Le PDCI d’Henri Konan Bédié est-il un poids lourd de la politique ivoirienne?

Le PDCI est-il véritablement le poids lourd de la politique ivoirienne comme le titre en première son journal partisan le Nouveau réveil ? N'en est-il pas plutôt, organiquement et par nature, le poids plume et le poids faible jusqu'à l'anorexie en raison de sa propension à soustraire, à exclure et à diviser?

 La coalition RHDP avec 92 communes est largement majoritaire parce qu'elle a tenu un discours d'inclusion et  mené des actions d'intégration. La fonction du pouvoir politique, en démocratie, est d'intégrer la société et de construire les solidarités. Le PDCI, avec 50 communes, est largement minoritaire parce qu'il a tenu le discours de l'exclusion et mené des actions de désintégration.

Le PDCI est en contradiction avec le principe démocratique d'inclusion et d'intégration qui s'impose aux partis politiques dans une démocratie pluraliste républicaine.

La coalition RHDP est majoritaire parce qu'elle a additionné et multiplié. Le PDCI est minoritaire parce qu'il a soustrait et divisé

La démocratie étant le régime du nombre, tout laisse penser que la coalition RHDP, qui additionne et multiplie, sera toujours majoritaire et que le PDCI, qui divise et soustrait, restera toujours minoritaire. Ce d'autant plus que le PDCI a bénéficié du vote de l'électorat du FPI, électorat qui retournera sûrement au bercail pour donner sa voix au candidat du FPI en 2020.

Le cas de figure d'une abdication du FPI au profit du PDCI est hautement improbable et quasi impossible parce le FPI tient, comme le PDCI, un discours d'exclusion, et son rapport au pouvoir est un rapport d’appropriation exclusive. Comme le PDCI, le FPI divise, soustrait et veut en exclusivité le pouvoir d’État pour lui seul en 2020 dans un esprit revanchard.

La logique politique suggère donc que le PDCI a fait, en ces élections locales, le plein de ses voix et restera toujours minoritaire. Il détient provisoirement 50 communes. Mais ce capital est logiquement destiné à s’effriter dans le temps.

Un parti politique représente toujours une partie de la population d’un tout. Ce tout est la société globale composée d'un peuple hétérogène et diversifié. Un parti politique est donc naturellement minoritaire et ne devient majoritaire que s'il tient un discours d'inclusion et d'intégration et agit dans ce sens. Il devient électoralement majoritaire au moyen d'un programme d'inclusion et d'intégration permettant de rassembler sur son nom le vote d'un électorat hétérogène et diversifié.

Le PDCI-RDA sous Félix Houphouët-Boigny rassemblait, en son sein dans le Parti-unique, toutes les catégories sociales et toutes les collectivités culturelles du territoire ivoirien. Son discours politique était inclusif et son action politique était intégratrice. Son projet sociétal était d'unir tous les Ivoiriens, d’intégrer la diversité sociale  et de construire la nation.

Le PDCI sous Henri Konan Bédié tient, au contraire, depuis les années 1990 le discours de l’exclusion, de la séparation et de la désintégration, et joint l’acte à la parole. Or le temps du PDCI-RDA parti-unique, propriétaire exclusif  de l'électorat ivoirien est révolu. Ce décalage du discours du PDCI bédiéiste par rapport au  discours du PDCI-RDA Houphouëtiste confine nécessairement le PDCI dans la minorité électorale en démocratie pluripartisane.

Le régime de démocratie pluraliste, sous lequel nous vivons en Côte d'Ivoire, partage l’électorat ivoirien entre plusieurs partis concurrents. Il en résulte que les coalitions cohérentes et les partis, qui additionnent et multiplient conformément à leur programme politique d'inclusion et d'intégration, seront toujours majoritaires. Les coalitions incohérentes et les partis qui soustraient et divisent, conformément à leur programme d'exclusion et de désintégration, resteront toujours minoritaires.

Contrairement à la représentation suggérée par le titre de première de son journal partisan le Nouveau Réveil, le PDCI est un vrai poids plume, et le parti faible de la politique ivoirienne. Il est appelé à perdre du poids jusqu'à l'anorexie en raison de sa propension à soustraire, à diviser et à se bercer d'illusions en tentant d'utiliser la force malgré sa faiblesse politique.

 

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