violence physique pour trancher les conflits. La politique c'est l'emploi de moyens non violents." souligne Maurice Duverger l'éminent Professeur de Droit et de Sociologie politique.

Cette abrogation volontaire de la violence s’accomplit pleinement quand tous les acteurs politiques se représentent le pouvoir d’Etat comme un instrument d’intégration nationale et s’unissent dans le consensus républicain qui les rassemble dans les valeurs fondamentales de la démocratie. Ce consensus volontaire empêche les affrontements existentiels pour le pouvoir et le partage des ressources, de monter aux extrêmes de la guerre civile.

La problématique ivoirienne est donc de donner corps à la décision volontaire et au choix personnel qui permettent de rétablir pleinement le règne de la politique dans un pays.  (A suivre)

 

 

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